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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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d’indiscrétion.
    Quand j’eus scellé la lettre, j’écrivis quelques lignes à l’intention de Bridget, puis je me mis en quête de John.
    Il était aux écuries. Lui qui avait commencé sa vie en tant que palefrenier semblait satisfait de renouer avec son premier métier. Il prenait soin d’Étoile et des autres chevaux que nous avions amenés et qui étaient restés à Cumnor. Je le trouvai assis sur un montoir, astiquant une bride en sifflotant. Ma commission lui fit oublier sa gaieté.
    — Vous écrivez à Cecil, madame ? s’étonna-t-il en me scrutant. Ça veut-il dire que quelque chose vous tracasse ?
    — Oui. J’ai besoin de conseils. Voudriez-vous revenir le plus vite possible ?
    Je me sentais mieux quand il était dans les parages. Il était si digne de confiance !
    — Je vais tâcher. J’espère que je trouverai tout de suite la cour.
    — Voici, de plus, une lettre pour Bridget. Il vous faudra la porter dans le Sussex et j’imagine que vous aurez envie de revoir votre sœur, mais, je vous en prie, ne tardez pas trop. Vous prendrez la réponse de Cecil au retour. Il se peut qu’il ait besoin d’un jour ou deux pour réfléchir.
    — Ne vous faites pas de souci, dame Blanchard ! recommanda John.
    Il partit moins d’une demi-heure plus tard. Je marchai à côté d’Étoile jusqu’à la route, après la maison du portier, afin de lui dire au revoir. Alors qu’il s’éloignait, il se retourna sur sa selle et ôta son bonnet pour un dernier adieu, les cheveux hérissés sous le ciel serein de septembre. Je l’enviais de pouvoir s’en aller par ce clair matin, alors que je devais retourner dans la chambre d’Amy, pleine de terreurs obscures et des miasmes de la maladie.
     
    Je trouvai Amy en larmes, assaillie par la souffrance et par un profond désarroi.
    — Je me meurs. Le Dr Bayly avait raison. Eh bien, Robin sera satisfait ! J’aimerais qu’il vienne me voir. Je n’aurais plus peur, maintenant. Peur de quoi ? S’il m’étranglait de ses mains, il ne ferait que me sauver du désespoir. Je voudrais en finir bien vite. C’est atroce. Ô Dieu ! Ô Dieu, c’est comme si une lance me transperçait !
    Les jours suivants, il y eut plusieurs autres scènes comme celle-là. Nous nous affairions tous autour d’Amy. Je me demandais de temps en temps si John avait trouvé Cecil et quand il reviendrait, mais j’étais trop préoccupée pour beaucoup y songer.
    Cependant, l’état d’Amy n’était pas le seul centre d’intérêt cette semaine-là. La foire d’Abingdon approchait et constituait un événement palpitant, attendu avec impatience. Le soleil était de retour ; les gens observaient le ciel et espéraient que le beau temps se maintiendrait.
    Je dis à Dale que j’étais heureuse que les servantes aient une journée de sortie, surtout les plus jeunes, car elles échapperaient ainsi à cette atmosphère sinistre. Dale me répondit que Forster et Mrs. Owen avaient donné le dimanche de congé à leurs propres domestiques, et que lui-même avait l’intention de se rendre à la foire ce jour-là. Comprenant à son ton douloureux qu’elle aussi avait envie d’y aller, je le lui accordai d’emblée. Pinto avait décrété qu’elle resterait à la maison et je décidai d’en faire autant.
    Le dimanche matin, Amy s’éveilla tôt ; elle se sentait assez bien pour se préparer et ordonna à Pinto de rassembler tous les serviteurs dans le salon. Là, d’un ton sans réplique, elle déclara que chacun d’entre nous, y compris Pinto et moi, irait à la foire aussitôt après l’église et ne rentrerait que le soir.
    — Mais, Lady Dudley !… protestai-je.
    — Ne discutez pas ! rétorqua-t-elle, presque farouche. Obéissez !
    Ensuite, Amy se traîna de l’autre côté de la maison pour faire savoir à Mrs. Owen et à Mrs. Odingsell qu’elles aussi devraient s’en aller. Toutes deux refusèrent. Mrs. Owen ne voulait pas qu’on l’ennuie (j’avais un jour entendu Roger Brockley, le palefrenier, remarquer qu’elle était si fainéante que pour qu’elle accepte de se déplacer, il aurait fallu une litière portée par six esclaves nubiens, ce qui était désobligeant, mais assez bien vu).
    Quant à Mrs. Odingsell, elle soutenait que le sabbat n’était pas un jour où les dames respectables se promenaient dans les foires. Le dimanche, les personnes décentes restaient chez elles à lire des ouvrages de dévotion.
    — Quelle ineptie !

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