Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
Rondossec, qui comporte trois galeries souterraines, mais le plus
remarquable est le dolmen de Crucuno, dans un village, à trois kilomètres du bourg.
La table principale de ce mégalithe a 5 mètres 20 sur 3 mètres 80. Cette table,
et une seconde, plus petite, reposent sur onze supports, formant ainsi une
chambre très spacieuse. Un peu plus loin, au nord du village et à la lisière d’un
bois, se trouve le dolmen de Mané Croac’h, qui est en fait une allée couverte
menant à deux chambres. Il semble que le secteur de Crucuno ait été une sorte d’enceinte
sacrée, car on remarque également, à l’est du village, un quadrilatère
comportant encore 22 menhirs, et qui pouvait constituer un temple en plein air.
Ce quadrilatère assez étrange, qui fait environ 40 mètres sur 25, est érigé
selon un ordre aisément repérable : chacun des angles désigne l’un des
points cardinaux, les diagonales correspondant aux levers solsticiels. L’endroit
s’appelle Park-er-Vinglas, ce qui peut se traduire par « Champ des Pierres
bleues ». Et beaucoup plus loin, en direction d’Erdeven,
les dolmens de Mané Bras (« Grand Tertre ») et de Mané Groh (« Tertre
de la Fée ») sont des édifices possédant chacun une chambre quadrangulaire
prolongée par quatre compartiments latéraux. Sur l’un des supports du couloir
de Mané Bras, on peut remarquer une gravure en forme d’écusson.
C’est cependant à l’est de Carnac que se trouvent les
monuments les plus représentatifs de ce qu’on peut appeler l’art dolménique :
la région de Locmariaquer et l’embouchure de la rivière d’Auray sont en effet
particulièrement riches en tertres comportant des pétroglyphes. À vrai dire, en
dehors de certaines contrées d’Irlande, comme la vallée de la Boyne, il n’y a
pas en Europe de plus fortes concentrations de gravures mégalithiques. Et si
ces gravures demeurent pour le moins mystérieuses et certainement inexplicables
en totalité, elles constituent cependant un témoignage important concernant la
civilisation des peuples constructeurs de mégalithes, à la fin du Néolithique
et au début de l’Âge des Métaux.
Sur le territoire de Crach, au parc Guren, un dolmen souvent
fouillé sans grand résultat contient une sculpture en creux pouvant représenter
une barque sur les flots de la mer. Mais, dans le bois de Lufang, dans une
allée couverte dont la table de couverture n’existe plus depuis longtemps, on a
découvert un support de 1 mètre 50 comportant une étrange gravure. Cette stèle,
transportée au musée de Carnac, a souvent reçu le nom de « Poulpe de
Lufang », et a provoqué bien des commentaires. Elle représente une sorte
de figure qu’on a du mal à considérer comme humaine et qui évoquerait davantage
l’image d’un céphalopode. Et c’est cela qui pose question : il semble en
effet qu’il y ait un rapport entre ce pétroglyphe et des images des
civilisations anciennes de la mer Égée. Y a-t-il eu, dans la zone de Carnac, une
sorte de culte, ou plutôt de « symbolisme » du poulpe, comme dans les
îles égéennes ? Au dolmen ruiné de Penhape, dans l’île aux Moines (golfe
du Morbihan), on retrouve un pétroglyphe qui évoque également le
céphalopode. Faut-il voir une commune origine de l’art mégalithique des côtes
atlantiques et de l’art égéen ? Dans quel sens ont joué les influences ?
Le « Poulpe de Lufang », toujours fascinant et énigmatique, avec ses
deux yeux qui fixent éternellement l’infini, demeure l’un des objets les plus
irritants par les problèmes qu’il pose sur cet art dolménique de la région de Carnac
et sur les motivations métaphysiques et religieuses de ces peuples qui venaient
incontestablement de la mer.
Car nous sommes ici chez des peuples de la mer. On sait
maintenant de façon certaine que Locmariaquer occupe une place fondamentale
dans le système mégalithique mis en place au cours de la Préhistoire. Si le
territoire de Carnac est, semble-t-il, consacré aux alignements de menhirs, le
territoire de Locmariaquer qui autrefois comprenait non seulement la presqu’île
actuelle devenue commune mais les environs immédiats et même les rivages de l’autre
côté de la rivière d’Auray – est, de toute évidence, voué aux tertres
tumulaires, qu’ils soient simplement funéraires, ou qu’ils soient également des
sanctuaires. L’abondance des pétroglyphes prouve en tout cas le caractère
éminemment
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