Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
raison de son
caractère sacré, pour la sauver d’une destruction et la faire servir à la
solidité du nouvel ouvrage.
Toujours sur le territoire de Locmariaquer, sur une pointe
qui termine la grande plage de Kerpenhir, l’allée couverte des Pierres Plates
est signalée par un « menhir indicateur » placé près de son entrée, au
sud. C’est une allée couverte coudée ayant une chambre au fond et une autre, sur
le côté gauche, à l’endroit du coude. Treize supports présentent d’intéressantes
gravures en creux et qui sont toutes, semble-t-il, des représentations de la
divinité féminine des tertres. C’est encore une fois ce qu’on appelle l’idole
en forme d’écusson, mais cette fois, la pointe du haut a laissé place à un
creux : en fait, on dirait davantage une « chasuble » comportant
une riche ornementation. Sur l’une des pierres, la forme du contour extérieur
est répétée à l’intérieur deux fois, et évoquée par un trait médian surmonté d’un
arc de cercle. De part et d’autre du trait médian, se trouvent des doubles
demi-cercles et des cercles concentriques. Sur une autre pierre, la forme est
très voisine, mais l’ornementation consiste en cercles pointés ; sur d’autres
supports, ce sont de simples cupules, ce qui a fait parler d’idole « à
boutons ». L’une des représentations est plus spéciale : de part et d’autre
du cercle médian, on peut voir des traits obliques qui évoquent soit les
branches d’un arbre, soit la colonne vertébrale et les côtes.
Une telle fréquence de la représentation divine, en cette
allée couverte des Pierres Plates, suggère qu’il s’agit d’une sorte de
sanctuaire dédié à la Déesse des Commencements, plutôt que d’un simple tombeau.
D’ailleurs, les fouilles pratiquées aux Pierres Plates n’ont jamais donné de
résultats. Cela pose le problème de l’utilisation réelle de ce genre de monument.
Il fut un temps où l’on croyait que les dolmens étaient des « autels à
sacrifices », cliché romantique par excellence. Puis ce fut la période
rationaliste où les dolmens étaient exclusivement des tombeaux, parfois individuels,
le plus souvent collectifs. On en vient maintenant à considérer qu’ils avaient
peut-être un double usage : après tout, on enterrait bien les gens dans
les églises autrefois. Et un exemple comme celui des Pierres Plates peut
permettre de considérer les dolmens et les allées couvertes – qui sont munis d’une entrée (parfois formée d’une dalle percée), qui comportent un couloir d’accès,
ce qui suppose un cheminement, une initiation (au sens précis du terme)
– comme des sanctuaires, de véritables temples où s’accomplissaient des
cérémonies qui n’étaient pas forcément destinées à de nombreux fidèles. Il est
possible qu’aux âges mégalithiques, il y ait eu des rituels de foule dans des
enclos sacrés comme aux alignements de Carnac, et des rituels restreints, réservés
à quelques initiés, dans des monuments plus ou moins secrets, tels les dolmens
et allées couvertes [11] . Des
observations récentes, pratiquées dans d’autres régions que le Morbihan, notamment
en Grande-Bretagne et en Irlande, sont loin d’interdire cette hypothèse.
De l’autre côté du goulet qui sépare le grand large du golfe
du Morbihan, la presqu’île de Rhuys, qui constitue la rive méridionale de cette
« Petite Mer », est beaucoup moins riche en monuments mégalithiques. Pourtant,
de nombreux vestiges et des traces encore visibles démontrent que cette région,
très anciennement occupée par les hommes et particulièrement favorisée par le
climat, a vu s’épanouir une brillante civilisation au Néolithique final. Mais l’action
des moines de l’abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys a été déterminante sur le
paysage : de défrichement en défrichement, la terre s’est débarrassée de
tout ce qui gênait, y compris les blocs de pierre qu’on découvrait un peu
partout. Il en reste cependant quelques exemplaires remarquables.
Dans la commune d’Arzon, c’est d’abord la belle allée
couverte du Graniol qui retient l’attention. Elle comporte quelques gravures
dont une curieuse hache et une idole en « forme de marmite ». Toujours
en Arzon, on découvre avec une certaine curiosité ce qu’on appelle maintenant
la Butte de Tumiac, et qu’on dit aussi être la Butte de César, il s’agit d’un
tumulus circulaire de 20 mètres de
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