Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
réutilisation d’une pierre ancienne. Mais il n’empêche que cette
Men-an-Tol provoque bien des questions qui demeurent sans réponses. Il faut
signaler qu’on peut voir une pierre de ce genre, mais avec un trou beaucoup
plus petit, en Écosse dans la région de Galloway : là, la pierre se présente
comme un menhir isolé, muni de ce trou manifestement artificiel.
Dans la même région de Galloway, longtemps occupée par ceux
qu’on appelait les « Bretons du Nord », et qui, jusqu’au VII e siècle de
notre ère, ont été les fidèles gardiens de la civilisation celtique contre les
Saxons et contre les Pictes du nord, il existe de nombreux monuments du genre
dolmens et allées couvertes. L’un des plus intéressants parmi ces monuments est
le tertre tumulaire de Cairnholy (dont le nom est significatif : « Tertre
sacré », mauvaise traduction anglaise d’un ancien Carn Ulaidh , « tertre
des Ulates », les Ulates étant les habitants gaëls de l’Ulster, mais que
les Anglais traduisent faussement par « tertre au trésor »). Ce
tertre tumulaire de Cairnholy contient deux allées couvertes sur un promontoire
remarquablement situé et qui domine la mer. Ces mégalithes datent de la fin du
Néolithique, mais, comme bien d’autres monuments de ce genre, ils ont été
occupés et réutilisés à l’Âge du Bronze.
Toujours en Écosse, dans le comté d’Argyll, à Kilmartin, à
douze kilomètres au nord de Lochgilphead, se remarque une série de tertres contenant
des dolmens à chambre funéraire et galeries assez imposantes. Ils font partie d’un
ensemble mégalithique qui a dû avoir une grande importance à la fin du
Néolithique et qui, comme de nombreux cairns de la région, a été récupéré par
les peuples de l’Âge du Bronze. Ces cinq tertres sont complétés par un cercle
de pierres appelé Temple Wood, qui comporte une sorte d’autel central et qui
devait avoir la valeur d’un temple en plein air. Ce lieu, le nom anglais actuel
l’indique assez clairement, a dû servir d’emplacement sacré, de nemeton, pour
les Celtes, car il s’agit bel et bien d’une clairière sacrée au milieu des bois,
caractéristique essentielle du culte druidique. Mais ce n’est pas le seul
exemple de continuité qu’on peut observer entre les constructions mégalithiques
et le culte druidique.
Le Pays de Galles fourmille de dolmens et d’allées couvertes.
Le terrain étant très pauvre, surtout dans le nord de la principauté, les monuments
sont restés souvent intacts, les agriculteurs n’ayant pas procédé à leur
élimination systématique comme cela s’est souvent produit dans les régions
agricoles plus riches. L’un des plus intéressants de ces monuments est sans
doute le tertre de Capel Garmon, à deux kilomètres au sud-est de Betws-y-Coed, en
Gwynedd. Il s’agit d’un curieux dolmen, avec un couloir ouvert sur le flanc du
tertre et conduisant à deux chambres funéraires latérales. Mais il y a une
fausse entrée, ce qui n’est pas sans susciter de questions sur la véritable
destination du tertre. Dans le comté de Cardigan, en Dyfed, à une dizaine de
kilomètres de Cardigan, le dolmen, maintenant à ciel ouvert, de Pentre-Ifan est
un des exemples les mieux conservés de l’art mégalithique au Pays de Galles. Le
site est aussi connu comme Coetan Arthur, c’est-à-dire comme « Tombeau
d’Arthur ». C’est dire la connotation que la tradition populaire établit
entre les monuments de la Préhistoire et ce personnage à la fois comique et
gallois d’Arthur, autour duquel se sont cristallisés, au cours du Moyen Âge, tous
les anciens mythes et tous les schémas archaïques de la religion celtique. Et, non
loin du lac Bala, en plein cœur des montagnes galloises, lac qu’on appelle
aussi Llynn Tegid, et sur lequel est localisée la légende du barde Taliesin, on
montre encore un dolmen ruiné considéré comme le tombeau de Taliesin : la
tradition locale prétend que quiconque tente l’expérience de passer la nuit sur
ce dolmen se réveille obligatoirement poète ou fou.
Au nord-ouest du Gwynedd, l’île de Môn (Insula
Mona), que les Anglo-Saxons ont nommée Anglesey, est
incontestablement, d’après le texte de la Vie d’Agricola de Tacite, le
lieu même du druidisme, tout au moins un endroit où s’étaient établis de
véritables collèges druidiques. Mais l’île de Môn est parsemée de monuments
mégalithiques, dolmens ou menhirs. L’un d’eux est
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