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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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foutre le bordel et à nous laisser nous dépatouiller après. Tu n’as même pas pris la peine de m’envoyer la liste des hommes, des armes et des balles que tu as avec toi… Aie un peu de bon sens et ne perds jamais de vue que la renommée, les positions hiérarchiques et le succès gâtent les gens. » Admonestation paternelle à celui qui sera bientôt considéré comme le prototype du
barbudo
, le « glorieux commandant ». En même temps que Cienfuegos, Fidel met en route Guevara. Sa mission est de conduire ses cent cinquante hommes dans la province de Las Villas pour « battre sans relâche l’ennemi dans la région centrale et paralyser le mouvement des troupes » vers l’Oriente.
    Fidel dispose d’un millier d’hommes lorsqu’il lance l’offensive finale dans deux directions : Santiago, objectif ultime de la conquête de l’Oriente ; et La Havane, assignée pour plus tard aux barbus de Guevara et de Cienfuegos.
    Les deux commandants accomplissent en une quarantaine de jours une « longue marche », qui les amène à traverser plusde la moitié de l’île. Camilo arrive bon premier au pied des montagnes de l’Escambray. Au sud de la province centrale de Las Villas, celles-ci sont un bon refuge après une traversée de plaines sans couverts. L’un et l’autre
comandantes
avancent au plus près de la côte sud parce que c’est là qu’ils sont le plus loin de la grande route centrale, axe de la mobilité batistienne, et aussi parce que les bords de mer sont frangés de lagunes où, non sans difficultés, ils peuvent échapper, en cheminant de nuit, aux réguliers. Car l’armée les attend à des points de passage obligés, aux gués de fleuves grossis, en septembre, par les cyclones de l’hémisphère Nord. Il faut alors repiquer vers le centre, vers l’amont des cours d’eau, plus près des concentrations de
casquitos
(petits casques), comme les rebelles (les « rats » en langage batistien) nomment les soldats. Ils avancent tantôt à cheval (!), le plus souvent à pied, parfois à bord de camions réquisitionnés. C’est encore le Che qui a laissé le récit le plus vivant de cette épopée, avec une touche d’humour rare chez un révolutionnaire : « La boue et la flotte clapotent à cœur joie », écrit-il. Il raconte la réquisition d’un boucher comme éclaireur : « Il faut croire que sa femme avait envie de changer de mari car elle nous a fait une dénonciation de première ; nous avons donc eu la visite des B-26, avec leur chargement habituel. » Les deux colonnes ne perdront que neuf hommes.
    Le 14 octobre, Guevara observe l’Escambray qui « bleuit l’horizon ». C’est une forteresse moins formidable que la Maestra mais, au centre de la province de Las Villas, elle est stratégique car proche de La Havane. Dès son arrivée, le Che doit y affronter une situation complexe : une demi-douzaine de groupes s’en disputent l’ascendant. Il y a là, par exemple, sous la direction d’un Espagnol, Eloy Gutiérrez Menoyo, et d’un Américain, William Morgan, une scission du Directoire révolutionnaire aidée par l’ex-président Prío. Très anticommuniste, le « Second front de l’Escambray » est également anticastriste : il a même désarmé un petit groupe du M-26. Les communistes ont, eux aussi, implanté là, à l’automne, leur premier maquis : soixante-cinq hommes, sous la direction de Felix Torres. Celui-ci se met aussitôt aux ordres de Cienfuegos – circonstance qui a permis de penser que la création tardive de cette guérilla PSP fait partie d’un pacte Fidel-Rodriguez. Il y a aussi, dansl’Escambray, le véritable Directoire, sous la conduite de son secrétaire général, Faure Chomón, et de son adjoint, Rolando Cubela ; ils sont méfiants, mais acceptent tout de même le M-26.
    Fidel envoie ses consignes à Cienfuegos. Il lui recommande d’arrêter sa progression vers Pinar et de demeurer à Las Villas, aux côtés du Che, car, dit-il, « la situation politico-révolutionnaire y est compliquée ». « Le Che, poursuit Fidel, a été envoyé à Las Villas… non, bien sûr, avec la prétention de commander à quelque autre groupe. Mais si l’on veut l’unité des forces dans cette province, il est logique que la direction revienne au commandant le plus ancien, celui qui a montré les plus grandes capacités militaires et d’organisation, celui qui suscite le plus d’enthousiasme et de confiance dans le peuple… Moi, je n’accepte aucun autre chef

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