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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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y renoncer, ou à l'étendre à beaucoup d'autres pays, dont les États-Unis.
    11 « Hexagone », « hexagonal », n'étaient pas des expressions aussi courantes qu'elles le sont devenues ; Edgard Pisani en a pourtant usé ce jour-là.
    12 Après sa conférence de presse du 15 mai 1962, où l'échec du plan Fouchet forme le sujet principal, le Général revient dessus les jours suivants, lors de son voyage dans le Limousin, puis en juin lors de sa visite dans le Jura.

Chapitre 5
    «LE GOUVERNEMENT N'A PAS DE SUBSTANCE EN DEHORS DE MOI »
    Élysée, 18 avril 1962, 17 heures 30.
    Le Général passe devant moi pour entrer dans le « Salon doré », et s'assied derrière son bureau ; il ne me désigne un fauteuil qu'après s'être assis lui-même. Jusque-là, depuis trois ans, c'était toujours l'inverse : si nous avions une porte à franchir, il faisait mine de s'effacer devant moi ; il ne s'asseyait que lorsqu'il me voyait assis. Décidément, du statut d'interlocuteur, avec lequel il déployait une courtoisie très vieille France, je passe à celui de collaborateur, sur lequel il exerce sans ménagement une autorité hiérarchique.

    « Le Conseil des ministres ne discute pas »
    Je lui donne en riant lecture du projet de communiqué : « De quoi pourrait parler le ministre des Affaires étrangères, si ce n'est de la situation internationale ? Le ministre des Affaires algériennes, si ce n'est de la situation en Algérie ? »
    Le Général ne sourit pas. Sourire, ce serait établir de lui à moi une relation d'égalité. Son impassibilité me rappelle que je ne suis pas son égal ; il n'attend pas de moi sympathie, mais obéissance.
    Il m'autorise cependant à lui proposer des formules plus explicites : « Une discussion a eu lieu sur le projet de traité constituant une Union d'États européens. Le général de Gaulle a conclu que la France restait décidée à chercher à faire aboutir un projet aussi important pour la construction européenne. »
    Il me coupe pour rectifier « discussion » en « délibération » (« le Conseil des ministres ne discute pas, il délibère »). Il ajoute : « Non pas le général de Gaulle a conclu que la France, mais dont les conclusions ont été que le gouvernement français... Quand je tire les conclusions d'une délibération, c'est le gouvernement qui s'exprime par ma bouche. Le gouvernement n'a pas de substance en dehors de moi. Il n'existe que par mon fait. Il ne peut se réunir que si je le convoque, et en ma présence, sur un ordre du jour préalablement fixé par moi. Vous êtes le porte-parole du gouvernement. C'est-à-dire le mien. Mais vous ne vous présentez pas comme tel ; c'est implicite. »

    « Pour les Anglais, le Marché commun c'est comme le Blocus continental »
    Il revient sur quelques-uns des points évoqués au Conseil : « Pas question de faire mention de l'OTAN dans un traité européen ! Comment des Européens peuvent-ils être assez peu européens pour ne vouloir faire un traité entre eux que sous l'invocation des Américains ? Ils n'ont aucun sens de la dignité de l'Europe ! Le traité d'Union constitue un engagement permanent et définitif des six États, tandis que l'OTAN est un organisme circonstanciel, né de la menace soviétique et appelé à disparaître un jour, quand elle aura disparu elle-même. »
    Comme en passant, il évoque la fin de cet affrontement Est-Ouest que nous nous sommes habitués à considérer comme une donnée éternelle. Il se projette si spontanément dans la longue durée, que notre présent est déjà son passé.
    « Pourquoi croyez-vous que les Belges et les Hollandais, mais aussi les Italiens, réclament à la fois la supranationalité et l'entrée de l'Angleterre ? Évidemment, c'est parce qu'ils savent bien que ça ne pourrait pas marcher ! Ils espèrent que les grands passeraient leur temps à se disputer ; les petits tireraient parti de cette bagarre pour jouer des coudes et faire prévaloir leur point de vue. C'est comme les groupes charnières sous la IV e , qui profitaient des querelles entre les grands partis, pour s'arroger un rôle sans proportion avec ce qu'ils représentaient vraiment.
    « Macmillan m'avait dit en 58 : "C'est pour empêcher l'union des Européens que nous vous avons fait la guerre vingt-trois ans, pendant votre Révolution et votre Empire." Pour les Anglais, le Marché commun c'est comme le Blocus continental ! Ah ! Ah ! (Il veut bien rire.) Je les ai empêchés à la fin de 58 de

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