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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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conséquents, mais néanmoins
parfaitement repérables. C’est notamment le cas sur le territoire de Plouhinec,
où l’on peut observer quelques débris de lignes organisées. L’urbanisation très
poussée de cette zone a fait disparaître quantité de monuments, mais le
souvenir en demeure très vivace, ne serait-ce que dans la tradition orale du
lieu : on raconte toujours, en effet, que certains soirs, les pierres de
Plouhinec « vont boire à la rivière d’Étel ». C’est évidemment le
moment d’aller chercher le trésor qu’elles recèlent à leur base, ce qui n’est
pas sans danger pour les audacieux qui perdent leur temps à compter les
richesses ainsi trouvées au lieu de les emporter rapidement [2] . Dans la mémoire
populaire ancestrale, les pierres mégalithiques sont toujours liées à des
trésors enfouis et surveillés par des puissances surnaturelles.
    Toujours est-il qu’au lieu-dit Gueldro-Hillio subsistent
quelques exemplaires de ces menhirs qui devaient autrefois recouvrir une plus
grande surface. Il est à noter que, non loin de là, on peut voir un escarpement
rocheux qui correspond à l’ancien littoral. Or cet endroit se nomme Magouero, ce qui est fort significatif : en effet, ce mot breton,
au pluriel, signifie « les murailles » (latin maceria) et dans
la toponymie de la Bretagne armoricaine, il désigne des ruines de forteresses
ou de temples remontant à des époques reculées, nécessairement avant l’arrivée
des Bretons dans la péninsule. Y a-t-il eu, sur le territoire de Plouhinec (« paroisse
de saint Ithinuc »), un grand sanctuaire analogue à ceux que nous voyons à
Carnac ? La tradition tenace des pierres de Plouhinec le laisserait penser.
    La série des alignements proprement dits est terminée. Il
faut aller beaucoup plus au nord, sur la crête des landes de Lanvaux, dans la
forêt de Floranges très exactement, pour retrouver une ligne de menhirs aussi
considérable. Encore s’agit-il seulement d’une ligne, et dont la plupart des
blocs sont actuellement couchés. Mais cet alignement semble parallèle à ce qu’on
appelle dans le pays Hent Kornevek, c’est-à-dire « chemin de Cornouaille » :
il s’agit de l’ancienne voie romaine qui venait d’Angers, franchissait la
Vilaine à Rieux, se prolongeait ensuite vers Castennec, en Bieuzy-les-Eaux, sur
le Blavet, vers la vieille cité de Carhaix et aboutissait à l’Aber-Vrach, non
loin de l’antique ville disparue de Tolente, dont la tradition populaire a
gardé d’étranges souvenirs. Or, on sait que les voies romaines n’ont été que
des aménagements (avec élargissement et pavage) des chemins gaulois qui étaient
eux-mêmes à l’emplacement des vieilles routes préhistoriques. La voie romaine
qui, venant toujours d’Angers par Rieux, bifurque vers Vannes et Quimper (Civitas
Aquilonia), passe par Sainte-Anne-d’Auray, au nord de la zone de Carnac, tandis
qu’un embranchement va de Vannes à Locmariaquer (la véritable ville principale
des Vénètes indépendants [3] ) par
le gué du Vincin. Il semble bien que les monuments
mégalithiques soient toujours à proximité immédiate des voies romaines, mais
cependant à l’écart, comme si une zone sacrée devait être respectée et pourtant
mise à portée des facilités de communication. Toute l’aire de Carnac est
accessible par les voies antiques, mais suffisamment à l’écart pour être
préservée.
    Mais il n’y a pas que des alignements à Carnac et dans cette
région qui semble avoir été réellement une sorte de territoire sacré aux temps
mégalithiques. D’autres monuments, qui ne sont pas forcément contemporains des
alignements, doivent être pris en considération pour toute étude d’ensemble du
phénomène mégalithique. Il y a aussi les menhirs isolés, ou en petits groupes, en
cromlechs [4] les
dolmens et les allées couvertes de différents types, les chambres funéraires
sous tumulus [5] . Et
la zone de Carnac, celle de la rivière d’Étel, celle de Locmariaquer, les deux
rives de la rivière d’Auray ainsi que la presqu’île de Rhuys et
certaines îles du golfe du Morbihan, sont particulièrement pourvues de
monuments de cette sorte, parmi lesquels on peut remarquer certains
pétroglyphes [6] d’un
intérêt prodigieux à la fois pour l’étude de l’art préhistorique et pour tenter
des hypothèses à propos de la religion des constructeurs de mégalithes.
    Ce qui s’impose avant tout, à Carnac,

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