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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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devrait être l'association. Mais l'essentiel, avant toute association avec l'Angleterre et avant la négociation tarifaire avec les États-Unis 1 , c'est de mettre le Marché commun debout. Quand ce sera fait, on verra à passer des accords avec d'autres.
    « Les Anglais ont beaucoup fumé. Il y a de quoi. Ils n'ont pas pu nous manœuvrer de l'intérieur, comme ils manœuvrent les États du continent depuis deux ou trois siècles. C'est ce qui les désole. Il faut s'habituer à tout.
    Couve. — Un accord d'association a été prévu dans la conférence de presse du 14 janvier. Les Anglais trouvent ce statut valable pour des pays sous-développés, et donc inconvenant pour eux. »

    « Ceux qui voulaient lancer leur venin l'ont fait »
    Après le Conseil, le Général me résume la situation avec une sérénité amusée :
    « Le débat est terminé. Ceux qui voulaient lancer leur venin l'ont fait. Il faut maintenant qu'ils voient les réalités en face. Il n'y aura pas d'association au Marché commun, ni de modification de son fonctionnement, sans que, d'abord, les règlements agricoles, qui sont en panne, et l'association avec les pays africains soient mis au point dans le cadre du Marché commun.
    AP. — On parle beaucoup du "grand dessein" qui serait le vôtre au sujet de l'Europe, d'une Europe dans dix ou vingt ans. Est-ce qu'elle comprendrait également la Grande-Bretagne ?
    GdG. — L'Angleterre entrera dans le Marché commun quand l'Empire britannique sera complètement démantibulé. Il en a déjà pris le chemin depuis la fin de la guerre. Mais ce n'est pas encore fini. Quand il sera tout à fait liquéfié, alors elle entrera dans le Marché commun. Mais elle n'y est pas encore prête.
    « Elle n'y entrera pas avant longtemps. En tout cas, tant que je serai là pour m'y opposer.
    AP. — Mais n'y aura-t-il pas un accord d'association ?
    GdG. — Si, un traité de commerce. C'est tout ce qu'elle mérite.

    « L'OTAN est une machine pour déguiser la mainmise de l'Amérique »
    AP. — Arriverez-vous à faire évoluer l' OTAN ? En 1969, quand chaque pays pourra reprendre sa liberté, proposerons-nous une autre formule ?
    GdG. — L'OTAN est un faux-semblant. C'est une machine pour déguiser la mainmise de l'Amérique sur l'Europe. Grâce à l'OTAN, l'Europe est placée sous la dépendance des États-Unis sans en avoir l'air.
    « Jusqu'à la rencontre des Bahamas, les Anglais n'étaient pas plus dans l'OTAN que nous ne le sommes maintenant. Ils y étaient encore moins, en réalité. Ils n'y ont même pas 45 000 hommes. Mais ils s'arrangent pour avoir des généraux un peu partout, de manière à contrôler ce qui s'y passe. Pour noyauter, ils sont très forts. Mais, en réalité, ils conservent le gros de leurs forces en dehors de l'OTAN. Peu à peu, nous allons faire à peu près de même. Avec cette différence qu'ils ont plus ou moins part au commandement exercé par les Américains, alors que nous n'y avons pas part, parce que nous ne sommes pas des Anglo-Saxons.

    « Ils essaient de jouer pour que la France ne dirige pas »
    AP. — Quelle est la vraie raison pour laquelle nos cinq partenaires du Marché commun ne veulent pas nous suivre ?
    GdG. — Ils ont peur de la France. Ils ont peur que la France dirige. Alors, ils vont chercher l'aide des Américains et essaient de soulever des tempêtes contre nous, pour ne pas être dominés par nous. C'est pourtant dans la nature des choses que nous soyons les premiers en Europe. Ce n'était pas le cas sous la IV e , parce que la France était trop faible. Mais c'est maintenant le cas et ça sera de plus en plus le cas dans les prochaines années.
    « Pourquoi voulaient-ils du supranational ? Parce que c'était un faux-semblant. Parce que c'était un moyen de permettre aux Spaak et à tous ceux que nous connaissons bien, de diriger l'Europe sans trop en avoir l'air et de faire en sorte que la France soit refoulée loin derrière.
    « Quand ils se sont rendu compte que ça n'était pas possible defaire du supranational, ils se sont retournés vers l'Angleterre. Les mêmes hommes qui, à cor et à cri, avaient écarté l'Angleterre en prétendant que son entrée dans l'Europe des Six aurait tout fait éclater, ces mêmes hommes se sont mis à réclamer avec autant de véhémence l'entrée de l'Angleterre dans le Marché commun. Là encore, c'est un faux-semblant, c'est un alibi. Ils essaient de jouer pour que la France ne dirige pas. Mais ce serait contraire à

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