Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
et les trois commissions législatives se réunissent dans l’appartement de Bonaparte. Les conférences s’ouvrent à neuf heures du soir et se prolongent jusque bien avant dans la nuit. Daunou est chargé de la rédaction. Sieyès qui, à la première séance, n’avait dit mot, se rattrape le 10 décembre. Ce jour-là « avec un ton d’oracle, l’ex-abbé, nous rapporte Fouché, déroula successivement les bases de sa constitution chérie : elle créait un Tribunat composé de cent membres appelés à discuter les lois ; un Corps législatif plus nombreux appelé à les admettre ou à les rejeter par le vote sans discussion orale ; et enfin un Sénat composé de membres élus à vie, avec la mission plus importante de veiller à la conservation des lois et des constitutions de l’État ».
    Bonaparte ne fait pas d’objection, aussi adopte-t-on cette première partie de la proposition. Il en est de même pour le gouvernement qui garde ainsi l’initiative des lois. On crée, par ailleurs, un Conseil d’État, chargé de mûrir, de rédiger les projets et les règlements de l’administration publique. Demeure le principal : « On savait que le gouvernement de Sieyès devait se terminer en pointe, en une espèce de sommité monarchique plantée sur des bases républicaines, idée dont il était entiché depuis longtemps ; on attendait avec une curiosité attentive et même impatiente qu’il découvrît enfin le chapiteau de son édifice constitutionnel. »
    Sieyès voulant se débarrasser du « sabre », propose alors à Bonaparte de le transformer en « chapiteau », c’est-à-dire de lui donner les fonctions de « Grand Électeur » chargé de désigner les deux consuls, avec un traitement de six millions, une garde de trois mille hommes et la résidence de Versailles.
    À Versailles ?
    — Je veux rester à Paris, s’exclame violemment Bonaparte. Cela ne sera pas ! Il y aura plutôt du sang jusqu’aux genoux !
    Puis, il ne peut y tenir : « se levant et poussant un éclat de rire, il prend le cahier des mains de Sieyès et sabre d’un trait de plume ce qu’il appelle tout haut des niaiseries métaphysiques » :
    — Est-ce que je vous entends bien ? On me propose une place où je nommerai tous ceux qui auront quelque chose à faire et où je ne pourrai me mêler de rien... Cela est impossible ! Je ne ferai pas un rôle ridicule. Plutôt rien que d’être ridicule !
    Il se tourne ensuite vers l’abbé piteux et humilié :
    — Comment avez-vous pu croire, citoyen Sieyès, qu’un homme d’honneur, un homme de talent et de quelque capacité dans les affaires, voulût jamais consentir à n’être qu’un cochon à l’engrais de quelques millions dans le château royal de Versailles ?
    « Le cochon à l’engrais » fait fuser les rires et le Grand Électorat est coulé à fond.
    Le 12 décembre, nouvelle séance – capitale celle-ci. On revient à la formule des trois consuls, mais on ne rit plus comme l’avant-veille, nous raconte Fouché, « quand on voulut faire décider qu’il y aurait un premier consul investi du pouvoir suprême, ayant le droit de nomination et de révocation à tous les emplois, et que les deux autres consuls auraient voix consultative seulement ». On ne rit plus parce que Bonaparte prend fort mal l’opinion de certains membres qui osent affirmer :
    — Si le général Bonaparte s’empare de la dignité de magistrat suprême sans élection préalable, il dénotera l’ambition d’un usurpateur, et justifiera l’opinion de ceux qui prétendent qu’il n’a fait la journée du 18 Brumaire qu’à son profit.
    Bonaparte hausse les épaules. Il préfère écouter Talleyrand, redevenu ministre des Relations extérieures, et qui lui dit :
    — Pour que la France soit bien gouvernée, pour qu’il y ait unité d’action, il faut que vous soyez le premier Consul et que le premier Consul ait dans sa main tout ce qui tient directement à la politique, c’est-à-dire les ministères de l’Intérieur et de la Police pour les affaires du dedans, mon ministère pour les affaires du dehors, et ensuite les deux grands moyens d’exécution, la Guerre et la Marine. Il serait donc de toute convenance que les ministres de ces cinq départements travaillassent avec vous seul... Les deux autres Consuls pourraient s’occuper de la Justice et des Finances. Cela les occupera, cela les amusera, et vous, général, ayant à votre disposition toutes les parties vitales du Gouvernement,

Weitere Kostenlose Bücher