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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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déjeuner, me trouva encore couchée. Fidèle à elle-même, elle ne voulut pas croire à ma maladie et tenta de me tirer du lit, sur quoi je vomis à ses pieds – et en partie dessus, ce qui me causa une vive satisfaction.
    Elle sortit sur la pointe des orteils, abandonnant ses chaussures souillées avec des exclamations de dégoût, et appela Matthew. Il était resté pour la nuit, dans l’intention de m’accompagner lui-même à Withysham. Il vint à mon chevet et observa, consterné, mon front plissé de douleur et mon teint verdâtre.
    — Ursula ! Que se passe-t-il ?
    — Une migraine… murmurai-je, fermant à demi mes yeux blessés par la lumière. J’en ai quelquefois. Cela passera.
    — Comment la soulager ? Il doit exister un remède ! Avait-elle ces crises lorsqu’elle vivait ici ? demanda-t-il à Tante Tabitha. Que faisiez-vous, en pareil cas ?
    Ma tante n’avait jamais fait grand-chose, mais à Cumnor, Dale avait essayé avec quelque succès un remède appris d’une précédente maîtresse atteinte du même mal.
    — Une infusion de camomille pourrait l’aider, intervint-elle.
    — Avez-vous de la camomille ? demanda-t-il à ma tante.
    — Nous en cultivons.
    — Allez aux cuisines et faites-en préparer ! ordonna Matthew à Dale.
    Tandis qu’elle sortait, je demandai à Matthew d’une voix faible :
    — A-t-on fait quérir Bridget ?
    — Oui, répondit Tante Tabitha, ulcérée. Il semble que nous devions laisser ton enfant retourner dans cette masure avec sa souillon. Ton oncle insiste.
    Elle voulait dire que Matthew avait insisté et qu’Oncle Herbert s’exécutait. Cette pensée me procura un certain plaisir.
    — Dès que Bridget viendra, je veux la voir. Je souhaite lui parler de nous et lui donner des instructions concernant Meg. Il y aura des vêtements à lui confectionner avant qu’elle nous rejoigne, et beaucoup d’autres détails à régler.
    Je ne voulais pas m’asseoir, car au moindre mouvement, même le simple effort de hausser la voix, les coups sur mon crâne redoublaient de fureur, mais je tendis la main pour agripper la manche de Matthew.
    — Si malade que je sois, je dois voir Bridget !
    — Je lui dirai de se laver, si c’est ce qui t’inquiète, dit ma tante en reniflant.
    — D’autres choses. Beaucoup d’autres. Je suis la mère de Meg, m’obstinai-je, en dépit de ma souffrance et de ma faiblesse.
    — Nous pourrions passer à Westwater après le mariage, et alors vous lui diriez tout, suggéra Matthew. Je vous assure qu’elle y ramènera Meg aujourd’hui, selon votre désir.
    — Je dois voir Bridget ! chuchotai-je frénétiquement.
    — Chut…
    Il se tourna une fois encore vers ma tante.
    — Il nous faut contenter la malade. Puisqu’elle veut voir la nourrice, elle la verra.
    Dale revint vite avec un gobelet fumant. Elle apportait aussi une cuvette, ce qui était aussi bien, car dès que j’eus avalé la tisane, je rendis tout.
    Ainsi s’égrenèrent les heures. Sitôt arrivée, Bridget fut conduite à ma chambre et je lui donnai de nouvelles instructions. Aujourd’hui, avec le recul, je me demande comment je parvins à surmonter ces vagues de douleur.
    On amena Meg pour me dire au revoir. Je l’embrassai et lui expliquai que, bien que souffrante, j’irai bientôt mieux et qu’en attendant, elle allait retourner dans la chaumière avec Bridget. Elle devait être sage ; sous peu, j’enverrais quelqu’un la chercher. Alors Bridget l’emmena, et je retombai sur mon lit.
    Tante Tabitha et Dale restèrent auprès de moi. Mon oncle ne parut pas une seule fois. Matthew quitta la pièce, disant que j’avais besoin de calme, mais il revint de temps en temps, visiblement inquiet. Je commençais aussi à m’alarmer. Dans l’après-midi, je n’avais plus rien dans l’estomac et ne vomissais que de la bile. Mes muscles étaient endoloris comme si l’on m’avait bourrée de coups.
    Enfin, ma tante s’en alla à son tour. Elle était restée à mon chevet dans le seul espoir que je me remettrais et quitterais la maison. Elle avait émis quelques remarques aigres sur les nièces ingrates qui n’invitaient pas leurs protecteurs à leur mariage, mais je crois qu’au fond, cela ne lui importait guère. Elle voulait surtout se débarrasser de moi. J’aurais été tout aussi heureuse d’être débarrassée d’elle, mais midi avait sonné depuis longtemps quand elle nous laissa seules, Dale et moi.
    Alors celle-ci, assise

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