Ce jour-là
de soutiens-gorge dans un tiroir. J’en ai choisi un joli en dentelle blanche avec un ruban, et l’ai fourré dans l’une de mes poches de pantalon.
Dehors le vacarme des gros hélicoptères CH-53 de la marine résonnait dans le village.
BOP BOP BOP BOP BOP.
Le soleil se levait lorsque nous avons pris position dans une maison voisine sécurisée. Il gelait. Les matinées sont toujours les moments les plus froids de la journée.
Je levai les yeux à temps pour voir passer en trombe deux gros hélicos grisâtres. On les surnommait les « bus ». Ils prirent un virage à quatre-vingt-dix degrés et se posèrent dans le désert, juste au nord des lignes électriques. Les rampes tombèrent au sol, à l’arrière, et les marines en descendirent comme à la parade.
Notre chef alla les rejoindre. Il fallait leur rendre compte de la mission avant de quitter le village et rentrer.
« Tu as vu où ils ont installé leur QG ? me demanda-t-il.
— Je crois que c’est par là, un peu plus loin sur la route », répondis-je, montrant un groupe d’hommes et d’antennes de radio.
Lorsqu’il passa devant moi, je repêchai le soutien-gorge dans ma poche et l’accrochai discrètement à l’antenne de la radio qu’il portait dans le dos. Quand on a froid et qu’on en a marre, c’est le genre de petite plaisanterie qui vous réchauffe un peu. Les marines le voyaient et rigolaient.
« Hé, où est votre QG ? » demanda notre chef au marine le plus proche.
L’homme montra la route.
« Monsieur, dit le marine, vous avez un soutien-gorge dans le dos.
— Ouais, je n’en doute pas, répondit le chef sans hésitation, avec un coup d’œil vers nous. Ça arrive tout le temps. »
Pendant la patrouille qui nous ramenait à la piste d’atterrissage dès hélicoptères, dans le désert, j’ai remarqué quelque chose qui bougeait dans ma vision périphérique. J’ai passé la main dans mon dos. Un soutien-gorge.
Quelqu’un l’avait accroché à la pince, dans mon dos.
Ces blagues étaient notre quotidien.
Elles étaient tellement fréquentes que quelqu’un, à l’escadron, avait dessiné un diagramme des coupables potentiels. On utilisait les mêmes diagrammes pour traquer les terroristes. Les noms des types formaient une pyramide au sommet de laquelle se trouvait le pire blagueur de tous : Phil, mon chef d’équipe à l’époque.
Phil avait toujours été dans la Navy. Il avait réussi la Green Team à l’époque où je passais le BUD/S ; mais il avait quitté le DEVGRU pour rejoindre les Leap Frogs, l’équipe de parachutisme de la Navy. Il avait ensuite été instructeur de parachutisme en chute libre, puis avait retrouvé le DEVGRU.
J’avais rencontré Phil lors de mes premiers jours à l’escadron, et il m’avait tout de suite plu. Avant de devenir mon chef d’équipe, il avait effectué plusieurs rotations sur le terrain et dirigé le programme des chiens d’assaut de l’escadron.
Phil était le roi des farceurs. Une fois, en revenant à ma cage, j’avais trouvé les lacets de mes bottes coupés – mais seulement le pied droit. Je ne pouvais pas prouver que c’était une blague de Phil. Il avait de gros aimants avec lesquels il s’amusait à démagnétiser nos cartes de crédit. Il était célèbre pour sa manie de nous bombarder de paillettes. Je ne sais combien de fois j’ai dû changer de sac ou de tenue parce que des paillettes mauves étaient restées accrochées au velcro ou incrustées dans les plis du tissu.
S’il trouvait que les choses étaient trop calmes, il déclenchait une querelle.
« Bon, allez, qui m’a fait une blague ? » criait-il en s’avançant dans la salle commune.
Nous savions tous que c’était lui. Il essayait de mettre de l’animation parce qu’il s’ennuyait.
Les types lui rendaient parfois la monnaie de sa pièce. Un vendredi soir, après le travail, il avait retrouvé sa voiture perchée sur un élévateur dans un parking. La vengeance de l’une de ses victimes mais nous n’avons jamais su laquelle.
Phil a inventé l’une des plus longues blagues de l’escadron. Quand nous n’étions pas en mission, nos entraînements se déroulaient un peu partout aux États-Unis. Un soir, nous étions à Los Angeles pour une formation de guérilla urbaine. La nuit venait juste de tomber, et nous faisions un exercice de combat rapproché dans un vieil hôtel abandonné.
Phil avait contacté la police pour éloigner les badauds et être
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