Comment vivaient nos ancêtres
prêtres qui en étaient titulaires à les affermer à des « vicaires », autrement dit à des « vice curés », des curés suppléants. La hiérarchie était complexe et tout prêtre n’était pas curé, certains n’étant que vicaires ou simples « prêtres desservants », comme encore parfois « chapelains », se contentant de célébrer des messes dans des chapelles.
On se garde de balayer la pièce de peur de balayer l’âme du mort, et l’on se hâte de laver ses draps avant le jour de la lessive. On dispose près du lit un récipient dans lequel on verse un peu de cette eau bénite que l’on est allé chercher à l’église le samedi saint. On y place un rameau, et le défilé des voisins commence. Chacun à son tour asperge le défunt. Quelque homme s’est chargé de la toilette du mort, quelque femme s’il s’agit d’une femme, bien souvent autrefois la sage-femme qui, à ses talents déjà rencontrés, ajoute donc celui « d’ensevelisseuse ».
Un voisin est réquisitionné pour aller annoncer le décès et inviter aux obsèques, à moins qu’il n’y ait dans la commune un professionnel qui passe par les rues en agitant une clochette et que l’on appelle « crieur de mort », « clocheteur », ou « campanier » dans le Midi. C’est lui qui se charge de faire sonner le glas au clocher de l’église. Selon les régions, ce glas renseigne déjà largement sur l’identité du disparu.
Il existe en effet une grande variété de sonneries des morts, selon des variétés de rythme, de son, et selon le nombre de coups. En général ce nombre n’est pas le même pour les femmes et les hommes, voire pour les enfants (variant entre 9, 7 et 5, ou étant pair ou impair). Parfois, on sonne même autant de coups que le défunt a vécu d’années.
Le soir, autour du lit mortuaire, a lieu la « veillée » où litanies et grâces, que tout le monde récite par cœur, alternent souvent avec des moments de franche gaieté. Pour rester éveillé, il faut en effet manger… et boire. C’est l’occasion, pour chacun, de raconter de temps en temps sa petite histoire. On évoque souvent les aventures du pauvre annonceur de mort, qui lui aussi se doit de boire un verre dans toutes les maisons visitées, et que l’on retrouve parfois sur le talus en train de cuver alors qu’un compère compréhensif termine la tournée à sa place.
Le mort est roulé dans un « linceul » neuf, entendez par là un drap, un de ceux qui composent le trousseau de la mariée. Il y est cousu avec une aiguille qui y trouvera des dons multiples et y est vêtu de ses plus beaux vêtements, généralement, pour l’homme, de sa chemise de noces, et pour la femme, de sa robe de mariage, précieusement conservés à cette intention.
Le cercueil étant autrefois cher et peu courant, ce linceul en a longtemps tenu lieu, quitte à être transporté dans un cercueil à fond ouvrant qui sert à tous les paroissiens. Héritage de vieilles coutumes aux origines floues, le défunt est souvent accompagné, pour son dernier voyage, de quelques objets familiers : un outil, une bouteille, une médaille, une pièce de monnaie (pour M. saint Pierre), voire d’autres, plus insolites, comme un vielleux de mon village enterré avec sa vielle dans les années 1920.
Alors, les enterrements sont aussi rapides que les baptêmes. On inhume l’après-midi les morts du matin, et le lendemain ceux de la nuit. Lorsque à partir du siècle dernier cette précipitation se ralentit, un cérémonial, surtout en ville, se met peu à peu au point.
À la campagne, on continue à faire précéder le convoi funèbre d’un homme chargé de brûler de la paille çà et là sur son chemin, de manière à éloigner les mauvais esprits. La dépouille est transportée sur un char à bœufs, puis à cheval. Les animaux sont bien étrillés, et équipements et sabots sont soigneusement noircis. Rien ne doit briller dans leur harnachement. Ce n’est que lentement que s’imposent les chars d’apparat, nés en ville, avec tentures et plumets noirs. On les appelle des corbillards en souvenir du Corbeillard.
Tout le long du trajet, des arrêts avec des prières sont prévus. Au fur et à mesure que l’on s’approche de l’église, voisins et amis allongent le cortège. L’ordre y est rigoureux : parents du sexe masculin, hommes, parentes et autres femmes. Dans les premiers rangs, chacun est recueilli, alors que dans les derniers, on parle
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