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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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jamais « adulte », Fidel ne croit pas mettre en péril sa respectabilité reconquise en excluant l’Amérique centrale de son nouveau code de conduite. Il continue de couver « ses » deux révolutions : celle, installée, du Nicaragua et celle, en lutte, du Salvador. Les sandinistes nicaraguayens ont été contraints à des accommodements avec la «
contra
». Longtemps tenu à bout de bras par Washington, cet adversaire est pourtant en perte de vitesse dans l’opinion américaine, notamment depuis la signature du plan de paix dit Esquipulas-II (ou plan Arias), en août 1987. Mais la crise économique qui étreint le Nicaragua est très grave, bien que Fidel accorde une aide importante au président Daniel Ortega. Mais, dès 1989, le
Lider
s’effare du tour « électoraliste » que le Front sandiniste imprime à sa révolution dans la foulée des accords de 1987. Fidel reporte alors ses espoirs sur le Salvador : le 11 novembre 1989, surlendemain de la chute du mur de Berlin, le Front Farabundo Marti lance contre le président d’extrême droite Cristiani une nouvelle « offensive finale », rendue plausible seulement du fait de livraisons d’armes cubaines.
    Mais ce sera un nouvel échec. Et de pires développements sont en route. Ainsi, à Panama, on assiste au pourrissement, depuis 1988, de l’affaire Noriega : l’homme fort de la République « canalière », ex-honorable correspondant de la CIA, est tombé dans le collimateur de Washington pour sa participation alléguée au trafic international de la drogue. Les tensions s’exaspèrent en 1989. Elles vont aboutir, le 20 décembre, à l’invasion de Panama par les
GI
. Fidel est d’autant plus furieux quela mission de La Havane dans la capitale centraméricaine sera bloquée une semaine. Mais que peut le
Lider
dans un monde où l’Union soviétique est devenue muette ? Il organise quatre jours de manifestations dans sa capitale, fustigeant l’arrogance de « l’empire ». L’île est touchée puisqu’elle perd là sa base de contournement de l’embargo, la zone libre de Colón, théâtre de lucratives activités, licites ou non, que l’affaire Ochoa a révélées à la face du monde. Presque autant que les évolutions en cours en Europe de l’Est, le coup d’État ordonnancé par le président Bush contre Panama impose à Cuba de repenser l’organisation de son commerce international.
    Quelques jours avant l’invasion de Panama, le 2 décembre 1989, a eu lieu, sur un navire au large de La Valette (Malte), le premier sommet Bush-Gorbatchev. L’échange le plus vif a porté sur l’Amérique latine. Le président américain a poussé son interlocuteur au largage, au moins militaire, de ses alliés cubains et nicaraguayens, qui conduirait aussi à désorganiser le FMLN salvadorien. Le mur de Berlin vient de tomber. Le secrétaire du PCUS, ébranlé, accepte : une semaine après La Valette, Moscou se prononce pour un « règlement politique » en Amérique centrale. Tant de revers conduisent Fidel à dire que « l’internationalisme » est un concept dépassé – alors que deux mille soldats cubains, chiffre qu’il donne ce 7 décembre, ont laissé leur vie depuis trente ans pour cette grande cause.
    Un malheur n’arrivant jamais seul, les élections au Nicaragua, prévues par le plan Arias, voient, le 25 février 1990, la défaite de Daniel Ortega face à la candidate conservatrice Violeta Chamorro. Fidel est stupéfait : sa propre « arrière-cour » craque. Il perd la base militaire qui lui permettrait de continuer une grande politique sur le continent. Mais quelle marge d’action lui reste-t-il dans ce chamboulement international ? Arrive ensuite, pour comble, le cessez-le-feu au Salvador, acquis par l’accord de Chapultepec (Mexico), le 16 janvier 1992. Dès lors, le Cubain n’aidera plus, modestement, jusqu’au règlement de 1996, que des guérilleros du Guatemala. Ainsi s’achève, pour Fidel, une autre épopée, parallèle à celle de l’Afrique, à laquelle il a consacré la moitié de sa vie, celle de l’Amérique latine.
Time
, l’hebdo américain fait, pour la quatrième fois, sa couverture sur Castro : « Un lion en hiver. »
    Avec l’entrée de Cuba dans le maelström provoqué par l’écroulement du camp socialiste, la prévision de Miami, de George Bush père et de la plupart des observateurs en France était une chute rapide de Fidel Castro. Or, cela ne se passera pas. L’explication en est certainement que

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