Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
qu’il
existe, ou tout au moins n’a pas l’occasion de se manifester. C’est en tout cas
le sens figuré qu’on peut attribuer à ce délicat système luni-solaire qui
paraît avoir été celui des constructeurs de mégalithes.
Allons toujours plus loin. L’auteur hispano-latin Pornponius
Méla, qui répercute des traditions archaïques, ne tarit pas d’éloges sur les
Hyperboréens : « Terre sacrée, leur contrée est exposée au soleil et
dotée d’une grande fertilité. Religieux observateurs de la justice, ils coulent
des jours plus longs et plus heureux qu’aucun autre peuple au monde. Toujours
au sein de la paix et des plaisirs, ils n’ont jamais connu la guerre ni les querelles.
Ils font des sacrifices en l’honneur de leurs dieux et
particulièrement d’Apollon… Ils passent leur vie dans les bois sacrés et les
forêts » (Méla, III, 5). Cette enthousiaste description corrobore celle
que fait Pline l’Ancien de ces mêmes Hyperboréens, en s’inspirant d’ailleurs d’Hérodote :
« Au-delà de l’Aquilon se trouve une nation heureuse, si
on en croit les récits, appelée les Hyperboréens, et chez qui les hommes
atteignent une grande vieillesse. Des merveilles fabuleuses en sont racontées. On
dit que là sont les gonds du monde et la dernière limite de la révolution des
autres… Il n’y a dans l’année qu’un lever de soleil au solstice d’été, qu’un
coucher au solstice d’hiver. La contrée est bien exposée, d’une température
heureuse et exempte de tout souffle nuisible. Les habitants ont pour demeures
les forêts et les bois sacrés ; le culte des dieux est célébré par les
particuliers et par l’ensemble du peuple. La discorde y est ignorée, ainsi que
toute maladie. On n’y meurt que par satiété de la vie : après un repas, après
des jouissances données aux dernières heures de la vieillesse, on saute dans la
mer du haut d’un certain rocher ; c’est pour eux le genre de sépulture le
plus heureux… On ne peut guère douter de l’existence de cette nation, car trop
d’écrivains rapportent qu’il était d’usage d’envoyer les prémices des fruits
dans l’île de Délos à Apollon qu’ils honoraient particulièrement. Les prémices
étaient apportés par des vierges, respectées et accueillies hospitalièrement
pendant quelques années par les nations intermédiaires. Puis, des violences
ayant été commises contre les messagères, les Hyperboréens se décidèrent à
déposer ces offrandes sur les frontières des peuples limitrophes » (Hist.
nat. IV, 26).
Il n’est pas question de prendre à la lettre tout ce qui est
raconté ici. La contradiction est trop flagrante entre la situation des
Hyperboréens au-delà du cercle polaire, ayant une seule nuit et un seul jour
dans l’année, et la description du pays dont le climat est merveilleux. Le
terme « Hyper-boréen » ne veut donc rien dire et ne sert que pour nommer
un peuple que personne n’a été visiter, mais que l’on sait exister quelque part,
du côté du nord. Pourtant, ce texte revêt une grande importance si l’on en
mesure la portée symbolique.
Il y a d’abord la référence aux solstices : c’est une
indication précieuse concernant non pas une réalité (que les Méditerranéens
connaissaient par ouï-dire) mais un rituel, lequel rituel est attesté dans les
monuments mégalithiques, à Carnac, à New-Grange et à Stonehenge, puisque de
nombreux monuments mégalithiques sont orientés de façon à recevoir les rayons
du soleil levant soit au solstice d’été, soit au solstice d’hiver. Là est la
fameuse chambre de soleil.
Il y a ensuite la contrée merveilleuse, qui produit tout à n’importe
quelle saison et où les hommes sont doués d’une sorte d’immortalité. Cela
concerne l’île Bienheureuse, celle qu’on appelle, chez les Celtes, l’île d’Avalon
ou Émain Ablach, autrement dit l’île des Pommiers que Geoffroy de Monmouth
tente de décrire : « Il n’est point nécessaire que les habitants la
cultivent. Toute culture est absente, sauf celle que fait la nature elle-même. Les
moissons y sont riches et les forêts y sont couvertes de pommes et de raisins. Le
sol produit tout comme si c’était de l’herbe. On y vit cent années et plus. Neuf
sœurs y gouvernent par une douce loi et font connaître cette loi à ceux qui
viennent de nos régions vers elles. De ces neuf sœurs, il en est une qui
dépasse toutes les autres par sa beauté
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