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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Hédouville qui puisse nous convenir. Qu’en pensez-vous ? »
    Lui préférer Hédouville ! L’ancien chef d’état-major de Hoche ! Le pâle gouverneur de Saint-Domingue ! Imaginer que ce personnage tout juste bon à faire un jour – sous l’Empire – un chambellan et un diplomate, puisse sauver la France ! Barras poursuit, sans remarquer le regard glacial de Napoléon posé sur lui :
    — Quant à vous, général, notre intention est de vous rendre à l’armée ; et moi, malade, dépopularisé, usé, je ne suis bon qu’à rentrer dans la classe privée.
    Le même soir, Bonaparte racontera la scène à Réal, à Fouché, à Talleyrand et à Roederer :
    — Eh bien, savez-vous ce que veut votre Barras ? Il avoue bien qu’il est impossible de marcher dans le chaos actuel : il veut bien un président de la République, mais c’est lui qui veut l’être. Quelle ridicule prétention ! Et il masque son désir hypocrite en proposant d’investir de la magistrature suprême, devinez qui ? Hédouville, une vraie mâchoire ! Cette seule indication ne vous prouve-t-elle pas que c’est sur lui-même qu’il veut appeler l’attention ! Quelle folie ! Il n’y a rien à faire avec un tel homme.
    — Ah ! la bête ! la bête ! s’exclame Réal.
    — Je ne désespère pourtant pas, affirme alors Fouché, de faire sentir à Barras qu’il y aurait moyen de s’entendre pour sauver la chose publique. Nous irons, Réal et moi, lui reprocher sa dissimulation et son peu de confiance ; nous l’amènerons vraisemblablement à des dispositions plus raisonnables en lui démontrant qu’ici la ruse est hors de saison et qu’il ne peut rien faire de mieux que d’associer ses destinées à celles d’un grand homme. Nous nous faisons fort de l’amener à notre suite.
    — Eh bien, faites, consent Bonaparte avec d’autant moins d’enthousiasme que son parti est pris.
    Fouché et Réal courent chez Barras qui commence à le prendre de haut :
    — Il est tout simple que je cherche des garanties ! Bonaparte élude sans cesse !
    Les deux émissaires lui expliquent que le futur consul n’élude nullement. L’affaire se trouve déjà fort engagée : « Nous l’effrayâmes en lui faisant le tableau véridique de l’état des choses, et de l’ascendant qu’exerçait déjà le général sur tout le gouvernement. »
    Voici Barras convaincu de son erreur.
    — J’irai dès demain, de bonne heure, me mettre à sa disposition, affirme-t-il.
    En effet, le lendemain matin, fidèle à sa promesse, Barras « avec son grand chapeau de travers suivant son ordinaire et sa canne », précise Napoléon, arrive dès huit heures du matin rue de la Victoire. Le général est encore couché, lui déclare-t-on. Le Directeur insiste : il a « quelque chose d’important à annoncer ».
    « Je le fis entrer, racontera Bonaparte, il me dit qu’il venait me parler de la conversation de la veille, qu’il y avait bien réfléchi, qu’Hédouville n’était pas susceptible d’être élu président et qu’il n’y avait que moi à qui cela convînt. Je dissimulai à mon tour, l’assurai que j’obéirais à celui que la Nation choisirait, que, quant à moi, j’étais comme il le voyait, au lit, souffrant de la différence d’un climat sec à un climat humide et, comme il le disait hier, mon rôle était tout tracé : je me bornerais à me mettre à la tête de l’armée d’Italie. Il chercha encore à me mettre à son bord, disant :
    — Voyez-vous, je serai ce que vous déciderez, blanc si vous voulez, noir si vous le désirez. »
    Mais la volte-face du vicomte n’impressionne point Bonaparte. Elle l’irrite. Il n’a plus besoin de lui, puisqu’il a donné son accord à Sieyès. En effet, la veille, en sortant de chez Barras, le général n’a pas immédiatement quitté le Luxembourg. Il est passé chez l’ex-abbé pour lui dire qu’il pouvait définitivement compter sur lui. Pourquoi s’encombrer d’un troisième larron à la réputation détestable ? Et d’un larron qui, l’opération terminée, serait plus gourmand que le pâle Ducos ?
    Maintenant la trame se tisse, l’intrigue se noue... et le public commence à se douter de quelque chose. « Personne n’ose rien entreprendre, déclare une note de police, on dit qu’il se prépare un nouveau coup. » Cependant, Bonaparte aurait bien voulu attirer dans le complot le beau-frère de Joseph : Bernadotte, qui, rappelons-le, avait épousé Désirée Clary, la laissée pour compte

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