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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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cesseigneurs de la guerre, forts de leur autorité naturelle, emplis d’une superbe légendaire.
    Aux côtés de l’empoisonneuse se tient un compagnon de route, il porte une canne sous le bras. Il est habillé sobrement, sans recherche. Son visage est à moitié défiguré. La face épargnée montre les traits d’un individu qui devait être bel homme en son temps. Il a aujourd’hui une cinquantaine d’années.
    L’Italienne et son complice sont entourés par des gardes. Elle ne vient pas de son plein gré. Les masques sont pour elle. On veut conserver l’anonymat devant l’étranger.
    — Mesdames, messieurs, laissez-moi vous présenter madame Lucia Desdémone. À ses côtés, monsieur César Ravier, dit Altus, savant alchimiste, astrologue renommé.
    L’Italienne s’avance vivement devant cette assemblée immobile qui lui fait face. Elle s’exprime dans un français remarquable, avec une pointe d’accent qui donne tout son charme à ce timbre de voix chaud, clair et coloré.
    — Que signifie ce théâtre ? Cette mascarade ?
    Le maître de cérémonie s’approche et s’explique :
    — Je conçois que vous soyez décontenancée. Oui, il flotte ce soir un parfum de célébration. La fête est dans l’air. Bientôt, grâce à vous, un triste sire passera le pas, et notre royaume sera délivré de son pire fléau. Nous pourrons alors laisser éclater toute notre joie, joindre à notre réunion des notes de musique, des chanteurs d’opéra, des cracheurs de feu !
    — Vous faites erreur, je ne suis pas venue en France pour être chassée aussitôt. D’autres crimes me feraient d’autres ennemis.
    — Mais vous n’avez guère le choix, madame. Vous êtes menacée, n’est-ce pas ?
    L’Italienne prend son temps avant de répondre :
    — Vous êtes bien informé.
    — Le Conseil des Dix, à Venise – organisation puissante et occulte, qui a ses entrées au Vatican –, le Conseil des Dix veut votre tête. Il y mettra le prix.
    — Je suis recherchée, oui, mais je reste protégée.
    Un comploteur sort du rang, pour se placer aux côtés de monseigneur l’évêque.
    Je ne parviens pas à l’identifier. L’homme prend la parole :
    — Par la garde des Lombards, peut-être ?
    L’Italienne se raidit. Elle cache son trouble.
    — En effet, répond-elle.
    — Hélas, je dois vous dire que cette garde ne vous suit plus. Elle vous tenait escorte, au loin, gardant ses distances, pour mieux voir venir ce danger qui pouvait se rapprocher. En toute logique, ils devraient apparaître dans cette cour. Mais ils n’en feront rien. Nous les rencontrâmes, un peu plus tôt.
    — Expliquez-vous.
    — J’y viens, j’y viens, reprend l’homme masqué. La banque est la banque. Ces messieurs les Lombards vous offraient une garde en échange de ces biens qu’ils étaient chargés d’administrer. Mais si riche que vous êtes, nous le sommes plus encore. Nous passâmes accord avec ces gens qui ont le bon goût de ne pas mêler les sentiments aux affaires d’argent. Vous êtes donc à notre merci. Nous vous offrons la sécurité à condition que vous consentiez à répondre à nos prières. Exaucez-les et nous saurons vous témoigner notre gratitude avec largesse, c’est entendu. Nous sommes bons chrétiens et nos offrandes s’en ressentent.
    L’Italienne est piégée. Elle doit rendre les armes.
    — Et ce travail, en quoi consiste-t-il ?
    — Il s’agit du cardinal de Mazarin.
    Un silence de mort suit la condamnation.
    Desdémone accuse le coup.
    Ce contrat qu’on lui soumet n’est rien moins qu’un coup d’État.
    — Ce sera très cher, dit-elle enfin.
    — Mais avec joie. Nous vous laissons quinze jours pour accomplir votre mission. Quant à la méthode, au moyen d’approcher le cardinal, vous avez libre cours. Surprenez-nous.
     
    Je me frotte les mains. Je ne suis pas venu pour rien.
    Il n’est pas la peine d’en dire plus.
    Le silence de l’Italienne vaut un consentement. On la laisse donc repartir sur sa route et gagner Paris, centre de l’univers.
    La réunion, pourtant, n’est pas finie. Un membre de l’assemblée se fait entendre.
    — Monsieur notre ami, vous disiez qu’il y avait deux méthodes. La douce et la forte.
    — Oui, répond Gondi. La douce d’abord. Les femmes ont la préférence. L’Italienne est notre premier atout. Voici le second.Nous sommes un peu chez lui. Oui, il s’agit de monsieur Hippolyte de Lanteaume. Ce maître brigand n’attend qu’une chose : l’heure de

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