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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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toute façon, au pire il risquait de mettre à mal quelques coutures.
    Arrivé dans la grande salle, l'homme s'accrocha à l'escalier, une curieuse échelle fixée à la verticale contre un pan de mur, afin d'effectuer des exercices d'assouplissement. Ce point de vue lui permettait de faire du «repérage». Deux autres personnes plutôt jeunes, en autant qu'il puisse en juger à cette distance, affublées d'un simple tricot de corps et d'un pantalon de toile, se trouvaient en ces lieux. Le beau temps n'encourageait pas l'affluence. Ils tentèrent d'abord avec un succès très relatif de jongler avec des massues de gymnastes, puis se lancèrent un ballon de cuir suffisamment lourd pour que chacun au moment de le recevoir, reculât d'un pas.
    En nage après avoir passé une demi-heure à relever ses jambes le plus haut possible, pendu au bout de ses bras au barreau le plus haut de l'espalier, Alfred s'approcha d'eux afin de continuer ses efforts sur une petite machine qui permettait de ramer pendant des heures sans avancer d'un pouce. Les jeunes hommes continuaient leurs jeux, échangeant parfois des paroles à voix basse en regardant dans sa direction. Un premier contact avait été établi, la suite des choses leur appartenait: l'un ou l'autre, ou les deux, devrait faire le prochain pas.
    Celui-ci se fit quelques minutes plus tard, quand l'un d'eux s'approcha en disant:
    —    Monsieur, à quoi sert ce panier accroché au mur ?
    Il devait avoir dix-neuf ou vingt ans, grand, mince, musclé à en juger par la poitrine et les bras bien découpés par le tricot. Son accent anglais le reliait au Royaume-Uni. Sans doute l'un de ces enthousiastes désireux de visiter l'Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais, comme l'enseignaient les manuels de géographie à tous les petits Canadiens. Si le dominion d'Amérique offrait moins d'exotisme que l'Inde ou l'Afrique du Sud, le territoire recelait certainement moins de dangers.
    —    C'est un jeu, le basket-ball.
    —    Je n'en ai jamais entendu parler.
    —    Il a été créé dans un YMCA du nord des Etats-Unis, il y a cinq ans déjà. Son inventeur est un médecin canadien, Naismith, désireux d'occuper les jeunes gens quand le mauvais temps, l'hiver, les empêche de sortir. Cette activité est devenue très populaire dans les écoles secondaires du pays voisin.
    C'était une longue explication. Le jeune homme demanda bientôt :
    —    Vous nous montrez comment cela se joue ?
    —    Si vous voulez... Je m'appelle Alfred.
    Le chef de rayon tendit la main, l'autre la prit en disant :
    —    Matthew. Mon camarade s'appelle Andrew.
    Les « Comment allez-vous ? » auxquels personne n'attendait de réponse se succédèrent, puis Alfred chercha un ballon dans des boîtes rangées contre le mur. Pendant quelques minutes, il essaya de présenter un résumé des règles, commença à dribbler en les contournant pour lancer en direction du panier. La manœuvre se répéta encore deux fois sans que les autres ne sachent vraiment comment réagir, puis Matthew réussit à s'emparer du ballon, l'échappa en essayant de le faire rebondir sur le sol, le reprit et le lança à son tour vers la cible accrochée au mur du fond, sans succès.
    Après quelques minutes à s'agiter sur le parquet, tous les trois se lassèrent d'un jeu dont aucun ne connaissait vraiment les usages. Le chef de rayon déclara :
    —    Je ne suis pas vraiment vêtu pour ce genre d'exercice. Je vais prendre une douche.
    Les deux jeunes hommes se consultèrent du regard, Andrew haussa les épaules et se dirigea vers les appareils de musculation poussés contre un mur. Matthew regarda vers le sol, planta ses yeux dans ceux de l'homme et murmura :
    —    Je crois que je vais y aller aussi.
    Les douches se trouvaient dans une salle attenante au vestiaire. Les deux hommes quittèrent leurs vêtements en silence, sans se regarder, le premier à l'extrémité de la pièce, le second à l'autre bout. Une serviette autour des reins, ils se dirigèrent vers les cabines individuelles. De toute façon, l'arrivée du vieillard chargé de faire le ménage les empêchait maintenant de se livrer à la moindre privauté.
    L'excitation donnait la chair de poule à Alfred, les poils se dressaient sur ses bras, l'air semblait se charger d'électricité. Après quelques minutes sous un jet d'eau froide, les sens apaisés, il revint vers son casier pour remettre ses vêtements toujours moites de

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