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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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la coopération n'a pas été faite. Le conflit s'est développé entre Ben Bella et le secrétaire général du FLN, Khider. Le journal du FLN, El Moudjahid, dénonce la faiblesse de Ben Bella à l'égard de la France.
    « L'explosion atomique révélée par Le Monde a servi de détonateur. Une armée de chômeurs et de maquisards mal payés fournit des contingents de mécontents qui ne demandent qu'à descendre dans la rue.
    « Le 18 mars, paraît un décret sur les biens vacants. Il légaliseles spoliations antérieures, en étendant la notion de vacance à une insuffisance d'exploitation, toujours facile à prononcer, qu'il s'agisse d'une ferme ou d'un cinéma. Ils mettent ainsi la main sur le domaine Borgeaud, le domaine Germain, le domaine Calan. Dans la lettre et dans l'esprit, ils violent les accords d'Évian. Il faut pourtant éviter un écueil. Les Algériens viennent de s' attaquer au plus gros représentant du colonialisme. Mais Borgeaud n'est pas la France. (On croirait entendre de Gaulle.)
    « Nous avons toujours dit que nous ne nous opposerions pas à une loi agraire. Mais nous devons manifester que nous sommes choqués du procédé, tout en évitant de dégrader une situation aussi fragile. Donner un avertissement par un freinage de l'aide, oui. Mais ne pas mettre en cause Évian. Si l'Algérie est en train d'évoluer non comme le Maroc, mais comme la Yougoslavie, qu'y pouvons-nous ? Notre marge d'action est étroite. Il faut éviter l'escalade des représailles et des contre-représailles.
    GdG. — Ben Bella est en proie aux djinns 2 . Il est aux prises avec ses rivaux ; avec les difficultés d'un pays qui ne peut maîtriser ses problèmes économiques et, par suite, se livre à la surenchère ; avec les démons que nous voyons s'agiter ces temps-ci chez les Arabes : romantisme éperdu, socialisme, panarabisme.

    « C'est imbuvable... ces propriétés énormes et scandaleuses »
    « Nous, Français, qui ne sommes pas assaillis par des démons ou par des djinns, nous devons nous en tenir aux accords d'Évian. Le gouvernement algérien en est sorti pour nationaliser les terres. Mais, de toute façon, ça ne pouvait pas rater : c'était inévitable, avec cette boîte à chagrins. Ça durera autant qu'il y aura des terres françaises en Algérie.
    « Ben Bella s'en prend aux biens vacants. Il fallait bien qu'ils soient à quelqu'un : puisqu'ils n'étaient à personne, ils sont à lui. On ne peut pas lui en vouloir.
    « Quinze Français détiennent encore à ce jour 150 000 hectares en Algérie. C'est imbuvable. C'est indéfendable, étant donné la frénésie élémentaire de ces fellahs. Eussions-nous maintenu l'Algérie française, nous aurions été obligés de supprimer ces propriétés énormes et scandaleuses.
    « Mais ça ne doit pas nous empêcher de manœuvrer ! On ne peut pas laisser faire ça comme ça. Il faut nous attendre à ce que la question des terres des colons se pose morceau par morceau.Toutes les terres vont finir par y passer, comme en Tunisie et au Maroc, c'est inévitable. Mais il y a la façon. Ben Bella s'y est pris bien mal. Il nous a manqué. Nous devons lui marquer notre réprobation et l'en pénaliser.
    Grandval (en profite pour signaler un champ de représailles possibles). — L'immigration algérienne en France a repris à une cadence inquiétante : 6 000 immigrés par semaine.
    GdG (impassible). — Ça fait 300000 par an. Ce n'est pas insupportable, à condition qu'ils retournent chez eux au bout d'un temps.
    Grandval (revenant à la charge). — Boumaaza 3 s'était fait fort de juguler ce flot. Mais l'Union générale des travailleurs algériens pousserait beaucoup les travailleurs à venir en France. Ils entrent sans contrôle sanitaire et ne savent rien faire. C'est une situation intolérable.
    Giscard (revenant à la dépossession des colons). — Une réforme agraire était inévitable, mais le procédé est tel qu'une réaction est nécessaire. Si cette réaction portait sur l'aide financière, nous subirions des pressions pour reverser la contre-valeur aux spoliés. Nous devons donc débrancher le plan de Constantine ! (On dirait qu'il parle des tuyaux qui maintiennent en vie un accidenté.) Nous ne devons pas refuser notre aide, mais la doser selon la bonne volonté qu'on nous témoigne.
    GdG. — Bien sûr, il ne faut pas indemniser nous-mêmes les gros colons dépossédés ! Cette appropriation a toujours été la cause de nombreux malheurs.
    Joxe. — On

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