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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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pleinement dans mes paumes
ouvertes. Et il m’arrivait de me blottir contre un tronc de granit pour essayer
de m’imprégner de l’incroyable énergie que je savais bouillonner sous la
surface de la terre et prête à surgir vers le ciel comme un appel sans fin vers
l’éternité. J’ai eu de belles heures dans ces alignements, des heures de
silence. Car au lieu d’échafauder des théories, fussent-elles les plus
brillantes et les plus convaincantes, je me contentais de sentir. Alors,
je n’étais pas déçu et je n’avais pas l’impression de profaner un site
que j’aimais et qui me semblait parfaitement respectable. Le soleil rouge qui
mourait en se diluant dans les brumes du soir m’apportait la joie de connaître
une mort qui n’en était pas une, mais au contraire une métamorphose au bout de
laquelle je devais aborder d’autres rivages. Toujours Chateaubriand :
« Levez-vous, orages désirés qui devez emporter René vers les espaces d’une
autre vie ! » Les orages m’étaient familiers. Le vent du large aussi :
il m’apportait le cri des mouettes, perclus de lumière. Seul sur les landes de
Kerlescan, de Kermario ou du Ménec, je n’ai jamais été déçu : j’ai toujours
remporté avec moi les grands souffles d’une vie qui, certes, me torturait, mais
qui m’entraînait impunément sur les ailes des oiseaux migrateurs. Qui a donc
prétendu que l’aquilon était un vent glacial venu d’une lointaine Hyperborée ?
L’aquilon n’a rien d’agressif pour moi : il est mon ami et m’apporte le
feu profond et secret qui réveille les morts et fait éclater le soleil en mille
et mille parcelles d’or, et cela pour la joie intense des êtres et des choses.
    C’est ainsi que, peu à peu, au cours de mon existence, Carnac
et tous les monuments mégalithiques qui l’entourent, ont lentement transformé
mon regard : de l’enfant éberlué que j’étais, la première fois que j’en
avais eu la vision, je suis devenu en quelque sorte le
desservant d’un temple dont je ne connaissais pas les limites et dont j’ignorais
absolument le fonctionnement rituel. Redoutable fonction qui n’arrange pas
forcément la compréhension d’une manière d’être qu’on peut supposer avoir été
celle des constructeurs de mégalithes. Je n’ai jamais prétendu être druide, sachant
fort bien que dans notre société actuelle, la fonction même du druide est sans
objet. Je n’ai jamais prétendu être prêtre de cette religion mégalithique que
je soupçonne seulement d’avoir été une grande tentative de l’esprit humain vers
l’appréhension du divin. J’errais donc à travers les alignements de Carnac
comme un pèlerin qui cherchait des chemins de lumière.
    Je me pris à penser que la civilisation mégalithique n’existait
pas, et qu’elle n’avait jamais existé, pas plus que la civilisation celtique d’ailleurs.
Trop de distances, dans le temps comme dans l’espace, séparent les monuments
entre eux. Le menhir du Manio, avec ses serpents gravés à la base, est plus
vieux de deux mille ans que les alignements qui lui passent sur les flancs. Il
s’en passe des choses en deux mille ans ! Qui pourrait affirmer que la
civilisation de la Gaule, à l’époque de César et de Vercingétorix, était la
même que cinq siècles plus tôt, ou encore qu’elle était identique à celle de l’Irlande
préchrétienne : alors que la Gaule avait déjà subi une lente maturation
conduisant vers un système social à la romaine (ce qui explique la facilité de
sa romanisation), l’Irlande – qui n’a jamais vu sur
son sol un seul légionnaire romain – était restée à un
système pastoral archaïque – ce qui ne veut pas dire « primitif » au
sens péjoratif du terme – qui s’est d’ailleurs
maintenu pendant les premiers siècles de la christianisation, et qui explique
clairement le caractère spécifique du christianisme dit celtique. On est donc
forcé d’admettre une succession, à la fois dans le temps et dans l’espace, de
types de cultures mégalithiques définissables par la construction de ces fameux
monuments, mais probablement différents selon les lieux et les époques, entre
le quatrième millénaire et le début de l’Âge du Bronze, c’est-à-dire vers 1600
avant notre ère, pour ce qui concerne l’extrême Occident. Ce n’est pas une
évidence, c’est une certitude appuyée non pas sur les documents historiques qui
sont parfaitement inexistants, mais sur

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