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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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d’échapper à ses bourreaux. Si tu le souhaites, je puis
te mettre en rapport avec Publius Cornélius Scipion Corculum car c’est l’un de
mes plus gros clients.
    — Je
te remercie de ton offre et, si le besoin s’en fait sentir, j’aurai recours à
tes services. Pour le moment, nous devons attendre la réponse du Sénat à notre
demande d’audience. J’espère que celle-ci ne tardera pas trop.
    — Tu
n’as aucune crainte à te faire à ce sujet. La belle saison a déjà commencé et
beaucoup de Pères conscrits sont impatients de gagner leurs villas de Campanie
pour fuir la chaleur de Rome.
    — Puisses-tu
dire vrai ! En tout cas, sache que nous logeons chez nos compatriotes à
Ostie. Je compte sur ta diligence pour m’informer si tu apprends quelque chose
d’important. Ton zèle, je puis te le promettre, sera généreusement récompensé.
    — Tu
es mon ami et je suis prêt à te rendre service sans rien exiger en retour. Mais
je ne te cache pas que plus vite vous aurez conclu un accord avec Rome, plus
vite je pourrai repartir à Carthage pour y retrouver ma maîtresse et oublier
dans ses bras la vie infernale que me mène ici ma femme légitime. Autant te
dire que je vous souhaite, à toi et à Azerbaal, le plus complet des
succès !

Chapitre 3
    Une semaine
à peine après notre arrivée, Cnaeus Marcellus Rufus vint nous avertir que notre
ambassade serait reçue le surlendemain. Il nous invita à quitter Ostie
sur-le-champ et nous offrit de nous loger dans sa vaste demeure sise près du
Forum. Nous nous mîmes rapidement en route et, après quelques heures, nous
fumes en vue de Rome et de ses murailles. La ville me déplut d’emblée. Elle
était plus petite que Carthage et ses plus riches monuments faisaient piètre
figure à côté des nôtres. Ses rues étaient animées mais l’atmosphère y était
pesante. Qu’ils fussent oisifs ou actifs, les habitants me parurent tristes et
austères. Ils n’avaient pas l’insouciance légère de mes compatriotes et ne
s’interpellaient pas joyeusement d’une échoppe à l’autre. Notre cortège fut
salué par quelques cris hostiles, imputables moins à notre qualité de
Carthaginois qu’au fait que nous étions des étrangers, volontiers tenus ici en
suspicion.
    Cela me
surprit. Dans la cité d’Elissa, toutes les races et tous les peuples du monde
connu se côtoyaient quotidiennement sans la moindre animosité et les mariages
mixtes étaient fréquents. Ici, les descendants de Romulus affichaient
ouvertement leur sentiment d’appartenir à une espèce supérieure à laquelle les
dieux avaient confié la mission de régner sur l’ensemble des terres connues.
Ils méprisaient ouvertement ceux qui n’étaient pas citoyens de leur ville. Je
compris alors pourquoi Hannibal, lors de son expédition, avait pu recruter
autant d’alliés chez les Campaniens ou les habitants du Bruttium. Ceux-ci subissaient
un joug infiniment plus sévère que celui que nous avions jadis imposé aux
Sardes et aux Ibères. Ma seule erreur fut de croire que nous pourrions
exploiter à notre profit ce mécontentement. Hélas, rares sont les hommes faits
pour la liberté. La majorité se satisfait de son sort et se complaît dans une
servitude dorée.
    Cnaeus
Marcellus Rufus nous installa dans les luxueux appartements préparés à notre
intention et nous passâmes une partie de la nuit à mettre au point le discours
que devrait prononcer Azerbaal. Au matin, des litières vinrent nous chercher
pour nous conduire à la curia Hostilia, lieu habituel des délibérations du
Sénat où l’on nous fit attendre dans une vaste salle en nous servant des
rafraîchissements.
    De cet
endroit, je pouvais entendre distinctement les propos échangés par les
sénateurs. J’avais soigneusement caché à mon hôte que je comprenais sa langue.
Nous nous entretenions en grec qu’Azerbaal, lui aussi, parlait couramment. Les
paroles qui parvinrent à mes oreilles sont restées gravées dans ma mémoire.
Nous étions arrivés alors que Marcus Porcius Caton terminait son discours en
martelant cette phrase : « Encore une fois, je vous le dis et le
redis, illustres Pères conscrits, tous nos problèmes trouveront une solution si
vous parvenez à vous convaincre de cette évidence : Carthage doit être
détruite ! »
    Nul
applaudissement ne salua sa péroraison mais un rire strident attira mon
attention. Le nouvel orateur – j’appris plus tard qu’il s’agissait de
Publius

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