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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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parviennent à le convaincre, Bonaparte acceptera-t-il l’épée de connétable que veut lui offrir le « roi » Louis XVIII ?
    Au début de la conversation, d’Andigné parle d’ailleurs à plusieurs reprises de celui qu’il considère comme le roi de France. Avec ironie, Bonaparte demande :
    — Vous me parlez toujours du Roi, vous êtes donc royaliste ?
    — Depuis dix ans, je combats pour la restauration de la monarchie française. Comment, d’après cela, pourriez-vous soupçonner que je ne suis pas royaliste !
    — Mais moi je ne suis pas royaliste.
    — Je voudrais que vous le fussiez.
    Bonaparte répond par un sourire, puis, pensant aux frères de Louis XVI, déclare :
    — Ils n’ont rien fait pour la gloire !
    Il est certain que, tandis que Vendéens, Angevins, Bretons et, hors de France, Condéens et émigrés ne ménageaient point leur sang, les comtes de Provence et d’Artois se gardaient bien de risquer leur précieuse existence. Au lieu de servir ces princes ingrats, pourquoi Hyde, d’Andigné et leurs amis n’accepteraient-ils point de se rallier à la nouvelle France :
    — Que voulez-vous être ? Voulez-vous être général, préfet ? Vous et les vôtres, vous serez ce que vous voudrez.
    Les deux royalistes demeurent de glace. Bonaparte insiste :
    — Les Bourbons n’ont plus de chance, vous avez fait pour eux tout ce que vous deviez faire. Vous êtes braves, rangez-vous du côté de la gloire, servez sous mes drapeaux !
    Hyde et d’Andigné préfèrent le drapeau blanc.
    — Rougiriez-vous de porter un habit que porte Bonaparte ?
    On en vient à parler du principal : la paix dans l’Ouest qui, selon le consul, « peut se faire en cinq minutes ». Les deux Chouans ne sont pas de cet avis.
    — Mais enfin, interroge Bonaparte, que vous faut-il pour faire cesser la guerre civile ?
    — Deux choses, répond Hyde, Louis XVIII pour régner légitimement sur la France, et Bonaparte pour la couvrir de sa gloire.
    Au milieu de la discussion, un huissier annonce :
    — Le second consul de la République, Cambacérès.
    — Qu’il attende, ordonne d’abord Bonaparte.
    Puis, se ravisant :
    — Non, qu’il passe !
    Et Cambacérès traverse la pièce en baissant les yeux et presque en courant...
    Bonaparte continue à faire les cents pas devant les deux royalistes demeurés debout et qui lui tiennent tête. Le ton de la conversation monte de plus en plus :
    — Si vous ne faites pas la paix, je marcherai sur vous avec cent mille hommes.
    — Nous tâcherons de vous prouver que nous sommes dignes de vous combattre, répondit d’Andigné.
    — J’incendierai vos villes.
    — Nous vivrons dans les chaumières.
    — Je brûlerai vos chaumières.
    — Nous nous retirerons dans les bois. Du reste, vous brûlerez la cabane du cultivateur paisible, vous ruinerez les propriétaires qui ne prennent aucune part à la guerre, mais vous ne nous trouverez que lorsque nous le voudrons bien, et avec le temps nous détruirons vos colonnes en détail.
    — Vous me menacez ! s’exclame Bonaparte.
    — Je ne suis pas venu pour vous menacer, mais tout au contraire pour vous parler de paix. En causant, nous nous sommes écartés de notre sujet. Quand vous le voudrez, nous y reviendrons.
    On y revient, mais sans avancer d’un pas. La double entrevue se solde par un échec total : d’Andigné n’a plus qu’à reprendre le chemin de l’Ouest, tandis que Hyde et ses amis parisiens estiment que le mieux est de mettre au point un projet de meurtre contre le Premier consul.
    Dès le 11 janvier, Bonaparte, pensant à ses interlocuteurs qu’il n’a pu séduire, écrit : « La sûreté de l’État et la sécurité du citoyen veulent que de pareils hommes périssent par le feu et tombent sous le glaive de la force nationale. »
    Au même moment, les royalistes entament dans les rues de Paris une campagne de propagande contre le « Corse usurpateur ». Le 10 janvier, ils sèment des libelles dans la rue du faubourg Saint-Antoine et dans le quartier du théâtre des Italiens. Ils appliquent, ce même jour, des placards séditieux jusque sur « l’arbre de la Liberté » planté près de la rue des Lombards – cet arbre que le peuple appelle « l’arbre de la misère ». « Dans le quartier des Halles, précise un rapport de Police : plus de deux mille brochures ont été jetées dans les baquets des marchands de poisson. » Les muscadins – perruques blondes et collets noirs – sont partout ! Ils conspirent en

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