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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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en criant un monticule de neige qu'ils avaient
constitué à grand peine les jours précédents.
     
    — Faut-il être
assez fou pour laisser des enfants jouer dehors par un froid pareil ?
poursuivit-elle en se dirigeant vers la fournaise du couloir pour y jeter un
peu de charbon. C'est des affaires pour attraper une pneumonie.
     
    En entendant la
voix de sa mère, Denise leva la tête de la feuille sur laquelle elle
crayonnait.
     
    Le mois de
janvier 1938 ressemblait en tout point à celui de l'année précédente. Les
Montréalais avaient eu à affronter trois grosses tempêtes en moins de deux
semaines avant que le mercure ne se mette résolument à dégringoler. Dans le
quartier, les accumulations de neige atteignaient près de cinq pieds de hauteur
et il était impossible de se déplacer sur les trottoirs non déblayés.
     
    La mère de
famille s'éloigna bientôt de la fenêtre et s'assura que Jean-Louis était bien
assis sur l'épaisse couverture déposée sur le linoléum avant de se remettre à
     
    son repassage. Un
bref coup de sonnette la fit sursauter. Elle déposa son fer sur le poêle et
alla soulever le rideau qui masquait la fenêtre de la porte. Elle aperçut alors
un couple d'inconnus.
     
    Coiffés d'une
tuque enfoncée jusqu'aux yeux, l'homme et la femme étaient pauvrement vêtus et
portaient chacun une petite valise cartonnée. Intriguée, Laurette laissa
retomber le rideau et se décida à entrouvrir la porte en prenant toutefois
garde de ne pas trop laisser pénétrer le froid à l'intérieur.
     
    — Oui?
demanda-t-elle.
     
    — Bonjour, je
suis Emile Parenteau, se présenta l'homme, qui semblait sérieusement gelé.
Est-ce que je suis ben chez Gérard Morin ?
     
    — Oui.
     
    — C'est mon
petit-cousin.
     
    — Ben, entrez,
offrit Laurette sans entrain, après un bref moment d'hésitation. Restez pas
dehors.
     
    Elle s'effaça
pour laisser entrer les visiteurs et s'empressa de refermer la porte derrière
eux. Elle se demandait où elle avait entendu parler d'Emile Parenteau, qu'elle
était certaine de n'avoir jamais rencontré auparavant. Elle n'eut cependant pas
à s'interroger bien longtemps. L'homme reprit la parole en déboutonnant son
épais manteau brun.
     
    — Je sais pas si
vous vous en souvenez, vous avez rencontré mon père et ma mère aux noces de la
sœur de Gérard, l'automne passé.
     
    Laurette se
souvint immédiatement de qui il s'agissait et, surtout, de l'offre qu'elle
avait formulée un peu à la légère d'accueillir leur fils et leur bru quand ils
viendraient s'installer à Montréal.
     
    — Ah oui, je me
rappelle, se contenta de dire l'hôtesse en ne manifestant aucun enthousiasme.
Bon. Restez pas
     
    plantés comme des
piquets dans le corridor. Ôtez vos manteaux et vos bottes et venez vous asseoir
dans la cuisine.
     
    Emile Parenteau
la remercia tout en s'exécutant alors que Laurette les observait.
     
    Le petit-cousin
de Gérard semblait âgé d'une trentaine d'années. L'homme de taille moyenne
possédait un visage en lame de couteau surmonté d'une chevelure clairsemée. Sa
pomme d'Adam saillante était ce qui attirait le plus le regard. Elle semblait
dotée d'une vie propre dès que son propriétaire parlait.
     
    — J'ai oublié de
te présenter ma femme Angelina, fit ce dernier d'une voix traînante en se
tournant vers sa compagne qui achevait d'enlever son manteau.
     
    Laurette nota
immédiatement que le visiteur était passé au tutoiement familier. Elle examina
la jeune femme qui n'avait pas encore ouvert la bouche. Ses cheveux bruns
frisottés encadraient un petit visage triangulaire. Elle était beaucoup plus
menue qu'elle avait semblé l'être, engoncée dans son lourd manteau noir.
     
    — Bonjour,
Laurette, dit-elle en esquissant un petit sourire timide.
     
    — Bonjour,
Angelina. Venez, répéta Laurette en se dirigeant vers la cuisine tout en
poussant devant elle la petite Denise qui était venue la rejoindre.
Assoyez-vous, j'ai du thé ben chaud.
     
    Avant de la
suivre, ses visiteurs repoussèrent leurs valises contre l'un des murs de
l'étroit couloir.
     
    Laurette sortit
des tasses de l'armoire et versa le thé qu'elle tenait pratiquement en
permanence sur le poêle durant l'hiver. Pendant ce temps, Jean-Louis avait
quitté sa couverture et s'était approché d'Angélina Parenteau en lui tendant
les bras. Cette dernière s'empressa de l'asseoir sur ses genoux et de le
câliner.
     
    — Lui, on peut
dire qu'il a le tour

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