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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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as porté la main sur cette jeune fille. Lâche-la immédiatement ! »
    En le voyant se précipiter tout armé avec tant d’impétuosité, le géant laissa rouler au sol sa prisonnière, courut à un arbre, l’attrapa par une branche et, à force de tirer, le déracina. Mais avant qu’il eût pu le brandir, Girflet était sur lui, qui lui donna un coup de lance si furieux qu’il la lui enfonça dans la poitrine et le perça de part en part. Or, le géant, qui avait brandi l’arbre entre-temps, l’abattit sur lui, mais sans l’atteindre de plein fouet. Girflet en fut néanmoins presque assommé, et il tomba de son cheval complètement aveuglé. En un clin d’œil, il se ressaisit pourtant, tira son épée et frappa son adversaire avec tant de force qu’il lui arracha un morceau de chair tout le long du flanc. Le sang gicla à si grands flots de la plaie que le géant, totalement abasourdi, n’avait plus la force de manier l’arbre. Un accès de rage aveugle lui permit toutefois de lancer ses poings en direction de Girflet qui tomba à terre en lâchant son épée.
    « Sainte Marie ! s’écria la jeune fille, secours-nous ! Daigne le faire en faveur de la malheureuse que je suis ! » Elle s’étendit à plat ventre à même le sol, les bras en croix, en murmurant d’ardentes prières. Quant au géant qui s’était redressé, il s’approcha en titubant, se saisit de l’épée et la brandit pour achever Girflet. Il était par bonheur si affaibli par la perte de son sang qu’il trébucha et tomba de tout son long. Girflet revint à lui, bondit sur ses pieds, courut sus au géant, qui gisait certes face contre terre, mais tendit l’épée d’une main encore si ferme qu’il eut bien du mal à la lui reprendre. Il parvint cependant à la lui arracher, l’empoigna, et, sans trembler, trancha les pieds de son adversaire avant de rejoindre la jeune fille. « Seigneur ! s’écria-t-elle, que Dieu te bénisse ! Tu m’as délivrée moi-même, et cette terre est enfin débarrassée de ce monstre ! » Alors il reconnut en elle la fille d’Augier d’Essart, celle-là même qui l’avait naguère servi si courtoisement. Elle lui conta ce qui s’était passé, et il fut tout heureux d’avoir pu la récompenser des bienfaits qu’il en avait reçus. « Maintenant, seigneur, reprit-elle, raconte-moi quelle aventure t’a mené jusqu’ici. – Jeune fille, répondit le fils de Dôn, nous n’avons pas le temps, car il me reste fort à faire. Je te le narrerai quand nous en aurons le loisir. J’ai bien peur d’être en retard au rendez-vous que je me suis fixé pour abolir les injustices qui accablent ce pays-ci ! »
    Cela dit, il resserra la sangle de son cheval, se mit en selle et se fit donner sa lance et son bouclier. Puis, il souleva doucement de terre la jeune fille et la posa devant lui, lui promettant de la ramener au manoir de son père dès qu’il aurait accompli la tâche qui l’attendait. Sur ce, piquant des deux, il dirigea son cheval vers la forteresse où gisait le roi blessé.
    Pendant ce temps, Taulat de Rougemont et ses hommes d’armes étaient arrivés. Ils étaient entrés dans la salle, avaient lié solidement derrière le dos les mains du blessé, et quatre gaillards portant quatre grandes lanières de cuir de cerf, avec des nœuds nombreux, s’étaient mis à l’en fustiger tout en lui faisant gravir la montagne. Et depuis sept ans qu’il lui infligeait ce supplice, Taulat de Rougemont se délectait de ce spectacle sans en être jamais rassasié. Et il s’en repaissait comme de coutume quand il aperçut Girflet qui survenait au galop, portant toujours sur l’encolure de son cheval la fille d’Augier d’Essart.
    « Qui es-tu donc, rustre, pour venir nous déranger ? s’écria Taulat avec insolence. – Je suis un des compagnons du roi Arthur, répondit Girflet, et je viens te défier. Laisse ce blessé tranquille et quitte ce pays sans tarder, ou bien je te combattrai. » Taulat de Rougemont se mit à rire. « Par tous les diables ! répondit-il, c’est ta mort ou ta honte que tu cherches ! Et puisque tu oses me défier, défends-toi de ton mieux, car je ne donne pas cher de ta peau ! »
    Girflet fit descendre la jeune fille et se mit en garde, la lance baissée, prêt à se précipiter dès qu’il verrait Taulat en lice. Celui-ci, avec une grande arrogance, fit enfin s’élancer son cheval et se rua sus à Girflet ; mais ce dernier, animé d’une

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