Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
supports portent des gravures en creux.
Les signes représentés sont intéressants par leur grande
variété : il y a presque ici les éléments d’un vocabulaire dont malheureusement
nous ne possédons plus le code. On peut en effet voir nettement des barques contenant
des traits verticaux qui peuvent être aussi bien des rames que des humains
stylisés, des signes en U qui peuvent être des cornes de bélier, symbole
de puissance, des haches emmanchées de types divers, des haches non
emmanchées, des crosses, des croix qui peuvent être des humains
stylisés, des lignes courbes qui peuvent être des vagues, des colliers, un soleil rayonnant, une lune et le fameux écusson qui
est vraisemblablement, plus qu’un bouclier, la représentation
symbolique de la divinité funéraire, représentation qu’on retrouve dans de
nombreux autres tertres.
Il est évident qu’on peut gloser tant et plus sur ces
figurations. La première question est pourtant de savoir si les « artistes »
dolméniques ont réellement voulu transmettre un message codé dans ces signes. N ’ont-ils
pas tout simplement décoré les pierres qui entouraient les défunts comme on met
actuellement des fleurs sur une tombe ? La comparaison de ces figurations
avec celles qui peuvent être relevées ailleurs, dans d’autres aires
mégalithiques, ne prouve rien : on retrouve sensiblement les mêmes motifs,
et cela peut signifier qu’une certaine « mode » existait en ces temps
lointains. Pourtant, bien que toutes les tentatives faites pour décrypter ces
mystérieuses figures, même si elles sont intéressantes, se soient révélées en
définitive parfaitement hypothétiques, on ne peut rejeter l’idée d’un message :
l’Art est toujours porteur de quelque chose ; l’Art n’est jamais purement
gratuit. Et, en l’occurrence, il y a un Art des dolmens.
Plus loin, vers le centre du bourg, de l’autre côté du
cimetière moderne, un autre ensemble mégalithique attire non seulement l’attention
mais pose les questions les plus diverses. Il y a d’abord le tumulus d’Er Grah,
dont certains voudraient faire une sorte de nombril du monde, à partir duquel
se serait élaboré tout le tissu des monuments mégalithiques de la région et de
la Bretagne tout entière. Mais le tumulus d’Er Grah, qui est un peu à l’écart, ne
livre pas facilement ses secrets. Et ce n’est d’ailleurs pas lui qui retient le
plus l’intérêt.
Le plus impressionnant est le Grand Menhir, dit
Men-er-Hroëck (« Pierre de la Fée »), qui gît sur le sol, brisé en
quatre morceaux dont le plus long mesure 12 mètres. Lorsqu’elle était dressée, cette
pierre mesurait 21 mètres de hauteur pour 5 mètres de diamètre, pour un poids
de 347 tonnes, ce qui est considérable : c’est probablement la pierre la
plus lourde qui ait été jamais portée par des hommes, et
l’on ne découvre, aux alentours, aucune trace de la carrière d’où elle a pu
être extraite. Cela suppose qu’elle a été déplacée de très loin et dans des
conditions stupéfiantes : il aurait fallu, d’après tous les calculs faits
à ce jour, pour la transporter et la traîner sur des rouleaux de bois (technique
probable du temps), au moins 125 paires de bœufs et 12 000 hommes. On a
prétendu que cette pierre n’avait jamais pu être dressée, ce qui est faux :
de nombreux témoignages prouvent qu’elle se trouvait debout, et d’ailleurs, comme
on a retrouvé sous l’un des blocs une pièce de monnaie impériale, on est bien
obligé d’admettre que cet énorme menhir était dressé lors de l’occupation
romaine et probablement même après. Ce qu’on ne peut savoir, c’est s’il a été
brisé par la foudre, possibilité la plus couramment admise, ou par un
tremblement de terre, la région du golfe du Morbihan étant sujette à de tels
phénomènes. Et, s’il faut en croire un passage du chroniqueur grec Diodore de
Sicile, si précieux lorsqu’on étudie l’antiquité de l’extrême Occident, la
Men-er-Hroëck pourrait bien être la fameuse Colonne du Nord, située à l’ouest
du monde, et qui servait de repère aux navigateurs qui se risquaient dans l’Atlantique.
On peut précisément se poser la question de savoir le but de l’érection d’un
tel monument : était-ce seulement un symbole religieux ou une véritable
balise destinée à montrer l’entrée du port de Locmariaquer ? Mais, comme
on sait fort bien que les clochers des églises
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