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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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secrète, également membre du MSR, se feront plus précises. Il a parfois eu à forcer l’accès de l’université « les armes à la main » (à la journaliste colombienne Gloria Gaitán). Soupçonné d’avoir participé, selon les sources, à deux, trois ou quatre guets-apens mortels contre des hommes du MSR, Fidel s’est toutefois vu innocenté par des « juges intègres ». Il est sûr qu’il échappa lui-même à plusieurs attentats. Fascinante est cette déclaration à l’hebdomadaire cubain
Bohemia
en 1956 : « Ceux qui voyaient leurs camarades assassinés voulaient les venger. Le blâme ne retombe pas sur ces jeunes gens qui, poussés par de naturelles exigences et par la mémoire d’une époque héroïque, avaient le désir de mener à bien une révolution inachevée. Nombreux sont ceux qui, victimes d’une illusion, sont morts comme des gangsters et qui aujourd’hui seraient des héros. »
    À peine plus d’un an après sa sortie de chez les jésuites, le 11 novembre 1946, Fidel apparaît pour la première fois à la une des journaux nationaux. L’occasion est la commémoration traditionnelle de l’exécution, trois quarts de siècle plus tôt, de huit étudiants patriotes par le colonisateur espagnol. Castro, qui vient de fêter ses vingt ans, prononce, dans un cimetière, son premier discours politique. Il y attaquefrontalement Grau. Il accuse tout d’abord le président de vouloir briguer un nouveau mandat, contre les dispositions de la Constitution de 1940. Le tir est bien ajusté : depuis l’indépendance de 1902, en effet, toutes les explosions politiques dans l’île (1906, 1917, 1920, 1933) ont eu lieu en réaction contre des chefs d’État « continuistes ». Castro enfourche un autre thème, également sensible, celui de la corruption. Plus précisément, le président Grau était attaqué après que, le 26 mars 1946, eut disparu « le diamant du Capitole » – une pierre enchâssée en 1929 sous le dôme du nouveau Parlement, pour marquer le « point zéro » des routes de l’île. L’ex-idole de la « génération des années 1930 » s’était mal défendue en cette affaire. Castro allait river ce clou !
    Désormais mordu par la politique, Fidel va prendre, en 1947, la carte d’un parti. Cette formation à laquelle il adhère dès sa fondation, le 15 mai, est le Parti du peuple cubain. Très anticommuniste, même si son idéologie emprunte surtout au fond commun « anti-impérialiste » (c’est-à-dire anti-nord-américain) de toute la gauche du sous-continent, le PCP se fait connaître comme le parti « orthodoxe ». L’« orthodoxie », ici, se comprend (comme « l’authenticité » revendiquée par les sympathisants de Grau) en référence à la pensée de José Martí. C’est l’un des « jeunes héros » de la révolution de 1933, Eduardo Chibás, surnommé « Edy », qui relève le drapeau. Il se fait le défenseur des petits
guajiros
des campagnes et des citadins pauvres qui l’ont porté au Parlement en 1944. Sa popularité devient vite immense. Il se fait le symbole d’une conception « propre » de la politique face aux « corrompus ». Il en vient à incarner les espoirs de tous les déçus « authentiques » qui ne veulent pas pour autant rejoindre les communistes.
    La jeunesse petite-bourgeoise est au premier rang : Fidel, rapporte Hugh Thomas, a prononcé un discours en faveur de Chibás, encore
auténtico
, dès septembre 1946. Dix mois plus tard, « Edy » créera sa formation au cri de « Honte à l’argent ! ». Parmi les cent personnes présentes au meeting de fondation, on ne voit qu’un seul étudiant, Fidel. Chibás croit, dès lors, avoir découvert en la personne du jeune homme un relais au message orthodoxe auprès des étudiants. De fait, Castro restera huit ans dans les rangs du nouveau parti – jusqu’à ce que, à lasuite des événements liés à l’attaque de la caserne Moncada en 1953, il fonde son propre mouvement, le M-26.
    Ce n’est donc pas une incartade. Mais on ne saurait non plus imaginer Fidel suivant docilement les impulsions d’un appareil. Au sein du parti de Chibás, il entreprend de créer un « courant » pour asseoir sa position à l’université. Il fonde une « Action radicale orthodoxe », plus véhémente que les Jeunesses orthodoxes. L’ARO publie un bulletin incendiaire, l’
Action universitaire
– à vrai dire peu lu. C’est ce mouvement qui agglutinera les jeunes gens sur lesquels Fidel fera fond lors

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