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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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était encore langue officielle, non seulement de l’Église,
mais aussi des institutions politiques. Et quand on sait que le dernier
grand-maître, Jacques de Molay, était illettré, cela en dit long sur le degré
de culture des responsables de l’Ordre du Temple, du moins des
responsables officiels , ceux qui occupaient le devant de la scène. Car
le doute est permis là-dessus, et il n’est pas invraisemblable de supposer
qu’une hiérarchie occulte et parallèle ait dirigé le Temple, confiant à
certains personnages marquants ou connus le soin d’établir le contact avec les
membres de l’Ordre et d’être, auprès des autres, les garants responsables de
cet Ordre. L’institution dite des « prête-noms » est aussi vieille
que la civilisation.
    Cela dit, la Règle, surtout depuis qu’elle avait été
traduite en français, était destinée à être répandue parmi les membres de
l’Ordre. Après 1139 elle ne changera plus, mais elle sera complétée plusieurs
fois, en particulier par les fameux « retraits », dont la composition
remonte à l’époque du grand-maître Bertrand de Blanquefort (1156-1169),
celui-là même que certains documents « secrets » du soi-disant
Prieuré de Sion veulent faire passer pour originaire du Razès, près de
Rennes-le-Château, et qui, les documents historiques le prouvent d’une façon
irréfutable, appartenait à une noble famille de la région de Bordeaux. Il y
aura aussi d’autres ajouts, en 1230 et en 1260, pour préciser des détails de la
vie conventuelle, la discipline et les sanctions, ainsi que l’admission dans
l’Ordre. Cette règle et ses compléments sont aujourd’hui parfaitement connus.
    Mais qu’en était-il exactement chez les Templiers ? On
sait que la Règle fondamentale était lue, dans une forme résumée tout au moins,
lors de la cérémonie de réception d’un nouveau Templier. L’article 11
précise en effet : « Éprouvez l’esprit pour savoir s’il vient de
Dieu, mais ensuite qu’il lui soit octroyé la compagnie des frères, que la règle
soit lue devant lui. » On remarquera que la Règle n’est communiquée au
nouveau chevalier qu’après que celui-ci a été accepté et reçu, et non pas avant , ce qui peut paraître une anomalie. Le rituel
d’admission de 1260 signale également qu’on doit résumer les principaux
articles de la Règle et les principaux « retraits ». À ce moment-là,
l’ensemble forme un fort recueil de quelque six cent soixante-dix-huit
articles, et il est évident qu’il faut se résoudre à n’en donner qu’un résumé.
    On a beaucoup commenté cette lecture d’un résumé de la
Règle, et on y a vu la preuve de l’inculture des chevaliers du Temple. Non
seulement on traduit la Règle et toutes les citations des Écritures qu’elle
contient, mais on lit à haute voix. Il semble en effet certain que la plupart
des moines-soldats du Temple ne savaient pas lire. Mais il y a des exceptions,
et celles-ci sont même prévues par la Règle. En effet, il est interdit au frère
Templier « de tenir retrait ni règle, s’il ne les tient par congé du
couvent ». Autrement dit, la possession d’un exemplaire de la Règle est
soumise à surveillance. Et les raisons évoquées pour cette restriction sont
assez étranges. Il semble qu’on ait voulu éviter que la Règle ne tombe entre
des mains qui en feraient mauvais usage : « Les écuyers les trouvent
parfois et les lisent, et ainsi découvrent nos établissements aux gens du
siècle, laquelle chose peut être dommageable à notre religion. Et, pour qu’une
telle chose ne puisse advenir, le couvent établit que nul frère ne les
tiendrait s’il ne fut bailli et tel qu’il peut les tenir pour son office »
(article 326).
    Si l’on comprend bien, la Règle et les
« retraits » ne doivent pas être divulgués au commun des mortels.
Passe encore pour les écuyers, qui appartiennent de droit au Temple, mais pas
pour les autres. Il y a là les éléments d’une méfiance profonde à l’égard de
tous ceux qui n’appartiennent pas au Temple, et un goût du secret qui devient
presque obsessionnel. Pourtant, la Règle et les divers « retraits »
n’ont rien de spécialement contraires à l’orthodoxie en vigueur. On ne peut que
s’étonner de cette méfiance. Si l’on en croit cet article, la divulgation de la
Règle peut être dommageable à notre religion ,
c’est-à-dire au Temple. En l’occurrence, c’est cette

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