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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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de sa théorie. Autant qu’on puisse en juger à partir des
manuscrits qui ont survécu, la plupart des écrits de Fourier datant de cette
période ont trait au commerce. Une partie (par exemple, ses critiques du
monopole du courtage) a directement trait à sa propre expérience. Il travaille
par ailleurs à un certain nombre de plans plus ambitieux concernant la réforme
du commerce. Dans un long manuscrit de 1810 sur l’Entrepôt fédéral, par
exemple, il appelle de ses vœux une association de producteurs, patronnée par
le gouvernement, qui puisse fournir aisément du crédit pour l’investissement du
capital tout en libérant l’agriculture et l’industrie des « extorsions du
commerce ». Dans une veine similaire, on trouve divers schèmes de « concurrence
réductive » destinés à réduire le nombre des intermédiaires commerciaux et à
empêcher la montée de la spéculation 47 .
Ces plans, dont plusieurs ne font que reformuler des propositions pour la
réforme du commerce déjà avancées par Fourier dans les années 1790, seront plus
pleinement élaborés dans des écrits plus tardifs. Ce sont un peu les ancêtres
de la foule de propositions que fera Fourier afin de promouvoir une transition
progressive de la civilisation à l’harmonie. A l’Harmonie elle-même, comme aux
grands problèmes spéculatifs qu’il a laissés sans solution en 1808, Fourier ne
réfléchit guère au cours de ces années : il est trop « absorbé par des
fonctions mercantiles qui ne [laissent] aucune marge aux études 48 ».
    Début mai 1812, la mère de Fourier meurt. Ses relations avec
elle se sont depuis longtemps distendues. Jamais, comme sa sœur le rappellera
plus tard, il ne lui parlera de son livre. D’une piété méticuleuse jusqu’au
dernier souffle, elle laisse par testament à ses enfants de quoi « faire
célébrer pour le repos de [son] âme la quantité de deux cents messes 49 ». A sa mort, la fortune familiale s’est
déjà considérablement amoindrie. Les vingt années ou presque passées à essayer
de recouvrer les gains faits par Antoine Pion lors de sa brève association avec
la veuve Fourrier ont coûté à la famille quarante mille francs en frais de
justice et d’avocat 50 . La valeur
totale de l’héritage de Mme Fourrier, y compris la maison de la Grande-Rue à
Besançon, se monte à moins de cinquante mille francs. Aux termes de son
testament, cette somme doit être divisée à parts égales entre ses quatre
enfants. Elle ajoute toutefois une stipulation supplémentaire en faveur de son
fils : il recevra aussi « une pension annuelle et viagère de neuf cents francs
», « pour cause d’aliment et vêtement ». Elle enjoint ses trois filles -« en
particulier et tout d’abord » la plus prospère des trois, Sophie Parrat-Brillat
- de garantir le paiement de cette somme, sur leur propre héritage s’il le faut 51 . Cette stipulation sera plus
tard la cause de pas mal de tiraillements entre les enfants Fourier. Pour le
moment, toutefois, la situation financière de Charles est relativement
confortable. Pour la première fois depuis son arrivée à Lyon, il peut songer à
quitter pour de bon « le bagne » du commerce et à se retirer à la campagne afin
de consacrer tous ses efforts à travailler à sa théorie.
    La campagne qui va servir de retraite rurale à Fourier pour y
commencer sa méditation est le Bugey, dans les collines du Jura, à l’est de
Lyon, où il a maison ouverte chez Sophie Parrat-Brillat et chez les enfants de
sa sœur aînée, Mariette de Rubat. Il leur a déjà rendu visite au début de 1813
pour participer à un conseil de famille : un séjour bref et qui ne s’est pas
passé dans la plus grande harmonie. Ce n’est que plusieurs années plus tard, en
1815, que Fourier accepte finalement leur invitation. A part quelques voyages
d’affaires, il reste à Lyon pendant toute la période intermédiaire.
    C’est depuis Lyon que Fourier assiste à l’effondrement de
l’Empire napoléonien. Fin 1813, trente mille soldats, provenant de l’armée
commandée par Suchet en Espagne, commencent à se concentrer autour de Lyon afin
de faire face à l’invasion alliée. Mais le 21 mars 1814, après de rudes combats
autour de Villefranche et de Limonest, et la retraite hâtive d’Augereau,
quelque quarante mille soldats autrichiens, sous le commandement du prince de
Hesse-Hombourg, font une entrée triomphale dans la ville. Le lendemain, une
proclamation ordonne au maire

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