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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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voisines des bords de mer
servent de repères pour la navigation, on peut très bien admettre que la « Colonne
du Nord », tout en étant un pilier sacré face à l’océan délimitant le
monde, servait de balise pour un peuple qui était avant tout composé de marins.
    On a pu dire également que la Men-er-Hroëck pouvait être le
menhir indicateur du tumulus qui contient la célèbre « Table des Marchands »,
et qui se trouve immédiatement à côté. Il est peut-être le plus célèbre de tous
les dolmens, car il a été longtemps hors sol, parfaitement visible, et visité
par de nombreux curieux en des époques où l’on ne s’intéressait
même pas à la civilisation mégalithique. Il s’est d’abord appelé « Table
de César », car tout ce qui était antique était plus ou moins considéré
comme romain, et parce que César a laissé, qu’on le veuille ou non, un souvenir
impérissable dans la mémoire populaire, parfois même en réapparaissant sous l’aspect
de « saint » Césaire. On lui a donné aussi le nom de Dol-er-marh’ent, ce qui veut dire très exactement « Table de l’Allée du Cheval », mais
qui a été faussement traduit dans une francisation douteuse par « Table
des Marchands », expression retraduite depuis en breton par Taol-er-Var-channed ou Taol-ar-Marc’hadourien. La toponymie suit parfois de capricieux
méandres.
    La Table des Marchands fait partie d’un tumulus circulaire
de 36 mètres de diamètre. C’est un monument classé comme « dolmen à couloir »,
qui remonte aux environs de 3 000 ans avant notre ère, en tout cas plus
récent que le Mané-Lud. Comme dans tous les dolmens, l’entrée est très basse, mais
le plafond remonte au fur et à mesure qu’on avance vers le fond. Ce couloir
débouche dans une chambre où il est facile de se tenir debout, face à un
support en forme d’ogive qui contient d’intéressantes gravures en relief, et
qui sépare cette chambre d’une sorte de recoin. Par derrière, l’autre face du
support ogival porte des traces de gravures, dont certaines ne sont que des
prolongements de celles de la face antérieure. Le plafond de la chambre
comporte des gravures représentant des haches emmanchées. Mais c’est le support
ogival qui retient le plus l’attention [8] .
    La forme générale du support est en effet celle de l’idole dite
« en écusson » , ou encore, par certains archéologues
irrévérencieux, « à forme de marmite », à cause des anses qui
s’y remarquent. Le cadre est délimité par une sorte de bandelette d’où irradient
des demi-cercles qui peuvent être considérés comme des chevelures, ou, si l’on
veut parler un langage soi-disant « ésotérique », comme l’indication
de l’ aura qui émane de la divinité représentée. En tout cas, il s’agit
bel et bien d’une forme symbolique qui évoque une divinité : des exemples
innombrables, à l’époque mégalithique, corroborent cette opinion, et on peut
également comparer facilement cette « idole en forme de marmite » aux
statues-menhirs de Corse (notamment à Filitosa) ou d’Occitanie, en particulier
celles de l’Aveyron [9] , statues-menhirs
qui n’appartiennent pas à la civilisation mégalithique, mais qui la prolongent
à une époque protoceltique, entre 800 et 500 ans avant notre ère.
    À l’intérieur de ce cadre, au centre, on peut observer un
soleil rayonnant, et tout autour, sur quatre rangs, des sortes de crosses
dirigées en partie vers la gauche, en partie vers la droite, par rapport à l’axe
central. Ces « crosses » sont-elles des insignes de commandement ou
de puissance ? Veulent-elles signifier des épis de blé ? Sont-elles
représentations de voiles ? Aucune réponse n’est convaincante, mais la
présence du soleil peut permettre d’affirmer qu’il s’agit d’une divinité
féminine : en effet, chez les Celtes – et les Germains – et donc chez tous
les peuples dont ils ont absorbé l’héritage mythologique, le soleil est féminin
et la lune masculine, réalité prouvée par l’existence de nombreux mythes sur la
déesse solaire primitive [10] .
    Au bas de cette « idole », des signes plus
difficiles à remarquer comportent des cupules, des « cornes de bélier »,
des lignes courbes ou serpentiformes, un cercle et trois symboles lunaires. Sur
l’autre face du support, en dehors des anses qui prolongent l’idole féminine, on
peut distinguer l’ébauche – ou les vestiges

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