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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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coup de dé, pas à une intervention providentielle.
    —    Tu ne peux pas savoir comme j'ai envie de me reposer.
    Maintenant, je ne vais plus penser à elle, c'est à ton tour de te torturer.
    C'était une façon de le congédier. Le vieil homme brûlait ses dernières forces. Le visiteur se leva pour partir. Il l'entendit encore lui dire :
    —    C'est une chance, tu as apporté du gin, plutôt que du whisky. La couleur de l'eau. Tu vois la carafe? Tu vas vider l'eau qu'il y a dedans, mettre le gin à la place, et rapporter ta bouteille vide. Comme cela, je ne risque pas d'être enterré de l'autre côté de la clôture, si je meurs ce soir. Tu vas aussi rincer les verres et apporter une tasse, une grande.
    Renaud fit scrupuleusement comme on lui disait. Un opiacé comme le laudanum ferait tout de même mieux l'affaire, tout en étant moins bon, bien sûr. Il emplit à demi une grande tasse, tout en souhaitant que le vieil homme puisse avoir la force de manipuler la carafe.
    —    Va-t'en, maintenant.
    L'homme de la Haute-Ville plaça sa main sur celle du vieux gardien de parc et la tint un long moment. Puis il sortit sans un mot. A l'heure du souper, Gauthier serait mort. Une voisine - l'une de ces vieilles qui s'occupaient de lui- lui fermerait les yeux, demanderait du balcon que quelqu'un appelle le curé. Elle ramasserait la carafe où il ne resterait plus une goutte, l'urinoir à demi plein, et laverait le tout.
    Noël et le jour de l'An à La Malbaie avaient été pénibles pour la jeune Irlandaise. Moins que si elle était restée à Québec chez sa tante malade, mais tout juste. Élise avait été d'une humeur massacrante... c'est-à-dire, pour une personne si bien élevée, d'une politesse un peu froide. Comme elle savait maîtriser ses émotions, pensa Helen. Bien sûr, la vieille fille lui en voulait d'avoir utilisé Renaud Daigle pour harponner Henri. Si sa rancœur se justifiait, l'invitée n'allait pas la laisser ruiner ses fêtes. Elle la traîna dehors, littéralement, pour lui rappeler lui avoir demandé en termes très clairs s'il y avait quelque chose entre eux. Elle lui précisa avoir pris la même précaution avec Renaud. L'homme avait dit non lui aussi. «Voilà, vous m'avez menti tous les deux. Maintenant, préfères-tu que je prenne immédiatement le train pour retourner à Québec ? » demanda-t-elle.
    A la fin, ce fut Elise qui s'excusa de lui avoir fait mauvaise mine.
    Les parents Trudel ne se révélèrent pas beaucoup plus amusants que leur fille, au début. Quelle contenance adopter avec la personne qui leur faisait perdre un gendre? D'un autre côté, elle s'appliquait tellement bien à devenir leur bru ! Ils conclurent finalement que cela était bien dommage pour Élise, mais leur fils devait se caser au plus tôt s'il voulait avoir tous les atouts en main pour les élections provinciales de 1928. Au sein du Parti, des éminences grises planifiaient depuis longtemps son entrée en scène, dans un peu plus de deux ans. Avec un peu de chance, le mariage aurait lieu à l'été. Helen, si jolie, paraîtrait merveilleusement bien au bras du candidat, un bébé posé sur une hanche, un autre en route dans le ventre. Dommage si la fille de la maison restait sans époux mais, après tout, ses parents lui laisseraient suffisamment à leur mort pour la mettre à l'abri du besoin.
    Le 28 décembre, le couple Trudel avait tiré ses plans et traitait Helen comme sa future bru. La brunette fit si bien, surtout au moment de demander à un Antoine Trudel ému jusqu'aux larmes de lui donner sa bénédiction paternelle au matin du jour de l'An, car elle était seule dans la vie, qu'elle commença l'année comme un membre de la famille. En plus, il n'y avait pas un gramme de calcul là-dedans ! Elle était née adorable et avec des yeux bleus : cela lui venait naturellement. Même Élise se prit à l'aimer, tout en regrettant que Renaud ait posé les yeux sur elle dès son retour au pays.
    Le 2 janvier au matin, quand Henri proposa de la raccompagner à Québec, madame Trudel ne pensa même pas à mal. Quand Helen évoqua devant elle la possibilité de s'arrêter à la maison de Château-Richer afin de s'assurer que tout était en ordre, elle rougit mais ne prononça pas un mot. Le jeune couple serait seul dans une grande maison vide !
    Cette suite d'événements les avait conduits dans la petite chambre. Elle avait eu un moment d'angoisse. Le sexe de son compagnon s'entêtait à pointer

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