Excalibur
adorer
Nantosuelta.
— Qui ça ?
demanda Ceinwyn.
— Une
déesse », répondit négligemment Culhwch. Il y avait tellement de dieux et
de déesses qu’il était impossible, si l’on n’était pas druide, de les connaître
tous et ni Ceinwyn ni moi n’avions jamais entendu parler de celle-là.
Nous ne vîmes
ni Arthur ni Argante jusqu’au moment où, à la nuit tombée, Hygwydd nous
convoqua tous dans la cour éclairée par des torches imprégnées de poix qui
brûlaient dans leurs supports de fer. Je me souvins de la nuit de Merlin et de
tous ces gens emplis d’une crainte révérencielle qui tendaient leurs bébés
malades et estropiés vers Olwen l’Argentée. Maintenant une assemblée de
seigneurs et de dames attendaient, l’air embarrassé, de chaque côté du cerceau
tressé, tandis qu’au fond, sur une estrade, on avait disposé trois fauteuils
drapés de lin blanc. Un druide se tenait à côté du dispositif et je me dis que
ce devait être celui qu’Argante avait fait venir du royaume de son père. C’était
un petit homme trapu dont la barbe noire tressée s’ornait de touffes de poils
de renard et de petits os. « Il s’appelle Fergal, me dit Galahad, et il
déteste les chrétiens. Il a passé tout l’après-midi à lancer des incantations
contre moi, puis Sagramor est arrivé et il a failli s’évanouir d’horreur. Il
croyait que c’était Crom Dubh en personne. » Galahad rit.
Il était de
fait que Sagramor, vêtu de cuir noir, ceint de son épée au fourreau noir,
aurait pu être ce dieu sombre. Il était venu à Lindinis en compagnie de Malla,
son épouse saxonne, une grande femme placide, et tous deux se tenaient à l’écart.
Le Numide vénérait Mithra, mais n’avait que faire des Dieux bretons, alors que
Malla priait toujours Woden, Eostre, Thunor, Fir et Seaxnet, les dieux de son
peuple.
Tous les chefs
de guerre d’Arthur étaient là et, tandis que nous l’attendions, je pensais aux
absents : Cei, camarade d’enfance d’Arthur du lointain Gwynedd, massacré
par les chrétiens à Isca, lors de la rébellion, et Agravain, commandant de la
cavalerie d’Arthur, mort durant l’hiver, emporté par une fièvre. Balin avait
repris la fonction d’Agravain et amené trois épouses à Lindinis, ainsi qu’une
bande de petits enfants râblés qui fixaient, horrifiés, Morfans, l’homme le
plus laid de Bretagne, dont le visage nous était maintenant si familier que
nous ne remarquions plus son bec de lièvre, son cou goitreux ou sa mâchoire
tordue. Excepté Gwydre, encore adolescent, j’étais sans doute le plus jeune et
m’en apercevoir me troubla. Nous avions besoin de nouveaux chefs de guerre et
je décidai sur-le-champ de donner à Issa sa propre troupe dès que la guerre
avec les Saxons serait terminée. Si Issa y survivait. Si moi, j’y survivais.
Galahad
veillait sur Gwydre et tous deux vinrent se poster à côté de Ceinwyn et moi.
Galahad avait toujours été bel homme, mais maintenant qu’il atteignait la
maturité, sa beauté s’imprégnait d’une dignité nouvelle. Sa chevelure dorée
grisonnait et il portait maintenant une barbiche pointue. Nous avions toujours
été proches, mais en cet hiver difficile, il l’était probablement plus d’Arthur
que de quiconque. Galahad n’avait pas été témoin de sa honte et cela, ainsi que
sa sympathie tranquille, rendait sa présence tolérable à notre chef. Ceinwyn
lui demanda comment allait Arthur, à voix basse afin que Gwydre ne puisse pas entendre.
« J’aimerais bien le savoir, répondit Galahad.
— Il est
certainement heureux, fit observer mon épouse.
— Pourquoi ?
— Il a
une nouvelle épouse ? » suggéra-t-elle.
Galahad
sourit. « Quand un homme entreprend un voyage, chère Dame, et qu’on lui
vole son cheval en cours de route, souvent il en achète un autre beaucoup trop
vite.
— Et ne l’enfourche
pas après, paraît-il ? glissai-je sans ménagement.
— Tu as
entendu dire cela, Derfel ? » répondit Galahad sans confirmer ni
rejeter la rumeur. Il sourit. « Le mariage reste un tel mystère pour moi. »
Il ne s’était jamais marié. En fait, il était resté comme l’oiseau sur la
branche depuis que les Francs avaient envahi Ynys Trebes, son pays natal. Il
vivait en Dumnonie et avait vu une génération d’enfants devenir adultes, mais
il semblait toujours en visite. Il disposait de quelques pièces dans le palais,
à Durnovarie, mais se contentait de peu de
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