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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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d’inconvénient, d’ici dix à douze jours, à ce que tu viennes à ma rencontre... » Bien sûr, l’indolente créole ne pensera pas à quitter Paris !
    Ce même 18 mai, un courrier apporte enfin une bonne nouvelle : à la tête de l’avant-garde, Lannes, qui a dépassé l’hospice a occupé la ville d’Aoste, défendue par une poignée de Croates autrichiens. Napoléon annoncera ainsi cette manière de victoire à Talleyrand : « Depuis Charlemagne, le Saint-Bernard n’avait vu une armée aussi nombreuse ; il a voulu surtout s’opposer au passage de nos grosses pièces de campagne, mais enfin la moitié de notre artillerie est à Aoste. »
    Mais le « pas de course » de l’avant-garde est brusquement interrompu par la résistance du fort de Bard qui, tenu seulement par deux cents Autrichiens domine la vallée escarpée de la Doire, à la hauteur du mont Albaredo {23} . La citadelle qui tient sous son feu le passage vers Ivrée et la plaine paraît imprenable... « Tentez l’impossible, mais passez », commande Bonaparte à Berthier. Et, sur la carte de sa chambre, les dés s’amoncellent devant le trait bleu représentant le barrage de Bard.
    Aujourd’hui, la route, taillée dans le roc, passe à droite de l’énorme rocher en haut duquel se trouve construit le fort. L’ancienne route – elle existe toujours à l’état de chemin – traverse le village, bordée par deux rangées de maisons grises tapies, écrasées plutôt dans une faille entre la base du rocher et celle de la montagne ; elle rejoint le tracé actuel de la route au village suivant, à Donnaz, trois kilomètres plus loin. C’est par ce chemin, et sur un lit de paille afin de ne pas faire de bruit et ne pas alerter l’ennemi, que, de nuit, se faufilera une faible partie de l’artillerie. Au moindre bruit, les Autrichiens – des recrues croates – font en effet pleuvoir des projectiles du haut du fort sur le village. Et, s’apercevant du manège des Français, ils lanceront la nuit des jets de feu pour éclairer le défilé. L’infanterie escaladera alors l’Albaredo, par un terrible sentier montant à pic – parfois par des escaliers taillés dans le roc – jusqu’au sommet de la montagne surplombant le fort. Mais la majeure partie de l’artillerie et de la cavalerie demeurera bloquée devant l’écrasant obstacle.
    Le 18 mai, alors que Bonaparte se met à table pour avaler son rapide repas, on amène au Consul une de ses vieilles connaissances : l’espion François Toli qui vient d’être arrêté dans le val de Bagnes.
    — François Toli, lui déclare Bonaparte, tu m’as servi sous Mantoue et à Rivoli. Tu étais alors à la solde de Wurmser et à la mienne. Qu’es-tu venu chercher en Suisse ?
    — Général, Moreau n’a pas su m’employer et Masséna est enfermé. Je me suis vendu à Wukassowich. Il faut bien vivre.
    — Quel prix te paie le général autrichien ?
    Toli se tait.
    — Parle et je te récompense. Mais si tu restes muet, les Français te fusilleront dans dix minutes.
    Et comme l’homme refuse, le Consul lance :
    — Lauriston, voici un espion. Faites-le passer par les armes !
    — Général Bonaparte, s’écrie alors Toli, j’ai sept enfants, je parlerai : je dois donner du pain à mes petits. Wukassowich m’a engagé il y a trois semaines à Milan et payé cent florins d’avance pour le renseigner sur la force des bataillons républicains massés en Suisse.
    L’homme ayant raconté à Bonaparte comment il est parvenu, déguisé en prêtre, à traverser la montagne en soixante heures, le Consul le félicite :
    — Veux-tu mille francs par mois pour me servir ? me servir aussi fidèlement que tu l’as fait en 1796 ? Oui, tu acceptes. Alors, je vais t’apprendre des nouvelles. Haddick, qui défendait la vallée d’Aoste, est en déroute. L’avant-garde de l’armée républicaine occupe Etroubles, Aoste et Chatillon. Bard s’est peut-être rendu entre nos mains. Mêlas ne pourra m’opposer en Italie que soixante-sept mille hommes. Allons, ajoute-t-il en lui tirant l’oreille, nous serons bons amis.
    Cependant, l’inaction et l’impatience rongent Napoléon. Il ralentit le passage de la cavalerie, « afin de ne pas trop vous encombrer de l’autre côté, écrit-il à Berthier, jusqu’à ce que je sache la prise de ce vilain castel de Bard. » En même temps il fait partir, du sombre couvent des Bernardins, une série d’ordres. « Les boeufs défilent à force, annonce-t-il à

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