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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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griefs de la France contre la Papauté reviennent sur le tapis : Pie VI – Jean-Ange Braschi – avait lancé des brefs contre la Révolution, avait accordé sa protection aux prêtres réfractaires et, en 1793, avait laissé assassiner Basseville, envoyé de la République !
    Déjà deux mois auparavant, Garnot avait écrit à Bonaparte pour lui recommander « de briser le trône de la bêtise » et « de planter sur sa capitale l’étendard de la liberté ». On incitera d’abord les sujets des Légations – Bologne, Ferrare et la Romagne – à secouer le joug papal. Puis, – le 22 janvier, Une semaine après Rivoli – le général en chef ordonne au ministre de la République à Rome de quitter la Ville Éternelle puisque le Saint-Siège l’a « abreuvé d’humiliations... et a mis tout en usage pour l’en faire sortir ».
    Le même jour, il écrit au secrétaire d’État, le cardinal Mattei : « Les étrangers qui influent la cour de Rome, ont voulu et veulent encore perdre ce beau pays ; les paroles de paix que je vous charge de porter au Saint-Père ont été étouffées par ces hommes pour qui la gloire de Rome n’est rien, mais qui sont entièrement vendus aux cours qui les emploient. Nous touchons au dénouement de cette ridicule comédie. Vous êtes témoin du prix que j’attachais à la paix et du désir que j’avais de vous épargner les horreurs de la guerre... » Il ajoute cependant à sa lettre ces lignes apaisantes : « Quelque chose qui puisse arriver, je vous prie d’assurer Sa Sainteté qu’elle peut rester à Rome sans aucune espèce d’inquiétude. Premier Ministre de la religion, il trouvera à ce titre, protection pour lui et son Église... »
    Il n’est donc pas question de marcher sur la Ville Éternelle, mais plus modestement contre les légations !
    Le mercredi premier février, de Bologne où Joséphine est venue le retrouver, il déclare la guerre au Pape et, dès le lendemain, se dirige vers Faenza, possession romaine qui va tomber comme un fruit mûr. Une seule division commandée par Junot – après une canonnade presque symbolique – fait mettre bas les armes « avec docilité » aux soldats de Pie VI. Bonaparte peut marcher vers Ancône qui se rendra, ainsi qu’il l’annoncera à Joséphine, après une « petite fusillade et un coup de main ».
    Ébloui lui-même par ses prouesses, il peut écrire le 10 février, au Directoire : « Nous avons conquis en peu de temps la Romagne, le duché d’Urbino et la marche d’Ancône... la ville d’Ancône est le seul port qui existe depuis Venise, sur l’Adriatique ; il est, sous tous les points de vue, très essentiel pour notre correspondance de Constantinople : en vingt-quatre heures on va d’ici en Macédoine ! ».
    Ayant des vues encore plus larges, il précisera la semaine suivante : « Il faut que nous conservions le port d’Ancône à la paix générale, et qu’il reste toujours français ; cela nous donnera une grande influence sur la Porte Ottomane et nous rendra maîtres de la mer Adriatique... »
    Son rêve de grandeur commence à se tisser.
    Il se porte le 16 février à Tolentino à la rencontre des trois cardinaux désignés par le Pape « pour signer un traité » qui, affirme Bonaparte, donnera au Saint-Père « de longs repentirs sur sa levée de boucliers ». Dans le sévère palais Parisani – aujourd’hui Bezzi – on montre toujours la sala et la camera dì Napoleone où Bonaparte se mit au travail « avec cette prêtraille », se forgeant, selon son expression, un masque terrible et « un parler de croquemitaine ». Les conditions qu’il veut imposer au Pape sont si dures que le cardinal Mattei se jette à genoux. Bonaparte cède sur des points qu’il a exigés uniquement pour terrifier les plénipotentiaires. Finalement il obtient le principal : Bologne, Ferrare, la Romagne, Ancône, la fermeture des ports romains aux Anglais... sans parler d’innombrables objets et d’un joli monceau d’or qui va réjouir les Directeurs. Il en parlera le lendemain dans sa lettre adressée au Luxembourg, en expliquant pourquoi il avait préféré ne pas marcher sur la Ville Éternelle : « Trente millions valent pour nous dix fois Rome, dont nous n’aurions pas tiré cinq millions... Cette vieille machine se détraquera toute seule. »
    La papauté se « détraquera » en effet. L’année suivante, après le meurtre du général Duphot à Rome, le pape, devenu le prisonnier de la jeune république

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