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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Ranulf et moi avions remarqué que la rue ne semblait pas avoir été balayée, malgré sa présence.
    Puddlicott sourit :
    — Quelle autre erreur ai-je commise ?
    Corbett lui saisit les poignets et regarda ses paumes.
    — Lorsque je t’ai serré la main chez de Craon, j’ai senti qu’il y avait anguille sous roche, mais ce n’est que plus tard que j’ai compris. Tu étais un jeune seigneur, ou plutôt c’était là le rôle que tu jouais. Or tes paumes étaient rugueuses et couvertes de cals, héritage d’une jeunesse dissipée autant que des heures passées à creuser dans le cimetière.
    Corbett remplit le gobelet de son prisonnier.
    — Et maintenant, les meurtres !
    Puddlicott se rencogna sur son siège.
    — Quels meurtres ?
    — Ceux des prostituées, du père Benedict et de Lady Somerville ! À notre avis, les filles ont été tuées à cause des orgies ; quant à Lady Somerville et au père Benedict, on a voulu les empêcher de parler.
    Puddlicott rit à gorge déployée.
    — Sir Hugh, je suis un voleur et une fripouille, certes. Si je pensais pouvoir vous tuer et m’en tirer, je le ferais. Mais des pauvres filles de joie, un prêtre âgé et une vieille dame aux cheveux gris ! Allons, allons !
    Il but une gorgée et son regard se durcit.
    — Un cachot confortable à Newgate, et je révèle un autre secret.
    Ranulf ricana :
    — Encore un peu, Messire, et il va marchander sa libération !
    — J’accepte, trancha Corbett. Mais c’est tout. Alors ?
    — J’ai vu quelque chose, la nuit de la mort du père Benedict. Je me reposais dans l’enceinte de l’abbaye après avoir creusé pendant des heures, lorsque soudain j’ai aperçu une haute silhouette qui s’avançait furtivement. Je l’ai suivie, intrigué. Elle s’est arrêtée près de la maison du chapelain et s’est penchée sur la serrure. Puis, discrète comme une ombre, elle s’est faufilée jusqu’à la fenêtre ouverte et a jeté quelque chose à l’intérieur. J’ai vu une flamme et j’ai deviné ce qui se passait. J’ai alors pris la fuite.
    — Et tu ne sais rien de plus ?
    — Non, sinon je vous en informerais.
    — Alors je te dis adieu.
    Corbett se leva et appela les gardes tandis que Puddlicott, la main crispée sur son gobelet, le vidait jusqu’à la dernière goutte.
    Le clerc observa les soldats qui attachaient méticuleusement les chaînes du prisonnier à leurs propres poignets.
    — Emmenez-le à Newgate ! leur ordonna-t-il. Il est l’hôte de la Couronne : qu’on lui donne le cachot le plus confortable et tout ce qu’il désire ! L’Échiquier réglera la dépense.
    Sur ce, il tourna les talons et quitta la taverne, emportant avec lui l’adieu chaleureux de Puddlicott.
    Édouard d’Angleterre, agenouillé sur le banc, près de la fenêtre, contemplait l’horizon au-delà des jardins de son palais de Sheen. Corbett et John de Warrenne, comte de Surrey, l’observaient avec défiance. Bien sûr, le roi avait été ravi. Les barons de l’Échiquier s’activaient déjà à décompter les pièces d’or et des clercs de haut rang avaient été dépêchés dans la salle du Trésor pour dresser un inventaire minutieux. L’argenterie royale avait fait l’objet de recherches sur les marchés londoniens et des troupes avaient été postées sur le domaine abbatial. Le monarque avait envoyé une lettre de vigoureuses protestations à son « cher frère », le roi de France, dans laquelle il déclarait Monsieur Amaury de Craon persona non grata et ajoutait que ce dernier s’exposerait aux rigueurs de la loi s’il remettait jamais les pieds en Angleterre. Corbett avait été récompensé : une croix celtique en or avec une chaînette d’argent pour Maeve, un gobelet d’argent rempli de pièces d’or pour la petite Aliénor. Le roi lui avait tapé sur l’épaule en l’appelant son clerc le plus loyal et fidèle. Mais Corbett se tenait sur ses gardes. Son souverain, en acteur consommé, passait aisément de la rage aux larmes, feignait la bonhomie, endossait le rôle de chef de guerre courageux ou de législateur implacable, ôtant ou mettant tous ces masques à sa guise. À présent, il arborait un calme olympien, mais Corbett percevait sa fureur devant ce qu’il considérait comme des actes de trahison, de sacrilège et de parjure.
    — Je pourrais envoyer Cade au gibet ! murmura-t-il par-dessus son épaule.
    — Sire, c’est un homme jeune et de peu d’expérience !

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