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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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de Téhéran, une commune hostilité envers les États-Unis. Le
Lider
va aussi s’efforcer d’intéresser au sort de son île un Mexique moins favorable que par le passé à son endroit. La Russie, elle, finira par reconnaître qu’elle peut trouver son intérêt à reprendre son ancien troc de pétrole contre du sucre, selon un ratio certes moins favorable à La Havane.
    Mais la Chine, devenue elle aussi un pays réprouvé, après la répression du mouvement démocratique étudiant au printemps 1989 place Tian’anmen, est la plus belle redécouverte de Fidel comme se lève pour lui le gros temps. Dès la fin de 1989, une spectaculaire visite du
Lider
à l’ambassade de Pékin met un terme à un froid de vingt-trois ans. Très vite, les échanges s’accélèrent, là aussi sur la base du troc, seule possibilité pour Cuba dont les réserves de change ne se montent qu’à trois semaines d’importations. Y a-t-il une très fine vengeance rétrospective dans le fait que Pékin envoie, en 1990, un lot… de bicyclettes à l’armée cubaine ? De la convenance économique, on passe au réchauffement politique : fin 1993, Jiang Zemin fera, pour deux jours, la première visite jamais effectuée par un président de la République et secrétaire du PC chinois. Et Fidel fera, à son tour, fin 1995, le voyage de Pékin. Au sein d’un monde socialiste réduit, les liens se maintiennent à leur plus simple expressionavec la Corée du Nord, dont la faillite économique est en tout point comparable à celle de Cuba. Et les relations se sont un peu compliquées avec le grand ami vietnamien qui, converti dès 1986 au marché, entend mettre fin à la pratique du troc dans ses échanges internationaux.
    L’aggravation de la situation économique suggère à Fidel qu’il faudrait donner enfin suite à un projet maintes fois évoqué dans les années 1980 : ouvrir l’île aux investissements occidentaux. Le
Lider
s’est flatté d’avoir conçu cette idée avant l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985 mais la « rectification des erreurs », lancée au III e Congrès du PCC en 1986, est allée à rebours de cela ! Une hypothèse plus précise commence à prendre consistance vers 1988 : le recours à grande échelle au tourisme, léthargique depuis la fin de Batista. Et comme les capacités d’accueil sont faibles et désuètes, on se met à construire bon nombre d’hôtels et autres « clubs ». Pour ce faire est appliquée la formule de «
joint-ventures
». Des sociétés espagnoles, Melía notamment, s’y lancent avec ardeur.
    Dès 1986, il est vrai, le chef du gouvernement de Madrid, le socialiste Felipe González, avait entrepris de convaincre Castro de la faisabilité d’un décollage économique à partir du tourisme, comme l’avait réalisé l’Espagne franquiste. Il lui avait même envoyé son bras droit, Carlos Solchaga, pour l’aider à mettre sur pied un plan assez copié de la « transition » espagnole. Mais comme celui-ci avait au préalable conseillé Mikhaïl Gorbatchev pour sa
perestroïka
, on pressent l’accueil véritablement détestable que lui fit Castro !
    Le
Lider
voudrait parquer les visiteurs sur la plage de Varadero, ou dans l’un de ces
cayos
(îlots) où l’on fait de la plongée sous-marine, afin qu’ils ne polluent pas sa Révolution ; ses conseillers lui font observer que les étrangers auront envie de voir les merveilles de la vieille Havane et des villes historiques comme Trinidad ou Sancti Spiritus. En fin de compte, l’essentiel de l’île sera ouverte. Ainsi, dès 1990 un tourisme nouvelle formule commence-t-il à porter des fruits. Or, les craintes de Fidel étaient justifiées… mais pour une raison inverse de ce qu’il imaginait : se sont les Cubains qui récriminent contre la création de « Bantoustans pour Blancs », d’où ils sont exclusau mépris de toute égalité révolutionnaire. Il est vrai, aussi, que le contact entre des Européens, Canadiens et Latino-Américains débarqués avec des dollars, et une population pour qui le billet vert est l’unique planche de salut ne favorisera pas la moralité publique, si chère au commandant en chef : « Le tourisme à Cuba, c’est la deuxième mort de Guevara », note un envoyé du
Monde
.
    Fidel fait le métier : en juillet 1990, on le voit même – incroyable innovation ! – esquisser un pas de danse à l’occasion de l’inauguration d’un hôtel de luxe édifié avec des capitaux espagnols. Des

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