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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Allons, prêtez serment, nous sommes pressés.
    La formalité remplie, Bonaparte ajoute :
    — Le dernier ministre du Directoire va être informé de votre nomination. Rendez-vous dans deux heures au ministère pour en prendre possession, et donnez-nous, le plus tôt que vous le pourrez, un rapport sur notre situation, en même temps que sur les premières mesures à prendre pour rétablir le service qui manque partout. Venez me voir ce soir à ma maison de la rue de la Victoire, nous causerons plus amplement de nos affaires.
    Gaudin trouve dans la caisse du Trésor une somme de cent soixante-sept mille francs en numéraire provenant d’une avance de trois cent mille francs faite la veille. Or il y a quatre cent soixante-quatorze millions de dettes ! – sans parler des bons de réquisition impayés et des promesses d’inscriptions de rente non tenues ! Pour faire face aux premières dépenses, le nouveau ministre utilisera des traites d’adjudicataires des coupes de bois. Ces traites lui seront d’ailleurs protestées, car, depuis trois ans, aucune livraison n’a été faite !
    La gabegie règne partout. Bonaparte explose :
    — Quelles gens ! s’écrie-t-il devant Bourrienne. Quel gouvernement ! Quelle administration ! Concevez-vous quelque chose de plus pitoyable que leur système de finances ?
    Lorsque Napoléon veut expédier un courrier, pas le moindre viatique à lui donner pour ses frais de route ! Le nouveau consul désire alors connaître la « force précise de l’armée ». Personne ne peut le renseigner.
    — Mais, insiste-t-il, vous devez avoir des rôles au bureau de la guerre ?
    — À quoi nous serviraient-ils, il y a eu tant de mutations dont on n’a pu tenir compte.
    — Mais du moins vous devez avoir l’état de la solde qui nous mènera à notre but ?
    — Nous ne la payons pas !
    — Mais les états des vivres ?
    — Nous ne les nourrissons pas !
    — Mais ceux de l’habillement ?
    — Nous ne les habillons pas !
    Sieyès qui, lors de ce premier conseil, a vu Bonaparte parler avec science des finances, de l’administration, de l’armée, de la politique et des lois, sort absolument abasourdi en répétant :
    — Messieurs, vous avez un maître ! Cet homme sait tout, veut tout et peut tout !
    Le 15 novembre, premier pas vers le trône, Bonaparte s’installe dans ses appartements du Petit-Luxembourg, aujourd’hui résidence de la présidence du Sénat. Il a choisi les pièces occupées autrefois par Moulins, au rez-de-chaussée, à droite, en entrant par la rue de Vaugirard. Et Joséphine, devenue la femme de l’un des trois rois de la République, a désormais ses propres appartements : ceux de Gohier au premier étage où elle était venue si souvent voir son vieil amoureux. Un petit escalier dérobé lui permet de communiquer avec son mari. Trois ou quatre fois par semaine, le consul, pour se rendre au Conseil, descend les trois marches du perron dont l’aspect n’a pas changé, traverse la cour du Petit-Luxembourg et passe dans le palais de Marie de Médicis, ancienne demeure de Barras.
    Il s’agit tout d’abord de remplacer la formule provisoire par un gouvernement définitif. Mais la future constitution s’élabore lentement. Le public se passionne : À quelle sauce les Français seront-ils mangés ? « Il n’y a pas jusqu’aux femmes, écrira le Diplomate qui, en plaçant une boule de domino, en chiffonnant une gaze, ne demandent quelle sera notre Constitution, et ne s’inquiètent du pouvoir exécutif. » Au Luxembourg les palabres s’éternisent. Ducos se range aux avis de Napoléon. Comme Sieyès s’étonne de cet abandon, Ducos explique :
    — Comment voulez-vous que j’hésite entre le général et vous ? Vous avez peur toute la nuit, et lui est tranquille, lui seul peut gouverner.
    La réponse n’arrange pas les choses entre l’ex-prêtre et Bonaparte. Aussi Talleyrand organise-t-il une réunion destinée à arrondir les angles. La discussion tourne vite à l’aigre. L’abbé se défend « au moyen d’aphorismes tranchants et dédaigneux ».
    — Sieyès, dira Bonaparte le lendemain, croit posséder seul la vérité ; quand on lui fait une objection, il répond comme un prétendu inspiré et tout est dit.
    Bonaparte, de son côté, s’est montré « agressif, emporté, acerbe ». C’est alors que Sieyès lui demande calmement :
    — Voulez-vous donc être roi ?
    On le devine, ils se séparent fort mécontents l’un de l’autre...
    Les trois consuls

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