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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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enragés. Un jour prochain serait vite arrivé où, pris entre eux et les Guises, il eût été brisé comme un fétu. Il a compris ou on lui a fait comprendre ce danger. De là son changement d’attitude envers les protestants. Dès maintenant, il se trouve que le roi n’a plus contre lui que MM. de Guise. Demain, il pourra lâcher sur eux les protestants. Vous comprenez, n’est-ce pas, que les rôles seront renversés : ce sont les Guises qui se trouveront pris entre les forces du roi et celles des protestants. Je crois qu’ils ne pourront résister et qu’il leur faudra se soumettre… s’ils ne veulent pas être brisés.
    – Peut-être… En effet… fit évasivement Catherine.
    – Les Guises ont si bien compris ce danger que dès maintenant ils s’efforcent d’y parer.
    – Comment ?
    – En divisant les forces des protestants. En contractant une alliance avec le roi de Navarre. »
    Catherine dressa l’oreille. Jusque-là il lui semblait que Beaurevers faisait allusion à ce qui s’était dit chez le vidame. Car nous n’avons pas besoin de dire que Rospignac l’avait mise au courant. Maintenant, elle commençait à en être sûre.
    « Soit, dit-elle, mais je n’y puis rien.
    – Erreur, madame, vous pouvez tout. Et c’est bien pour cela que je m’adresse à vous.
    – Moi ! se récria Catherine. C’est vous qui vous trompez. »
    Comme s’il n’avait pas entendu, Beaurevers continua, imperturbablement :
    « Je maintiens que vous seule, madame, pouvez empêcher cette alliance de se faire. Mieux : vous pouvez rendre la brouille entre les deux partis plus complète qu’elle n’a jamais été.
    – Je serais curieuse de savoir comment.
    – Ceci, madame, c’est votre affaire. Quand vous aurez vu que votre intérêt personnel, ou pour mieux dire l’intérêt du véritable héritier de la couronne est en jeu, je ne doute pas que vous trouviez séance tenante le moyen infaillible d’empêcher de se rapprocher ceux qui, dès maintenant, essaient de le faire.
    – Encore faudrait-il que cet intérêt m’apparût clairement.
    – C’est ce que je me fais fort de vous démontrer, madame. Et pour cela, nous allons, si vous le voulez bien, revenir à cette question momentanément écartée de la succession légitime au trône de France. »
    Catherine se fit tout oreilles. Elle comprenait qu’il allait être encore question de son fils Henri, qu’il fût nommé ou non. Beaurevers reprit :
    « Je voudrais que vous fussiez bien pénétrée de cette pensée, madame, que, si le roi François II est renversé par les Guises, sa succession ira, non plus au duc d’Orléans, non plus à la maison de Valois , mais à la maison de Guise.
    – Oh ! oh ! protesta Catherine, plutôt sceptique, voilà qui est bientôt dit. En admettant que ce malheur arrive à mon fils, le roi actuel, ce qui ne se produira pas d’ailleurs, pensez-vous que je sois femme à laisser dépouiller mes autres enfants, héritiers légitimes de leur frère ?…
    – Vous défendrez les droits de vos enfants. Nul n’en a jamais douté. Mais il sera trop tard, madame… Parce qu’on ne se bat pas pour défendre des morts . »
    Catherine fut aussitôt debout et secouée par une terreur indicible :
    « Voulez-vous dire qu’on se débarrassera de mes autres enfants ?… On assassinera mon fils ?…
    – Parbleu, madame, on se gênera ! » lança fortement Beaurevers qui feignit de ne pas remarquer qu’elle venait de se trahir et que toute sa terreur, toute son inquiétude allaient à un seul de ses fils : à Henri.
    Et il ajouta avec plus de force :
    « Mais comprenez donc, madame, que les Guises savent voir et faire grand. La race des Valois les gêne : c’est très simple. Ils condamnent toute la race qui ne pourra plus leur demander compte de leur usurpation quand elle aura disparu. Vous parlez d’assassinat. Fi, le vilain mot, madame. Une exécution, oui, et non un assassinat. L’exécution d’un jugement rendu par une puissance plus forte que la vôtre, madame, et devant laquelle s’inclineront tous vos sujets – ou à peu près tous.
    – La bulle du pape ! » grinça Catherine, qui perdait la tête devant la menace suspendue sur son fils.
    Beaurevers nota dans son for intérieur :
    « Bon, j’étais bien sûr que tu connaissais cette histoire aussi bien que moi ! »
    Et tout haut, d’un air détaché :
    « La bulle, oui, madame. Je vois que vous êtes

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