Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
Vom Netzwerk:
pourront se torcher le derrière avec!
    Trouvé se félicita de son initiative.
    â€” Mais dites-moi donc, fit Louis, changeant subitement de sujet et d’humeur selon son accoutumée, puisque vous semblez si bien renseigné, auriez-vous par hasard entendu parler d’une poignée de Français qu’on aurait emprisonnés dans les geôles de Boston, l’hiver dernier?
    â€” Une poignée de Français? L’hiver dernier? Non... je ne vois pas, fit d’abord Trouvé en fronçant nerveusement le front et les sourcils, tout en roulant des yeux embarrassés. Vous pensez à combien d’hommes, monseigneur?
    â€” À cinq, tout au plus. Il s’agit de la délégation du chevalier d’O, que j’ai envoyée chez les Iroquois pour négocier et dont je n’ai plus eu de nouvelles.
    â€” Le chevalier d’O? Attendez, attendez... Je sais qu’un homme était incarcéré dans la section à haute sécurité et qu’il s’agissait d’un officier que les gardes appelaient... «  Daouw  », si ma mémoire est bonne. «  Daouw  » peut très bien être d’O, si on tient compte de la propension qu’ont les Anglais à déformer notre langue. Plusieurs gardes se relayaient à sa porte pour l’empêcher de s’évader à nouveau. Il semblait être un prisonnier d’importance, plus important que nous, assurément.
    â€” C’est d’O! Il s’agit bien de notre homme, ce ne peut être que lui! Les Iroquois l’auront épargné et remis aux Anglais. Ils n’ont pas osé le mettre à mort, en quoi je reconnais leur sens politique. Des voix plus modérées ont dû se faire entendre au sein des conseils. Quant aux autres... si on n’a plus entendu parler d’eux, c’est qu’ils ne sont vraisemblablement plus en vie.
    Louis baissa la tête, soudain penaud. Il s’attendait un peu à cela. Colin, La Beausière, Bouat, La Chauvignerie, tous sacrifiés et probablement torturés à mort. Il avait commis une grave erreur en les expédiant chez les Onontagués. Mais qu’y pouvait-il, maintenant? Il pensa à d’O, qui avait tenté de s’évader, et se dit qu’il ferait l’impossible pour l’échanger contre rançon. Quant aux familles des autres malheureux, il essaierait de leur faire accorder une petite pension, histoire de réparer un peu.

19
Québec, printemps 1691
    Marie-Madeleine de Champigny posa son petit ouvrage de tapisserie sur le guéridon dressé à proximité de son fauteuil et se leva.
    Elle tendit l’oreille aux bruits de la salle à manger où s’affairaient les domestiques. Les pas feutrés, le claquement répété des portes, l’entrechoquement des plats d’argent et des coupes de cristal qu’on posait sur la table annonçaient l’imminence du repas. Elle lissa les bandeaux de sa coiffure et serra plus étroitement son châle autour de ses épaules. Il faisait froid, malgré ce soleil du dehors qui éclaboussait les arbres et irisait le fleuve. Elle détestait cette pièce humide comme un caveau leur servant de salon. Elle y passait quand même le plus clair de son temps, occupée à lire, tricoter, faire sa tapisserie ou échanger avec ses enfants les jours où ses occupations caritatives ne la sollicitaient pas à l’extérieur. Son mari avait acheté l’ancienne brasserie de l’intendant Talon en arrivant au pays et l’avait fait aménager en palais de l’intendance. Ils occupaient les six pièces les plus confortables, le reste étant transformé en salle d’audience pour le conseil, en officines et en prison.
    Elle ne pouvait pas se plaindre. Elle était privilégiée et sa famille était largement à l’abri du besoin. Il y avait néanmoins tellement de misère autour d’elle qu’elle essayait de se rendre utile, dans la mesure de ses faibles moyens. Aussi avait-elle appuyé de toutes ses forces son mari quand il avait fait établir par le conseil des bureaux des pauvres à Québec, Trois-Rivières et Montréal. Convaincue que sa place était à ses côtés dans cette lutte contre l’adversité, elle avait offert ses services avec enthousiasme pour implanter le premier bureau des pauvres de Québec. Il

Weitere Kostenlose Bücher