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Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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Crucifère, l’épée qui ne devait pas tuer ? Non, Crucifère était restée au fourreau, et Cassiopée demeurait en retrait, accompagnée de ses amis. « Les traîtres », pensa Simon au beau milieu de la mêlée. « Pourquoi ne se battent-ils pas ? »
    Son arme frappa de nouveau, trancha en deux un Sarrasin. Mais c’est à peine s’il savoura sa victoire, car il se demandait pourquoi Cassiopée restait en arrière, sous l’étendard de Guy de Lusignan.
    Ce dernier avait pris la tête de la charge, en compagnie d’un fort bataillon de Templiers, menés par Gérard de Ridefort. Ils semaient une telle terreur parmi les gens de Saladin que ses archers à pied couraient aussi vite que leurs poursuivants. Cette offensive était une réussite. « Montjoie ! Montjoie ! Tue ! Tue ! » Déjà, des chevaliers parvenaient au pavillon du sultan – qui l’avait abandonné pour se réfugier quelques milles plus loin, de l’autre côté de la colline d’Ayâdiya.
    La gent de fer s’en donna à cœur joie. Simon tira sur les rênes de sa monture, et lui fit faire brusquement volte-face. Car si leur charge avait été couronnée de succès, qu’en était-il des fantassins qui les suivaient ? Ils les avaient distancés. Emportés par leur élan, les chevaliers ne s’étaient pas aperçus qu’ils s’étaient coupés de leurs lignes. D’ailleurs, ils ne s’étaient pas aperçus de grand-chose, se contentant de faire ce pour quoi ils s’étaient entraînés depuis l’enfance : éperonner leur monture et taper de l’épée.
    Le camp de Saladin fut soumis à un pillage qui vit les nobles destriers volés aux Sarrasins transformés en vulgaires bêtes de bât. Fort heureusement pour les Francs, tous n’avaient pas perdu de vue l’objet de leur offensive : s’emparer de Saladin lui-même, ou en tout cas le repousser si loin qu’il ne lui reviendrait pas de sitôt l’envie de s’attaquer aux chrétiens établis autour d’Acre.
    — Soldats ! cria Simon. Mes beaux doux frères, messires chevaliers !
    Quelques têtes se tournèrent vers lui – pour la plupart c’étaient des moines militaires, qui se regroupaient non loin du gonfanon haussant, symbole du ralliement des chevaliers du Temple.
    — Il faut faire demi-tour ! s’époumona Simon. Ne nous laissons pas couper de nos lignes ! Pensez aux fantassins qui cherchent à nous rejoindre ! Ne nous laissons pas encercler par l’adversaire !
    — L’adversaire ? lui répondit un Franc. Il est plus occupé à déguerpir qu’à contre-attaquer…
    Simon piqua un galop de reconnaissance vers le sommet de Tell Keisân où Saladin avait établi son camp. Juste derrière, les drapeaux noirs et jaunes des musulmans tournoyaient comme à la manœuvre. Soudain, l’air vibra de coups de tambour, et des fumées, plus noires et plus compactes que les précédentes, s’élevèrent dans la brume de ce 4 octobre 1189.
    Et c’est alors qu’aux tambours de Saladin répondirent les trompettes d’Acre. Des hautes murailles de la ville assiégée s’élevèrent des volutes de fumée qui s’en allèrent rejoindre les sombres colonnes montant du camp de Saladin.
    — Ils vont nous prendre à revers !
    Dans un grincement horrible, les portes d’Acre s’ouvrirent. Le pont-levis s’abattit, et un déluge de soldats s’élança à l’assaut des chrétiens.
    Les chevaliers, étonnés, s’entreregardèrent. Comment ? Les musulmans n’avaient pas fui la queue entre les jambes sous les coups de leur maître ? Les habitants d’Acre, pour n’être pas en reste et soutenir leurs soldats, hissèrent au-dessus des créneaux des drapeaux pris aux Franjis, que des têtes de chrétiens décapités au cours des précédents combats rehaussaient hideusement.
    Chez les Francs, la panique fut totale. De quel côté contre-attaquer ? Au nord, sur l’aile droite de Saladin, ou bien au centre, là où le gros des chevaliers peinait à faire demi-tour ? Fallait-il se porter en direction du pavillon du roi, afin que l’ennemi ne l’investisse pas, ou bien foncer vers Acre, et tenter de la prendre de force malgré les flots de braves que vomissait sa gueule ? Les quatre points cardinaux conspiraient contre eux, et ce n’est que grâce à la terre et aux cieux que les chrétiens eurent la vie sauve.
    Car la boue, mêlée de corps à moitié décomposés et d’armures rouillées, ralentissait la progression des musulmans, laissant aux Francs le temps de se

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