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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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récriés contre ce projet.
    Le futur maréchal d’Empire n’en maintient pas moins son plan et accepte le 16 brumaire, l’invitation à déjeuner du général Bonaparte.
    — Eh bien, général, lui demande Napoléon, que pensez-vous de la situation de la République ?
    — Je pense, général, répond Jourdan, que si on n’éloigne pas les hommes qui gouvernent si mal et si on ne constitue pas un meilleur ordre des choses, il faut désespérer du salut de la patrie.
    — Je suis bien aise de vous voir dans ces sentiments. Je craignais que vous ne fussiez du nombre de ceux qui sont entichés de notre mauvaise constitution.
    Jourdan se récrie :
    — Non, général, je suis convaincu que des modifications dans nos institutions sont nécessaires, mais il faut qu’elles ne portent aucune atteinte aux principes essentiels du gouvernement représentatif et aux grands principes de liberté et d’égalité.
    — Sans doute, reprend Bonaparte, faut-il que tout soit fait dans l’intérêt du peuple, mais il faut un gouvernement plus fort.
    Jourdan croit le moment venu de s’offrir :
    — J’en conviens, général, et mes amis et moi, nous sommes prêts à nous réunir à vous, si vous voulez nous faire part de vos desseins.
    Stupéfait – car il ne s’y attendait nullement – Jourdan entend Bonaparte lui répondre :
    — Je ne puis rien faire avec vous et vos amis, vous n’avez pas la majorité. Vous avez effrayé le Conseil par la proposition de déclarer la patrie en danger et vous votez avec des hommes qui déshonorent vos rangs... Je suis convaincu de vos bonnes intentions et de celles de vos amis, mais, dans cette occasion, je ne puis marcher avec vous. Au reste, soyez sans inquiétude, tout sera fait dans l’intérêt de la République.
    La scène a eu lieu l’avant-veille du coup d’État. Cependant, comme le dira Lavalette, « malgré les précautions que l’on avait prises pour garder le secret, il s’était cependant répandu dans toutes les classes élevées et parmi presque tous les militaires qui résidaient à Paris ». Les trois membres du Directoire qui ne se trouvaient point du côté du manche en furent plus ou moins instruits. Se rencontrèrent-ils le lendemain ? Se confièrent-ils leurs inquiétudes ? Mais que pouvaient-ils faire ? Donner l’ordre d’arrêter le futur dictateur ? Où l’aurait-on mis ? Aurait-on même trouvé des geôliers pour le garder ? Des juges pour le mettre en accusation et l’interroger ? Ils demeurèrent inertes. D’autant plus qu’en cette journée pluvieuse du 17 brumaire, ils ne pensaient nullement que le complot devait éclater dès le lendemain—
    Eugène et Lavalette ont formé le projet d’aller ce soir-là passer la nuit au bal. Joséphine – vraie « rouerie de femme galante », selon l’expression de Bainville – a simplement demandé à son fils d’aller porter ce billet à Gohier : « Venez, mon cher Gohier, et votre femme, déjeuner avec moi à huit heures du matin. N’y manquez pas, j’ai à causer avec vous sur des choses très intéressantes. Adieu mon cher Gohier, comptez toujours sur ma sincère amitié. Lapagerie-Bonaparte. »
    — En fait de conspiration, tout est permis, avait dit Bonaparte.
    Son but était simple : avoir Gohier sous la main.
    Sa mission remplie, Eugène est parti rejoindre Lavalette. Ils ne savent qu’une chose : le général les a convoqués, eux aussi pour le lendemain à huit heures du matin, avec les quarante adjudants de la Garde nationale et tous les officiers disponibles. Tandis que les deux aides de camp du général dansent avec entrain, Sieyès, tout courbatu par les leçons d’équitation prises en vue du grand jour, ainsi que les principaux conjurés – parmi lesquels se trouvent les deux présidents des Anciens et des Cinq-Cents – établissent les décrets, préparent les convocations qui seront portées aux députés en pleine nuit. De son côté Regnault de Saint-Jean-d’Angély écrit les textes des affiches et « adresses aux Parisiens » que le fils de Roederer fera composer.
    Et Barras ?
    Ce soir-là, il sent venir le danger et il demande à son ancien protégé de passer le voir avant de se mettre au lit :
    — Je le lui ai promis, dira Bonaparte à Bourrienne, mais je ne veux pas y aller ; demain l’affaire sera faite. C’est peu de temps à gagner. Il m’attend à onze heures du soir : tout sera prêt pour me recevoir. Vous prendrez ma voiture, vous me nommerez et vous entrerez

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