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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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petites gens.
    Cela voulait dire laisser un homme toucher ses seins en sentant son souffle court dans son cou et son érection contre son ventre. Germaine se faisait parfois l'impression d'être à la pêche: les seins étaient les appas, mais elle attendrait que la prise ait avalé l'hameçon conjugal et une partie de la ligne-avant d'aller plus loin. Le tout pour elle était de savoir si Renaud avalerait quoi que ce soit. Si son compagnon était à la recherche d'une maîtresse pour contrer son ennui, ses dernières précisions le feraient disparaître de sa vie aussi vite qu'il y était venu. Il recula en murmurant :
    —    Je m'excuse. Je comprends.
    Il la prit par le bras pour se diriger dans les sous-bois.
    Ils marchèrent en silence dans la pénombre, leurs pas ne faisant aucun bruit sur l'herbe mouillée. En restant sous les arbres, ils risquaient bien de troubler d'autres tête-à-tête amoureux. Ils se retrouvèrent brusquement devant deux personnes, l'une debout, l'autre à genoux devant elle. Renaud, devina sans aucune difficulté l'activité en cours. Il se demanda si cela était aussi limpide pour Germaine, car c'était le genre de pratique qu'il aurait bien apprécié de sa part.
    —    Excusez-nous, prononça-t-il un peu trop fort pour le silence ambiant.
    Les deux hommes sursautèrent et se tournèrent vers eux. Cette fois, Germaine se rendit bien compte de la situation. Renaud eut la surprise de reconnaître l'homme qui se tenait debout. C'était Jean-Jacques Marceau. Son étudiant l'identifia aussi. Quant à l'homme à genoux, c'était un respectable quinquagénaire, très bien vêtu. Il rejoindrait sans doute sa femme et ses enfants dans quelques minutes.
    —    Excusez-nous, répéta Renaud.
    Il entraîna sa compagne vers les sentiers pavés.
    —J'en avais entendu parler, murmura Germaine, mais je ne le croyais pas.
    Cela pouvait très bien exprimer son incrédulité à propos de la fellation. Renaud demanda :
    —    De quoi avais-tu entendu parler ?
    —    Des jeunes de la Basse-Ville venant dans ce parc pour faire cela avec de vieux cochons de la Haute-Ville, contre de l'argent.
    Si les jeunes filles et les vieux messieurs peuplaient de nombreux discours, songea Renaud, les toilettes publiques s'encombraient d'adolescents, la casquette de travers, l'œil égrillard, qui regardaient les hommes en se passant la langue sur les lèvres. Il en allait de même dans les parcs.
    —    Celui-là n'est pas venu de la Basse-Ville. Quant à recevoir de l'argent pour ses largesses, là je ne sais pas.
    —    Tu le connais ?
    Il y avait dans sa voix un mélange de surprise et d'inquiétude.
    —    C'est l'un de mes étudiants, se sentit-il obligé de préciser pour ne pas laisser de doute dans son esprit.
    Pourtant, dans l'état où elle le laissait, elle n'aurait pas dû se faire de souci à ce propos.
    Ce soir-là, malgré que Renaud ait tenté d'y mettre la même gentillesse que d'habitude, les derniers baisers se firent moins enthousiastes. A dix heures à peine, ils se quittèrent. De retour à son appartement, il venait tout juste d'enlever sa cravate quand le téléphone sonna. Il devina tout de suite qui était au bout du fil.
    —    Monsieur Daigle, il y a bien une dizaine de fois que j'essaie de vous joindre aujourd'hui.
    Elle devait avoir essayé deux ou trois fois, tout au plus.
    —    Je dois aussi consacrer quelques heures aux travaux que votre père m'a confiés, plaida-t-il.
    —    Je sais bien, il m'a dit vous avoir croisé à la bibliothèque de l'Assemblée législative. Vous aurez tout de même quelques heures à me consacrer demain ?
    Cette combinaison des formes interrogative et affirmative lui indiquait la réponse attendue. Il acquiesça donc. C'est ainsi qu'il pourrait explorer de nombreux salons de lu Haute-Ville.

Chapitre 13
    Il se retrouva avec elle le lendemain après-midi. Élise avait insisté pour que ce soit avec ses médailles, se désolant même de ne pas le voir revêtu de son uniforme pour un travail d'élection. Aller jusque-là paraissait exagéré à l'ancien officier.
    Renaud lui était utile de diverses manières. D'abord, à titre de chauffeur, bien qu'elle aurait pu recourir à celui de son père. Ensuite, il ne fut pas long à apprendre que des femmes faisant du porte-à-porte, même à deux, s'attiraient des propositions scabreuses de la part des hommes se trouvant à la maison. Bien sûr, les visites de la journée

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