Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
particulièrement remarquable,
celui qu’on nomme Bryn Celli Ddu, c’est-à-dire la « Colline du Bois noir ».
Il s’agit d’un tertre tumulaire dont la construction est complexe. Le monument
actuel a été construit sur un tertre plus ancien, et il présente
des éléments architecturaux qui font croire à un sanctuaire initiatique et
sacrificiel plutôt qu’à un simple tombeau mégalithique. L’un des supports de
cette allée couverte, maintenant déplacé, est recouvert de signes gravés en
creux qui peuvent indiquer de façon symbolique le voyage de l’âme dans l’Autre
Monde. On ne peut que tenter une analogie avec les pratiques chamaniques dont
le druidisme paraît être très proche par certains aspects de son culte. Le
tertre de Bryn Celli Ddu, parfaitement conservé et mis en valeur, est l’un des
exemples les plus caractéristiques et les plus beaux des mégalithes de l’île de
Môn. Et, lui aussi, comme le tertre de Barnenez, en Bretagne armoricaine, pose
le problème de la finalité réelle des allées couvertes sous tumulus : tombeaux
ou sanctuaires ? La question doit être débattue, mais dans l’état actuel
de nos connaissances, il est difficile d’apporter une réponse définitive. La
solution devrait apparaître si l’on tient compte de la permanence des cultes et
des croyances à travers les diverses couches culturelles qui se sont succédé
sur un même territoire. Mais là, faute de documents, nous en sommes réduits à
des hypothèses, parfois sans lendemain.
À cet égard, c’est l’Irlande qui devrait apporter quelque
lumière sur ces problèmes, pour l’excellente raison qu’il s’y trouve d’innombrables
monuments mégalithiques, dont certains de tout premier ordre, et que, d’autre
part, les manuscrits irlandais du haut Moyen Âge nous ont conservé de multiples
et utiles renseignements sur une tradition préchrétienne encore très vivante
lors de l’introduction de la nouvelle religion. Cette situation particulière de
l’Irlande, qui n’a jamais été conquise par les Romains, qui n’a jamais fait
partie de l’Empire, et qui, pourtant, a été un phare du christianisme en
Occident, fournit des directions de recherche. Car nulle part ailleurs, les
mégalithes ne sont autant liés à une tradition ancestrale qui a perduré au
cours des siècles, en dépit des vicissitudes de l’histoire.
Bien sûr, en Irlande, on découvrira de nombreux menhirs, des
dolmens isolés, des cercles de pierres, des tertres tumulaires. Quelques-uns d’entre
eux sont encore enfouis sous la végétation. D’autres émergent lentement lorsque
des découvertes fortuites les font apparaître au grand jour. Quelques-uns sont
justement célèbres dans le monde entier parce qu’ils représentent une étape
décisive du mégalithisme et qu’ils sont relativement bien conservés dans un
pays dont le sol est pauvre et qui n’a pas eu à être débarrassé, comme en
France notamment, des pierres qui encombraient les champs ou les pâturages.
Il serait parfaitement vain de citer tous les mégalithes d’Irlande,
toutes ces « pierres à légendes » qui remontent très loin dans la
nuit des temps. Cependant, il est bon d’en nommer certains qui offrent un
intérêt parfois hors de proportion avec leur taille, leur ampleur ou leur état
de conservation. C’est le cas du monument qu’on appelle Portal Dolmen et qui se
trouve en plein cœur du Burren, cette région calcaire et désertique située au
sud de la baie de Galway, et dont le climat très doux permet l’éclosion, dans
les moindres creux remplis de terre, d’une végétation presque exotique.
Ce Portal Dolmen, nommé également Poulnabrone Dolmen, est un
monument considérable par son aspect et par sa situation dans un lieu entièrement
désertique. C’est évidemment un tombeau mégalithique qui remonte à 2500 ou 2000
ans avant notre ère. La table du dolmen est une immense dalle de 365 sur 213
centimètres et pèse environ ; une centaine de tonnes. La hauteur de la
chambre varie de 1 mètre 90 au nord à 2 mètres 05 au sud. La chambre elle-même
mesure 243 sur 122 centimètres. Le monument, actuellement à l’air libre, se
trouvait autrefois au centre d’un tertre tumulaire dont on remarque quelques
vestiges – et qui avait une forme circulaire, de 9 mètres de diamètre.
Le nom de Poulnabrone, qui est gaélique, peut signifier la « tour
des chagrins », ce qui indique une croyance populaire concernant des
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