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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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exercer. Je
le connais bien, en effet, et je crois pouvoir affirmer, comme Esteban, qu’il
est pour moi un excellent ami.
    – Sa
visite vous fait plaisir, alors ?
    – Bien
sûr. J’espère avoir, par lui, des nouvelles récentes de mon fils...
    – Je
ne voudrais pas diminuer ta joie, Fiora, coupa Démétrios, mais comment messire
de Commynes pourrait-il t’apporter des nouvelles ? Il ignore certainement
que tu es ici.
    Démétrios
avait raison et le regard de la jeune femme s’assombrit. Les dernières
nouvelles d’elle qui avaient pu parvenir en France avaient dû être portées par
Douglas Mortimer. Mortimer qui assistait, dans la chapelle papale, à son
mariage avec Carlo Pazzi...
    Démétrios
avait suivi la progression de la pensée sur le visage mobile de la jeune femme.
Il sourit et prit dans les siennes l’une de ses mains.
    – Ne
sois pas triste ! Je cherche seulement à t’éviter une déception. Mais ton
enlèvement du Plessis-Lès-Tours a dû faire quelque bruit et notre ami Commynes
pourra au moins te dire ce qui s’est passé ensuite.
    – Je
n’en suis pas certaine. Il était alors exilé en Poitou pour avoir osé critiquer
la crise de violence que traversait le roi Louis. Néanmoins, le fait qu’il
vienne en ambassadeur est en lui-même une bonne nouvelle. Cela prouve qu’il a
retrouvé la confiance de celui qu’il se plaît à appeler « notre sire ».
Et qu’il arrive pour la Saint-Jean, notre grande fête, est de bon augure.
    En
regagnant sa chambre où Khatoun, remise de ses frayeurs et de ses écorchures, l’attendait
en grignotant des pistaches, Fiora se sentait étrangement surexcitée. L’idée de
revoir Commynes lui souriait : n’était-il pas l’un des plus appréciés
parmi ceux qu’elle avait laissés au-delà des monts ? Grâce à lui, elle
pourrait connaître les dispositions actuelles du roi envers elle. Que Louis eût
fait beaucoup pour la tirer du mauvais pas où la cupidité de Riario et de
Hieronyma l’avait jetée était un fait certain, mais elle le savait changeant et
surtout exigeant : comment avait-il pris son mariage avec Carlo ?
    Pour
Florence, quoi qu’il en soit, la nouvelle ne pouvait être que bonne. Fidèle
depuis toujours à l’alliance des Médicis et peu susceptible d’indulgence envers
un pape qui ne cessait de l’offenser, Louis XI, en envoyant son meilleur
conseiller, cherchait certainement à réconforter ses amis florentins...
    Tandis
que Khatoun l’aidait à se déshabiller, Fiora pensa que Lorenzo n’aurait plus
guère le loisir de la rejoindre avant la Saint-Jean. Les préparatifs de la fête
la plus importante – puisqu’il s’agissait de la fête du saint patron de la
ville, celui auquel celle-ci avait dédié, avec le Baptistère, son joyau le plus
précieux -, ne pouvaient qu’accaparer le Magnifique, surtout s’il s’y joignait
la perspective de recevoir un ambassadeur ami. Elle n’en éprouva aucune peine.
Au contraire, chose curieuse, elle ressentit même une sorte de soulagement et,
cette nuit-là, seule sous les rideaux neigeux de son grand lit, elle se promit
de faire porter dès le lendemain un billet à Lorenzo pour lui demander de ne
pas venir avant la fête. Il lui fallait retrouver sa sérénité, car la pensée d’affronter
le regard clairvoyant de Commynes encore chaude des baisers de son amant lui
était pénible. Sa position de favorite officielle, dont elle jouissait
jusque-là avec quelque orgueil, commençait à lui faire honte en dépit du
précédent éclatant qu’avaient constitué les amours de Simonetta Vespucci avec
Giuliano, sous les yeux mêmes du mari.
    Aussi
fut-ce avec une joie très vive qu’elle reçut, au matin, un petit mot de Chiara
l’invitant à venir passer la Saint-Jean chez elle. Avec l’appui de son amie,
elle se sentirait de force à rencontrer l’ambassadeur. Mais ses préparatifs n’en
furent que plus minutieux : pour ce jour de fête, elle voulait être la
plus belle ! Et elle ne savait pas pourquoi...
     
    Le
jour qui se leva sur Florence proclamait la perfection de l’art du Créateur. A
une aurore qui semblait refléter les roses de tous les jardins dans leurs
nuances différentes, et cependant accordées, succéda l’immense soie changeante
d’un ciel à l’azur indicible que le soleil au solstice caressait sans en briser
la profonde couleur. Sous ce dais fabuleux, Florence, lavée de frais, parée
comme une mariée, ressemblait, dans l’écrin

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