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Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
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avec des torches ardentes, un des anciens avait répété à voix haute :
    â€” Aiereskoï, nous t’offrons cette victime et nous la brûlons en ton honneur, pour te rassasier de sa chair et pour que tu nous rendes encore vainqueur de nos ennemis. Nous te l’offrons également pour que, par ta chaleur, tu nous procures des récoltes abondantes et régulières. Et nous jurons de ne plus t’offenser et de toujours tuer et manger nos ennemis. Maintenant, prends la chair de cette femme.
    Puis il se fit un grand branle-bas. Le chevalier vit les Indiens se disperser en tous sens, armés de bâtons. Ils se mirent à crier et à gesticuler en frappant avec vigueur les portes, les cabanes, les arbres et même le sol, comme pour effrayer ou faire fuir quelque esprit maléfique qui aurait pu s’y réfugier. Les visages paraissaient empreints de terreur. Peut-être craignaient-ils encore les âmes des victimes mises à mort et qui pouvaient rôder à jamais autour des corps et nuire aux vivants si on ne les chassait pas?
    D’O n’eut guère le temps de s’appesantir sur la question, puisqu’il vit un cavalier agnier s’avancer vers lui. Quelqu’un défit ses liens. On le tira pour le forcer à se relever, mais comme il ne tenait plus sur ses jambes, on le porta jusqu’au cheval sur lequel on le hissa en croupe. Devant son interrogation muette, le cavalier placé derrière lui fit un bref signe de la main en direction du sud. D’O poussa un soupir de soulagement. Les Iroquois, fins stratèges, refusaient de se compromettre par sa mort et le livraient sans autre forme de procès aux mains des Anglais.

10
Michillimakinac, été 1690
    Nicolas Perrot, la tête nouée d’un chiffon de coton rouge et le regard fixé sur l’horizon, ramait avec une ardeur renouvelée, solidement épaulé par neuf gaillards aux bras noueux qui maintenaient, malgré la chaleur suffocante, une cadence d’enfer. On savait qu’il ne prenait avec lui que les hommes les plus résistants, mais ceux qui s’étaient fait une gloriole d’être choisis comme partenaires commençaient à traîner la patte. «Ce gars-là est un cheval de trait », murmuraient-ils sur un ton découragé, épuisés par quinze heures de rame consécutives. Heureusement que le fort Michillimakinac était déjà à portée de fusil.
    Ces mêmes hommes se félicitèrent pourtant de l’avoir pour commandant à la Chute des Chats, sur l’Outaouais, quand un parti d’Iroquois se rua sur eux à l’improviste. Comme on ne voyait que deux canotées ennemies, les officiers d’Hosta et de Louvigny envoyèrent trente hommes cerner l’assaillant. Mais le contingent tomba dans une embuscade et essuya un feu nourri tiré à bout portant. Perrot lança alors ses troupes dans la mêlée. L’offensive fut si brusque et faite si à propos que quarante Iroquois furent abattus ou blessés, pendant que les autres déguerpissaient sans demander leur reste.
    Le moral des troupes remonta d’un cran et certains commencèrent à vanter l’évidente supériorité des forces françaises. Mais Perrot veillait au grain et leur rabattit le caquet le soir même.
    â€” Bande de vantards! Ne vous gaussez pas trop de la victoire d’aujourd’hui qui n’a été remportée que de justesse et par la supériorité du nombre! On en connaît qui, par un excès de confiance, se sont retrouvés le crâne défoncé et la gorge tranchée. Ne tentez pas le diable et ne sous-estimez pas votre ennemi, car l’Iroquois est un guerrier rusé qui frappe toujours inopinément et dès qu’on a baissé la garde, martela-t-il à des hommes demeurés silencieux, impressionnés par le regard gris acier et la force tranquille qui émanait du personnage.
    Le long canot de Perrot pénétra dans la petite baie de Michillimakinac. Il longea d’abord le village des Outaouais, où il fut accueilli par des femmes et des enfants à demi nus qui dansaient et chantaient en signe de bienvenue. Son embarcation glissa ensuite vers le village français et le fort, situés plus à l’ouest, et d’où provenaient des sons de fifre et des roulements de tambour. Louvigny, quelques toises plus loin,

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