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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Mais le proconsul savait également que les Vénètes représentaient une
force économique incontestable. Ce commerce des Vénètes, leur richesse, attestée
par les nombreuses monnaies en or découvertes, leurs rapports permanents avec d’autres
peuples dont ils étaient en quelque sorte les guides et les maîtres à penser, tout
cela a dû peser lourd dans l’esprit du Romain, aussi fin politique qu’il était
bon stratège. Les Vénètes, d’après ce qu’il dit lui-même, étaient les maîtres
absolus de la navigation et du commerce maritime, non seulement sur l’Atlantique,
mais également sur la Manche, et ils avaient en quelque sorte l’exclusivité des
relations avec l’île de Bretagne : Cela représentait donc une force
considérable. Et parmi les raisons de l’hostilité des Vénètes contre les
Romains, Strabon (IV, 4) signale la volonté farouche de ceux-ci « d’empêcher
César de passer en Bretagne ». Ils auraient sans doute pu le faire. Mais c’est
le signe évident que les Vénètes avaient partie liée avec les peuples de l’île
de Bretagne, et qu’ils occupaient dans la société gauloise et bretonne de l’époque
une place privilégiée, comparable à celle des Héduens de Bourgogne et des
Arvernes du Massif Central sur le plan continental.
    Qui étaient donc ces redoutables Vénètes ?
    Une première réponse s’impose : des marins.
    Certes, leur implantation sur le littoral du sud de la
péninsule armoricaine facilitait cette activité maritime. Mais on aurait pu en
dire autant des autres peuples du nord de la péninsule ou de ceux des rivages
de Normandie. Ce qui est surprenant, c’est de voir les Vénètes, tournés vers le
sud, donc face à la péninsule ibérique, se retrouver les maîtres du commerce
maritime sur la Manche, c’est-à-dire à l’opposé de leurs bases, et très loin de
leurs ports.
    L’explication est simple : les Vénètes n’étaient pas
des Celtes, mais un peuple autochtone, ou venu d’ailleurs, qui avait été
celtisé, qui parlait le même langage que les autres Celtes, qui avait la même
religion et la même culture, mais qui n’avait pas la même origine. D’ailleurs, de
nos jours encore, la plupart des habitants du pays vannetais, qui, en principe,
sont les lointains descendants des Vénètes, n’offrent pas les mêmes
caractéristiques physiques que les autres Bretons : ce sont des individus
en majorité de type atlanto-méditerranéen alors que les autres sont en majorité
de type alpin. Et, de plus, les Vannetais parlent un dialecte breton
sensiblement différent de celui qui est parlé par les autres bretonnants.
    Les Vénètes sont des marins, ce que ne sont pas les Celtes d’une
façon générale, contrairement à l’opinion courante. C’est évident quand on
regarde attentivement l’histoire et la mythologie des Celtes. Ils sont venus en
extrême Occident par voie de terre. Ils sont des pasteurs et des agriculteurs, des
artisans confirmés dans le domaine métallurgique. Ils sont des habitués des
forêts au milieu desquelles ils établissent leurs temples en plein air. Et s’ils
sont devenus des marins, surtout depuis le Moyen Âge, c’est qu’ils ne pouvaient
pas faire autrement, rejetés qu’ils étaient sur les promontoires les plus
occidentaux de l’Europe. En langue bretonne, la mer (ar mor) est du
genre masculin, ce qui est significatif d’un état d’esprit : en fait, on
se bat contre la mer comme on se bat contre un ennemi. Tout le reste est
invention romantique ou rêverie de citadins en vacances sur des plages que ne
fréquentent même pas les Celtes de pure souche.
    Tout cela est confirmé par la mythologie celtique. Il n’y a
pas de dieu de la mer comme chez les Grecs ou les Latins. S’il y a un certain
Nechtan, dans le nom duquel on peut retrouver celui de Neptunus, chez les Gaëls
d’Irlande, c’est parce que c’est une divinité protectrice des eaux douces, et
non pas de la mer. D’ailleurs, les Irlandais contemporains ne mangent guère de
poissons de mer, en dehors de l’éternelle plie qu’ils vont pêcher à peu de
distance de la côte. Ils préfèrent de beaucoup le saumon ou la truite qui sont
des poissons d’eau douce. Et il fut un temps en Bretagne où le poisson qu’on
allait pêcher en mer était tout juste bon à vendre aux Parisiens. Il y a
incontestablement un mépris de la mer chez les Celtes authentiques, un mépris
teinté d’ailleurs de beaucoup de crainte. L’océan

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