Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
Vom Netzwerk:
route et gagnons le château de feu monsieur Geoffroy de Lanteaume où se tiendra l’assemblée extraordinaire des plus grands noms deFrance. Une assemblée qui passera dans les mémoires sous le nom de la Cabale des Importants.
    Décor pittoresque pour une réunion aux flambeaux. Un inconnu dans la place…
    « J’arrive de bonne heure.
    J’ai posté mon cheval à quelques centaines de pieds du château sinistré.
    La place étant envahie par une végétation sauvage, je n’ai pas eu de mal à trouver une cache naturelle qui puisse me permettre d’écouter ce qui sera dit, sans craindre d’être vu.
    Après quelques longues minutes d’attente, le soleil se couche.
    Une douce soirée s’avance. Une soirée de printemps. Les dernières lueurs de ces jours qui rallongent sont les plus belles. Elles jettent des ombres magnifiques sur les créneaux décharnés, sur les donjons ouverts aux quatre vents.
    Soudain, j’entends une rumeur, venue de loin.
    Elle s’approche et s’amplifie.
    Ce sont les carrosses et les escortes. De lourds équipages et des dizaines de cavaliers armés jusqu’aux dents arrivent par diverses routes, de conserve. Ils semblent répondre d’un même élan à l’appel d’un maître invisible.
    Les étoiles illuminent désormais la voûte céleste. Des corbeaux s’envolent, des chouettes hululent. La pleine lune brille comme un soleil.
    Tout protégé que je suis derrière cet épais buisson, profond et touffu, je sens mon cœur s’accélérer. Le simple bruit d’un tel cortège montre sa puissance. Et sa puissance impressionne.
    Les carrosses se rangent de part et d’autre, les cavaliers forment une haie d’honneur, ils gardent les entrées. Des lueurs de flambeaux illuminent la place.
    Je sais ce qui m’attend si je viens à être repéré, puis saisi.
    Le prisonnier serait torturé, questionné, écorché vif ou peut-être écartelé. Ces grands seigneurs aiment les sensations fortes.
    Une ronde se forme.
    Il y a sans doute des femmes dans cette assemblée extraordinaire, mais celles-ci ont pris au sexe fort son habit guerrier, sonpanache, sa cape de velours et ses bottes aux éperons d’argent. Toutes les intrigantes, tous les cabaleurs sont masqués.
    Cette précaution me semble dérisoire. Pourquoi ne pas se rencontrer à visage découvert puisque c’est une réunion de vieux amis ?
    La réponse arrivera plus tard.
    Pour l’heure, on ne tarde pas à exposer ses plans.
    L’orateur qui prend la parole est encore monseigneur de Gondi, du moins je le présume. L’évêque n’est pas venu en soutane, mais armé de pied en cap. Vêtu d’un pourpoint brodé, l’épée rangée sous une écharpe de soie rouge, coiffé d’un feutre à larges bords, aux plumes écarlates, il a fière allure.
    — Mes amis, nul ne l’ignore, le roi notre maître va bientôt rendre l’âme. Ses jours sont comptés. Que va-t-il advenir ensuite ? Allons-nous laisser ce « gredin de Sicile » gouverner la France ? Monsieur de Mazarin est un fin séducteur. Il est parvenu, vous ne l’ignorez pas, à s’allier la complicité de la reine, à mon grand regret.
    Il faut couper la tête à ce serpent qui ne cesse de croître en pouvoir et en ambition. Il s’enrichit chaque jour davantage, multiplie les achats et les dépenses, tandis qu’ailleurs, à la porte du palais, aux frontières des remparts de la Ville, la population aux abois appelle à la délivrance ! Prêtons serment devant Dieu d’engager toutes nos forces à la ruine de cet homme !
    Les comploteurs jurent d’une même voix.
    Une prière en latin sanctifie le serment, bénit l’association.
    Puis l’orateur reprend son sermon :
    — Aux grands maux, les grands moyens. Avant que cette plaie qui ronge l’État ne dévore davantage, agissons. Par la manière douce ou la manière forte. Le poison ou le coup de feu. Monsieur de Mazarin apprécie à sa juste valeur le travail des artistes. Ce grand acheteur au petit nom a le goût du luxe, du beau et du meilleur. Eh bien soit, nous lui offrirons l’excellence. Mais tenez… Voici justement que j’entends venir de Rome une femme maîtresse en sa partie.
    La scène de monsieur de Gondi est bien agencée.
    En effet, un nouveau carrosse fait son entrée.
    L’équipage est noir, mais la femme qui sort de la voiture, elle, est toute de blanc vêtue.
    Elle est éblouissante. D’une distinction parfaite, d’un maintien altier, elle ne jure en rien près de ces princes de sang, près de

Weitere Kostenlose Bücher