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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’Amhar. On m’avait ôté mon armure ainsi qu’un mince torque d’or
que je portais au cou, mais les ennemis n’avaient pas trouvé la broche de
Ceinwyn épinglée sous mon justaucorps. Ils étaient en train de décapiter mes
lanciers. « Bâtard », crachai-je à Amhar, mais il se contenta de
sourire et de retourner à sa macabre occupation. Il trancha l’épine dorsale d’Eachern
avec Hywelbane, puis saisit la tête par les cheveux et la lança sur la pile qui
s’entassait dans une cape. « Belle épée, me dit-il en soupesant Hywelbane.
    — Alors,
sers-t’en pour m’envoyer vers l’Autre Monde.
    — Mon
frère ne me pardonnerait pas d’avoir montré tant de miséricorde », dit-il,
puis il nettoya la lame de mon épée sur sa cape loqueteuse et la remit au
fourreau. Il fit signe à trois de ses hommes d’avancer et tira un petit couteau
de sa ceinture. « Au Mynydd Baddon, me dit-il, tu m’as traité de bâtard,
de roquet, et de chiot infesté de vers. Crois-tu que je sois homme à oublier
des insultes ?
    — On n’oublie
jamais la vérité, lui répondis-je, mais je dus me forcer pour donner un accent
de défi à ma voix, car mon âme était épouvantée.
    — Ta
mort, on ne l’oubliera certes pas, mais pour le moment, tu devras te contenter
des attentions d’un barbier. » Il fit un signe de tête à ses hommes.
    Je me
débattis, mais les mains liées, la tête m’élançant encore, je ne pouvais pas
faire grand-chose pour leur résister. Deux hommes me plaquèrent contre le tas
de fumier, un troisième me tenant par les cheveux m’immobilisa la tête pendant
qu’Amhar, le genou appuyé sur ma poitrine, me coupait la barbe. Il le fit sans
ménagements, m’enfonçant son couteau dans la chair à chaque coup, et il lança
les poignées coupées à l’un de ses hommes souriants qui démêla les poils et en
tressa une corde courte. Puis il en fit un nœud coulant et me le passa autour
du cou. C’était l’insulte suprême infligée au guerrier captif, l’humiliation de
porter une laisse d’esclave faite avec sa propre barbe. Quand ils eurent fini,
ils se moquèrent de moi, puis Amhar me releva en tirant sur la laisse. « Nous
avons infligé la même chose à Issa, dit-il.
    — Menteur,
rétorquai-je d’une voix faible.
    — Et nous
avons obligé sa femme à regarder, dit Amhar avec le sourire, puis nous l’avons
lui aussi forcé à regarder pendant que nous nous occupions d’elle. Ils sont
tous deux morts maintenant. »
    Je lui crachai
à la figure, mais il se contenta de rire. Je l’avais traité de menteur,
pourtant je le croyais. Mordred avait efficacement préparé son retour en
Bretagne. Il avait fait courir la nouvelle de sa mort imminente pendant qu’Argante
envoyait par bateau sa réserve d’or à Clovis qui l’avait libéré. Mordred était
passé en Dumnonie et maintenant il tuait ses ennemis. Issa était mort, je n’en
doutais pas, ainsi que la plupart de ses lanciers, et ceux que j’avais laissés
en Dumnonie étaient morts avec eux. J’étais prisonnier. Seul restait Sagramor.
    Ils
attachèrent ma laisse en poils de barbe à la queue du cheval d’Amhar, puis me
firent marcher en direction du sud. Les quarante lanciers faisaient semblant de
m’escorter, riant lorsque je trébuchais. Ils traînèrent dans la boue la
bannière de Gwydre liée à la queue d’un autre cheval.
    Ils m’amenèrent
à Caer Cadarn et, une fois là, me jetèrent dans une cabane. Ce n’était pas
celle où nous avions emprisonné Guenièvre, tant d’années auparavant, mais une
bien plus petite avec une porte basse que je ne pus franchir qu’en rampant,
poussé par les bottes et les hampes des lances de ceux qui m’avaient capturé.
Je pénétrai à quatre pattes dans la pénombre de la hutte et là, je vis un autre
prisonnier, un homme amené de Durnovarie, et dont le visage était rougi par les
larmes. Il ne me reconnut pas tout de suite sans ma barbe, mais alors il
hoqueta d’étonnement. « Derfel !
    — L’évêque »,
dis-je d’une voix lasse, car c’était Sansum, et nous étions tous deux
prisonniers de Mordred.
     
    *
     
    « C’est
une erreur ! Je ne devrais pas être ici !
    — C’est à
eux qu’il faut le dire, pas à moi, répondis-je en montrant, d’un brusque
mouvement de tête, les hommes qui montaient la garde à l’extérieur.
    — Je n’ai
rien fait. Que servir Argante ! Et regarde comment ils me

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