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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sainte fureur, sut bondir de côté et, frôlant son adversaire, lui assena un coup d’une violence si bien ajustée qu’il le désarçonna et l’envoya rouler de tout son long à terre. Girflet l’y rejoignit d’un bond, saisit son épée et, comme Taulat tentait de se relever, il le frappa si habilement au bras gauche que des flots de sang jaillirent de la plaie. Puis, sans lui laisser le temps de se remettre, il lui appliqua sur la gorge la pointe de son épée. « Avoue-toi vaincu ! » s’écria-t-il. Se voyant perdu, le vaincu s’empressa de demander grâce.
    « Tu n’auras la vie sauve, répliqua Girflet, qu’à condition de t’engager, sur l’honneur, à te rendre à la cour du roi Arthur et à confesser chacun de tes crimes devant lui. Tu lui diras que je m’en remets à lui pour décider du châtiment qu’il convient de t’infliger. Mais je veux aussi que tu jures de ne plus importuner celui auquel tu as infligé tant de maux, de lui rendre en pleine possession tous les domaines dont tu t’es emparé au mépris de toute justice et de toute loyauté, que tu libères immédiatement tous les chevaliers que tu as vaincus et qui sont devenus tes esclaves et tes complices. Je veux enfin que tu dénonces publiquement ton alliance avec la vieille sorcière, la mère du géant et du lépreux qui ont tant fait souffrir les habitants de ce pays. – Je le ferai, dit Taulat, je le jure. » Et Girflet le laissa se relever puis s’en aller, très mortifié, soutenu par ses sergents.
    La joie fut grande dans le camp, sous la forteresse. Les chevaliers libérés manifestèrent leur gratitude au fils de Dôn en le proclamant le plus brave d’entre les braves. Quant au vieux roi blessé qui se soutenait à peine, il alla vers Girflet et le prit dans ses bras. « Fils, dit-il, l’excès même de mes souffrances m’empêchait d’espérer plus longtemps ce jour. Je n’aspirais plus qu’à la mort. Mais le miracle s’est accompli, et je puis maintenant remettre à Dieu mon âme sans craindre quoi que ce soit pour ceux qui m’ont si fidèlement servi tant et tant d’années. »
    Il n’avait pas achevé qu’on vit paraître deux chevaliers qui s’avançaient à travers le camp, et qui se montraient fort surpris de la liesse que témoignaient tous ceux qu’ils rencontraient. Comme ils approchaient de l’endroit où se tenait Girflet, en compagnie du vieux roi et de la fille d’Augier d’Essart, le premier reconnut en eux sur-le-champ Gauvain, le fils du roi Loth d’Orcanie, et Hector des Mares, frère, mais cela peu de gens le savaient, de Lancelot. Tout heureux de leurs retrouvailles, les trois chevaliers se donnèrent l’accolade et se racontèrent leurs aventures. Et il y eut ce soir-là un grand festin dans la forteresse du roi blessé. Toute tristesse avait disparu des yeux et des cœurs, et chacun se prenait à espérer que le pays reprendrait son aspect antérieur à l’usurpation de Taulat, recouvrerait sa richesse, sa prospérité, et que tous les habitants y seraient comme par le passé heureux sous la douce autorité d’un roi juste et bon.
    Le lendemain matin, les trois compagnons de la Table Ronde se levèrent très tôt et s’équipèrent. « Je voudrais bien, dit Gauvain, avoir des nouvelles de Lancelot, de Galaad, de Bohort et de Perceval. Depuis que nous nous sommes séparés, ni Hector ni moi-même ne les avons rencontrés. – Je suis comme vous, répondit Girflet, et je n’ai rien appris à leur sujet. – Nous allons partir à leur recherche, déclara Gauvain. Nous accompagnes-tu ? – Non, répondit Girflet, il me faut d’abord ramener chez elle la jeune fille qui est avec moi. Son père est un bon chevalier nommé Augier d’Essart. » En fait, au fond de lui-même, le fils de Dôn brûlait de retourner dans le verger de Monbrun, car l’image de la belle Brunissen continuait à hanter ses songes. Il prit donc congé du roi et de ses deux compagnons et partit vers le sud, en direction du manoir d’Augier d’Essart, en compagnie de la jeune fille. Quant à Gauvain et à Hector, après avoir recommandé leur hôte à Dieu, ils partirent tous deux recueillir si possible des nouvelles de ceux qu’ils avaient tant à cœur de retrouver {32} .
    Après avoir erré toute la journée sans rencontrer âme qui vive, ils pénétrèrent, sur le soir, dans une forêt sombre et touffue où, faute de chemins, ils ne savaient plus de quel côté aller et avaient

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