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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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L’intention est claire. Edmond n’est pas censé savoir tout ce qu’il sait… Mais don Juan, lui, joue cartes sur table. Du reste, il devait avoir quitté le pays. Bref, voici l’occasion de faire son rapport et de mettre les choses à jour. Une fois le pli scellé, il le tend au gentilhomme en poursuivant :
    — Le cardinal prendra les dispositions nécessaires. Plutôt que d’entrer à couvert dans Paris, dans le monde, dans la lumière, comme des voleurs ou des coupables, nous arriverons en grand appareil, sous escorte, de face, ainsi qu’une armée victorieuse de retour chez elle. Par ailleurs, rue Saint-Sauveur, une mère compte les heures, en se tournant les sangs, courez lui apporter l’heureuse nouvelle : sa fille est sauve. Elle vient, elle sera là ce soir, pour la pièce. Qu’elle se prépare, qu’elle se fasse belle, qu’elle sèche ses larmes et qu’elle porte du rouge à ses lèvres. Cette soirée sera la plus belle de sa vie. Et qu’elle se rassure, dites-lui bien que je renonce à mes prétentions. Je garde ma liberté, je lui rends la sienne. Allez, monsieur !
    Trêve
    Edmond ne perd pas un instant, cette mission l’honore. Il s’en acquittera avec zèle et diligence. Mais à peine est-il monté à cheval que l’Alouette, qui n’a rien perdu de la conversation, questionne l’aventurier. Elle est manifestement fort troublée.
    — Que vouliez-vous dire, au sujet de vos prétentions ?
    L’aventurier répond avec franchise :
    — J’avais exigé votre main pour prix de votre retour.
    — Vous vouliez m’épouser ?
    — Pas sans votre consentement, cela va sans dire.
    — Vous plaisantez ou vous êtes sérieux ?
    — Je ris de tout mais je ne profane pas ce qui est sacré. Rien de plus sacré qu’un mariage. Le mariage, c’est l’amour couronné d’une étoile.
    — Mais pourquoi, à présent, revenir sur votre vœu ?
    — Parce que je viens de découvrir qui vous êtes et que je ne peux faire oublier ce que je suis.
    — Mais moi, savez-vous ce que je veux ?
    — Je préfère ne pas l’entendre.
    — Si vous renoncez si facilement, c’est que vous n’aimez pas vraiment.
    — Croyez-moi, belle Alouette , l’épée qui tranche doit frapper net.
    — Tout cela, dit la frondeuse, pleine de rage, c’est de sa faute, de sa faute à lui, le cardinal ! Il n’est rien pour moi. Hier, c’était mon ennemi, aujourd’hui, c’est mon bourreau, un étranger, unhomme rouge qui porte sur lui le sang des miens ! Mais il n’aura pas mon bras, ni mon cœur, qu’il garde ses offrandes et ses projets d’avenir. Je ne passerai pas cette robe, je ne monterai plus dans ce carrosse ! S’il faut fuir, redevenir l’oiseau des bois, voler pour vivre, vivre pour voler, mais voler dans le ciel, plutôt que se cogner les ailes aux barreaux d’une cage, si dorée soit-elle, eh bien, je fuirai et je vous emmènerai avec moi !
    — Vous parlez ainsi parce que vous ne le connaissez pas. Votre bourreau, dites-vous ? Si vous saviez tout ce que ce bourreau a fait pour moi… même s’il n’en réclamera jamais le paiement, je suis en dette avec votre père. Au fond, les choses sont bien faites. Nous avons du temps, quelques heures, presque une journée, ce temps-là personne ne viendra nous l’enlever, c’est nous qui le volons à l’impossible.
    L’aventurier quitte les bras de la jeune frondeuse et va réveiller Belles-Manières qui ronfle à grand bruit.
    — Monsieur Mathieu, dit-il en tendant sa bourse, que diriez-vous d’aller frapper à la porte de l’auberge la plus proche, de nous ramener du vin, des vivres, tout ce que vous pourrez trouver, tout ce que vous pourrez porter. Diable, les émotions donnent faim, nous allons nous offrir une trêve, boire, rire, manger, dormir une petite heure.
    Le brigand est déjà en selle, il nous quitte.
    L’aventurier nous invite à prendre place, et il termine :
    — Mais sans attendre, accueillons celui qui nous a tous réunis. Il est temps, belle Margaux, de faire connaissance. Je vais te parler de ton père, du cardinal, te dire comment Giulio Mazarini devint mon ami, le plus fidèle et le plus admirable des protecteurs que j’aie rencontrés. »

Une autre fois
    Cette histoire, d’Artagnan ne la racontera pas. Du moins pas maintenant, pas au château de Saint-Germain.
    Il la garde sous le manteau, dans sa musette.
    C’est pourtant une belle histoire que l’histoire de cette rencontre et des aventures qui s’ensuivirent, il serait navrant

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