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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Hubert d’Anguerrand continua :
    – Rassurez-vous, monsieur le
commissaire.
    – Mais, monsieur le baron, voulez-vous me
permettre de vous demander pourquoi tout ce mystère ?
    – Parce que je veux continuer à être
mort, dit Hubert.
    – Comment ! vous n’allez donc pas
introduire une instance tendant à vous rendre votre personnalité
civile ?
    – Plus tard, dans six mois ou dans un an.
Pour le moment, il est nécessaire que je passe pour mort, puisque
mort je suis aux yeux du monde et de la loi. Cela vous
étonne ? C’est bien simple… Lorsque l’accident m’est
arrivé…
    – L’accident ? interrompit le
commissaire.
    – Sans doute. Vous ignorez donc comment
je suis mort ?…fit Hubert avec un livide sourire.
    M. Lambourne vit ce sourire, et il
frissonna.
    – 
Je suis mort
, continua Hubert,
en tombant du haut du balcon de mon château de Prospoder…
    – Oui, les journaux ont raconté la
chose ; mais ils ajoutaient aussi que, malgré d’actives
recherches, on n’avait pu vous retrouver… la mer avait gardé sa
proie.
    – La vérité est moins tragique…
heureusement pour moi. Lorsque je tombai, lorsque je me sentis
entraîné nu fond de l’Océan, je ne perdis pas courage. Je luttai de
toute mon énergie, et j’étais si prés de la côte que j’eusse repris
pied presque aussitôt si la marée descendante ne m’eût repoussé au
large. Pendant deux heures, deux mortelles heures, je continuai à
nager, mais je voyais les rochers s’éloigner de moi de plus en
plus. Je compris que j’allais mourir. Alors, notez cela, je fus
envahi par une terreur insensée. Vraiment, je me sentis devenir
fou. Bientôt, à bout de force, je me laissai couler. À ce moment,
il me sembla que j’entendais comme un cri puis qu’on me saisissait
par les cheveux, qu’on me hissait quelque part… Lorsque je revins à
moi, je me vis dans une pauvre cabane : j’avais été sauvé par
des pêcheurs de l’île d’Ouessant…
    – Mais vous vous êtes empressé alors de
regagner la terre ferme ?…
    – Je l’eusse fait sans doute.
Malheureusement, pendant plus de six mois, je vécus dans une sorte
de prostration due à la terreur que j’avais éprouvée. Je ne vais
pas jusqu’à dire que j’étais fou. En tout cas, la mémoire était
atrophiée ; ce n’est que peu à peu que je repris possession de
toutes mes facultés… Enfin, ce ne fut guère que huit mois après
l’événement que je revins à Paris. Et alors, monsieur le
commissaire, une étrange idée me passa par la tête : je voulus
savoir ce que, moi mort, officiellement mort, mon fils
devenait…
    – Tiens ! mais c’est curieux,
cela ! Assister du fond de sa tombe à la vie de ceux qui vous
sont chers…
    – Les protéger au besoin…
    – Oui, oui, je comprends ! fit le
commissaire.
    – Ajoutez à cela la nécessité de préparer
mon fils à me revoir vivant, car la joie pourrait le tuer. Je
connais Gérard… S’il apprenait tout à coup que son père n’est pas
mort, ce serait terrible, voyez-vous.
    Le commissaire se leva, renouvela au baron
d’Anguerrand ses excuses, l’assura à nouveau de sa discrétion et se
retira. Hubert l’accompagna jusqu’au grand portail, qu’il lui
ouvrit. Puis il remonta dans la pièce où il acheva d’écrire une
lettre. Quand il l’eut terminée et relue, il la cacheta à la cire.
Sur l’enveloppe, il traça ces mots :
    Ceci est pour Jeanne Mareil.
    Alors il se mit à écrire une autre lettre que
nous reproduisons telle que nous avons pu la copier :
    « Mon cher maître,
    « Veuillez trouver sous ce pli une
missive cachetée de mon sceau adressée à
Jeanne Mareil
. Je
sais que cette personne, que j’ai crue morte, vit à Paris, ou du
moins y vivait encore il y a peu de jours. Si j’ai le bonheur de la
retrouver, ce que plaise au Dieu de miséricorde et de pardon, je
lui expliquerai moi-même le contenu de ladite missive ci-jointe.
Mais si, par accident, mort violente ou naturelle, je meurs avant
de l’avoir revue, mon désir suprême est que vous fassiez d’actives
recherches et démarches pour vous mettre en communication avec
cette personne, à cette fin de lui remettre la missive ci-jointe.
Là ne devra pas se borner votre rôle à l’égard de cette
personne : j’indique dans mon testament que je supplie mon
fils Edmond et ma fille Valentine de céder chacun une somme de cinq
cent mille francs pour constituer un million à ladite Jeanne
Mareil. Si

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