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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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autres sont des frères qui travaillent, on pourrait les
assimiler aux frères convers des monastères. Et comme, pour être chevalier-moine,
il faut être d’origine noble, être déjà chevalier, ne pas être marié, ne pas
avoir d’attache, on a créé à côté d’eux une autre catégorie de combattants,
écuyers et sergents, qui n’appartiennent pas aux dignitaires, mais qui les
côtoient sans cesse. Mais, en réalité, et il faut bien le répéter pour
comprendre le problème des Templiers, leur évolution et le procès qui leur a
été intenté, les seuls Templiers authentiques étaient les moines-chevaliers, qui n’étaient pas prêtres, et les
chapelains qui étaient leurs aumôniers . Encore faut-il préciser que dans
cette catégorie supérieure se produisaient d’autres clivages selon le rang et
le degré d’instruction. Car la plupart des Templiers étaient
illettrés . Très rares étaient ceux qui avaient une culture générale
étendue. Le dernier grand-maître de l’Ordre, Jacques de Molay, qui mourut sur
le bûcher, était un illettré . De toute façon, disons-le
avec force et ténacité, les chevaliers qui devenaient Templiers n’entraient
point dans l’Ordre pour se livrer à des spéculations intellectuelles, mais pour
servir Dieu en combattant. S’ils avaient voulu se livrer à des études
théologiques, ils seraient allés ailleurs.
    Les légendes concernant un possible ésotérisme du Temple ont
quelque peu contribué à altérer l’image de la réalité templière. C’est avant
tout un Ordre incarné dans le siècle et pour des buts bien précis. Ceux-ci sont
encore précisés en 1139 par une bulle du pape Innocent II. C’est, comme le
dit Georges Bordonove, la « source de tous les privilèges de l’Ordre, et
(la) démonstration évidente du merveilleux développement du Temple depuis
1130 ». De quoi s’agit-il ?
    Au départ, le Temple, fonctionnant essentiellement grâce aux
chevaliers-moines qui constituent sa raison d’être, dépend en partie de clercs
étrangers à l’Ordre, d’où une subordination plus ou moins réelle selon les cas
de l’Ordre à des autorités ecclésiastiques diverses. À la suite de différentes
demandes des Templiers eux-mêmes, le pape leur donnera satisfaction et leur
conférera une pleine autonomie, tout en se réservant à lui-même le rôle de
tuteur exclusif de l’Ordre. En pratique, si des clercs, c’est-à-dire des
prêtres ordonnés, entraient dans l’Ordre du Temple, ils devenaient ipso facto les chapelains exclusifs de tous les membres de
l’Ordre. Par cette bulle pontificale, le Temple était affranchi de toute
juridiction épiscopale. Le pouvoir de décision était confié au grand-maître de
l’Ordre et à son chapitre, le pape se réservant le droit d’intervenir dans les
affaires des Templiers uniquement pour des raisons graves. De plus, d’après la
Règle de l’Ordre, qui fut révisée à cette occasion, les
Templiers n’avaient pas le droit de se confesser à des prêtres n’appartenant
pas à l’Ordre , sauf, bien entendu, en cas de danger de mort. Cette
disposition est capitale dans la mesure où elle exclut toute intervention
possible de la part d’un clergé étranger à l’Ordre, et où elle renforce l’idée
d’un véritable groupe totalement indépendant matériellement et spirituellement.
En 1307, les accusateurs du Temple se souviendront de cela, et ils en tireront
un argument efficace contre l’aspect « occulte » de l’Ordre templier.
On verra d’ailleurs que la confession obligatoire à un prêtre de l’Ordre comportait
des raisons encore plus profondes, surtout lorsqu’il s’agissait d’avouer qu’on
avait dû renier Jésus et cracher sur la Croix lors de la réception au Temple.
De plus, l’Ordre recevait le droit de construire ses propres sanctuaires. Il y
avait là de quoi mécontenter les autres ordres religieux et surtout le clergé
séculier. Il y avait aussi de quoi alimenter l’imagination : si les
Templiers voulaient pratiquer le culte à l’écart des autres, c’est qu’ils
avaient quelque chose à cacher. Une bonne partie des légendes concernant
l’ésotérisme du Temple est partie de là. Car, comme le dit Rabelais, qui savait
à quoi s’en tenir, plus il y a de choses cachées dans les monastères, plus on a
tendance à imaginer qu’il s’y passe des événements étranges.
    Il y a bien d’autres dispositions avantageuses dans la bulle
d’Innocent II, en

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